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Polytechnique : l’Etat accusé de manquer de vision stratégique - Marie-Christine Corbier, Les Echos, 30 septembre 2014
mardi 30 septembre 2014, par
François Cornut-Gentille avait initié son contrôle sur Polytechnique fin 2013 autour de la question de la « pantoufle ». Celle-ci correspond à « 31.000 euros octroyés aux élèves pour leurs études », indiquait le député à « Ouest-France » la semaine dernière. « Ils sont censés les rembourser s’ils ne s’engagent pas ensuite au service de l’Etat pendant dix ans après l’école. Or, depuis 2000, il suffit d’enchaîner avec un doctorat pour ne rien rembourser », dénonce-t-il. « Le dossier traîne depuis quinze ans, ce qui n’est pas très professionnel », ajoute le député.
Pour François Cornut-Gentille, la « pépite » n’est « pas si bien utilisée qu’on le pourrait ».
C’est un rapport sur la prestigieuse Ecole polytechnique dont tout le monde parle, mais que personne n’a lu. Et pour cause : son auteur, le député UMP (Haute-Marne) François Cornut-Gentille, rapporteur spécial des programmes de la Direction générale de l’armement (DGA) - tutelle de l’Ecole -, ne le publiera que cet après-midi, lors de son examen par la commission des Finances de l’Assemblée. Le document - intitulé « Polytechnique : l’X dans l’inconnu » - met en ébullition l’Ecole, ses anciens élèves et sa tutelle, qui n’ont pas eu accès au rapport, sur lequel ils ont été auditionnés. L’interview de François Cornut-Gentille dans « Ouest- France » sur une Ecole qui serait en panne de stratégie fait craindre à certains « le mauvais buzz d’un rapport à charge ». Le député évoque, lui, « des pressions » de la part de l’Ecole, des anciens élèves et du ministère de la Défense.
Des propos qui dérangent
Les propos agacent : « L’Ecole a entamé une réforme du dispositif de la pantoufle dès 2012, avant que François Cornut-Gentille ne s’empare du sujet », indique un bon connaisseur du dossier, qui assure qu’un décret finalisant la réforme a été approuvé le 23 septembre en réunion interministérielle et qu’il est sur le point d’être publié.
L’Ecole est aussi, selon François Cornut-Gentille, en panne de stratégie. Contacté à plusieurs reprises durant son contrôle sur l’Ecole, le député estimait que « la pépite » qu’est Polytechnique n’est « pas si bien utilisée qu’on le pourrait ». « On a de très bons officiers, mais on n’a pas de général et pas de stratégie », confiait-il aux « Echos » il y a quelques mois, regrettant que « la commande de l’Etat ne soit pas claire », alors que Polytechnique « doit former les forces spéciales de la mondialisation ».
Polytechnique attend d’avoir vu le rapport avant de s’exprimer. Mais, dès décembre 2013, son président, Jacques Biot, avait répondu en filigrane aux interrogations du député, en vantant une stratégie d’ « ouverture » avec des « alliances stratégiques » à l’international, correspondant à « une commande très claire de l’Etat ».
Invitant Jacques Biot à dîner en décembre 2013, François Cornut-Gentille confiait alors lui avoir dit : « On va se mêler de vos affaires, pas pour vous enquiquiner, mais pour vous aider à bouger. » Vu la colère que les conditions de la sortie du rapport provoquent au plus haut niveau de l’Ecole, la remise à plat souhaitée par le député démarre mal.