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Appel à une Marche de la science sur Paris - Sylvestre Huet - 23 juin 2014
lundi 23 juin 2014, par
Une "Marche" sur Paris, visant directement François Hollande et l’Elysée et destinée à appuyer la demande expresse du Comité national de la Recherche Scientifique (CNRS) faite au gouvernement de changer de politique pour la recherche publique et notamment d’y créer des milliers d’emplois d’ingénieurs, de techniciens et de chercheurs, s’organise pour l’automne.
C’est l’Appel lancé ce week-end par un groupe de scientifiques de Montpellier, une des villes universitaires et de recherche où le recours à des centaines de CDD pour faire fonctionner les laboratoires et les infrastructures de recherche est le plus vif. Il reprend les termes et la démarche de l’appel du CoNRS lors de sa réunion plénière exceptionnelle le 11 juin. Les suites de cet appel sont présentées sur ce site web, il a notamment donné lieu à des réunions organisées dans les laboratoires et les universités.
Les organisateurs de cette marche visent la période du 27 septembre au 19 octobre, lorsque se tiendra la fête annuelle de la science. Un calendrier qui devrait leur permettre de mobiliser dans les laboratoires et les universités, et susceptible de déboucher sur une décision parlementaire lors de la session d’automne de l’Assemblée Nationale si la pression est assez forte.
Les animateurs de cette initiative ne cachent pas qu’ils comptent sur une reprise de leurs propositions d’actions par les groupes de précaires qui se sont organisés ces dernières années, par les associations de jeunes scientifiques, les syndicats et associations comme SLR et SLU. Mais aussi sur les cadres de la recherche et notamment les directeurs de laboratoire.
Voici cet Appel :
Une société d’une complexité sans précédent mais des sciences délaissées.
L’enseignement supérieur et la recherche (ESR) sont dans une crise profonde. Pourtant notre société, de plus en plus complexe, n’a jamais tant eu besoin de nos capacités de compréhension, d’analyse, de conseil et d’innovation. Alors que la crise économique actuelle devrait conduire à un soutien renforcé à l’ESR, les responsables politiques s’en servent pour justifier le déclin qu’ils nous imposent, résultat de leur inculture scientifique et de leur incapacité à appréhender des enjeux complexes. Dans les labos, les départements, la situation devient intenable. Beaucoup de chercheurs n’ont plus les moyens de travailler efficacement. La généralisation des CDDs à court terme, alliée à la faiblesse des débouchés industriels dans de nombreuses disciplines, détourne les jeunes des formations et des métiers de la recherche. Or il faut de nombreuses années pour former à l’esprit et à la méthode scientifiques. La situation actuelle est lourde de conséquences à long terme, que ce soit sur nos métiers, sur la production de connaissances, sur l’activité économique du pays dans un contexte international très compétitif et plus largement, sur la culture démocratique qu’entretient l’esprit critique développé par la recherche.
Trois mesures sont nécessaires pour inverser la tendance : 1) mettre en œuvre un plan pluriannuel ambitieux pour l’emploi statutaire à tous les niveaux de l’ESR, 2) renforcer les crédits de base des laboratoires et des universités, 3) Reconnaître le doctorat dans les conventions collectives. Faciliter l’emploi des docteurs, et la diffusion de la culture scientifique, dans les entreprises et la haute fonction publique.
Ces mesures font consensus dans la communauté scientifique. Une profonde redéfinition du contour, des missions et des conditions d’attribution de l’inefficace (Le rapport de la Cour des Comptes) Crédit Impôt Recherche (CIR), permettrait de les financer (une petite fraction du CIR = des milliers d’emplois dans l’ESR). Cette réforme doit se faire en concertation avec les entreprises innovantes.
Il est temps pour nous, acteurs de la recherche, de nous mobiliser et d’obtenir les moyens de remplir pleinement notre mission Pour nous faire entendre du gouvernement, nous devons convaincre le public que l’ESR joue un rôle important à la fois dans l’activité économique et dans la réflexion politique de notre pays. Il doit être soutenu. Cette action pédagogique, à destination du grand public, doit s’inscrire dans la durée. Il faut donner à nos concitoyens le temps de comprendre pourquoi nous réagissons. La mobilisation doit rassembler universitaires, chercheurs du public et du privé, et entreprises innovantes.
Les chemins de Paris, à vélo et à pied
Nous proposons l’organisation d’une grande marche convergeant sur Paris à l’occasion de la fête de la science, du 27 septembre au 19 octobre 2014. Elle impliquera chaque laboratoire et université, chacun participant à la mesure de ses possibilités.
Concrètement, le trajet se fera principalement à vélo sur des chemins convergents en flux, les dernières étapes à pied pour faciliter la participation du public et une entrée remarquée dans Paris. Chaque étape aura lieu, dans la mesure du possible, dans une ville universitaire et sera associée à des points presse, des conférences grand public, des animations scientifiques permettant d’expliquer notre travail et notre rôle dans la société. Les animations de la fête de la science assureront la présence du public, dont la mobilisation pourra être renforcée au travers des réseaux sociaux.
Enfin, il est important que le public se sente aussi acteur du mouvement, en venant sur le passage des relayeurs, mais aussi en participant à l’organisation logistique du mouvement, par solidarité. Cela peut par exemple inclure l’hébergement et le convoyage de relayeurs/euses, le port de badge ou vêtements à notre logo, etc.
Comment participer ?
Plusieurs niveaux de participation sont possibles. Nous serons nombreux à rouler ou marcher, un jour, une semaine ou plus. Chacun peut aussi participer à l’organisation de l’évènement, par exemple en constituant des comités locaux d’organisation dans chaque étape. Pour présenter une argumentation solide lors des débats, il faudra aussi collecter et analyser les chiffres de l’état et de la contribution de l’ESR à l’activité économique en France. Et peut\être aussi réaliser de courtes vidéos pour illustrer la contribution à la société de toutes les sciences fondamentales, appliquées et industrielles, et pour montrer la réalité des métiers de la recherche. Laissons éclater notre imagination, suggérons des actions, et tous ensemble nous aurons des ailes
Vous pourrez vous inscrire à partir du lundi 23 juin sur le site web de Sciences en marche, et nous suivre sur Twitter (@SciencesEnMarche) et Facebook.
Vous pouvez aussi nous contacter directement par mail le Comité d’organisation de Sciences en Marche à contact@sciencesenmarche.org à Montpellier (Solange Desagher, Frédérique Brockly, Olivier Coux, Guillaume Bossis, Laurent Villegier, Patrick Lemaire, Stéphan Mora).