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Enseignement de l’économie : « Il faut se confronter à la réalité sociale » -Lucie Delaporte, Médiapart, 10 juin 2014
mercredi 11 juin 2014, par
L’historien et économiste Pierre-Cyrille Hautcœur vient de rendre un rapport à Geneviève Fioraso sur l’enseignement de l’économie à l’université. Faisant le constat d’une discipline trop souvent autiste, il défend un ancrage de l’économie dans les sciences humaines et sociales mais se prononce contre la création d’une nouvelle section réclamée par les économistes hétérodoxes.
L’enseignement de l’économie à l’université est sous le feu des critiques depuis de nombreuses années. Trop abstrait, trop formel, il est accusé de s’être peu à peu déconnecté de la réalité par la prééminence de la statistique et des mathématiques. La crise de 2008, que bien peu d’économistes ont vu venir, a aussi révélé l’homogénéité au sein de l’institution où la domination des économistes néoclassiques menace à terme tout pluralisme. L’AFEP (Association française d’économie politique), qui a minutieusement enquêté sur les mécanismes de reproduction au sein du corps des enseignants-chercheurs, a ainsi conduit l’association à réclamer la création d’une nouvelle section au Conseil national des universités (CNU). Baptisée « économie et société », elle permettrait d’accueillir des courants – institutionnalistes, conventionnalistes, régulationnistes, etc. – aujourd’hui totalement marginalisés.
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En juillet dernier, Geneviève Fioraso a chargé l’économiste et historien Pierre-Cyrille Hautcœur de rédiger un rapport pour « analyser la situation actuelle de la filière sciences économiques, tant sur le plan de la recherche, dans une logique interdisciplinaire, que de la formation et de l’insertion professionnelle des étudiants ». Le président de l’EHESS devait, selon la lettre de mission adressée à la ministre, également proposer des pistes pour « maintenir ou même enrichir la diversité des options théoriques et des méthodes ».
Pierre-Cyrille Hautcœur, qui a rendu jeudi dernier son rapport (à consulter ici) à la secrétaire d’État, détaille pour Mediapart les grands axes de celui-ci, qui défend un enseignement de l’économie beaucoup plus ancré dans les sciences sociales. Il explique aussi pourquoi la création d’une nouvelle section au CNU est une fausse bonne idée. Une idée encore défendue par certains membres de sa commission (on pourra lire ici le rapport alternatif de Philippe Frémeaux, Gérard Grosse et Aurore Lalucq) et qu’avait aussi soutenue Benoît Hamon lorsqu’il était encore ministre de l’économie solidaire…
La demande d’un autre enseignement des sciences économiques à l’université s’exprime avec force depuis plusieurs années. Que propose votre rapport pour réformer des filières qui peinent de plus en plus à attirer les étudiants ?
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