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Éducation nationale : le casse-tête du recrutement - Caroline Beyer, Le Figaro, 30 octobre 2014
vendredi 31 octobre 2014, par
60.000 postes dans l’Éducation nationale. La promesse de François Hollande pendant la campagne de 2012. Une promesse qui a du plomb dans l’aile. Car le métier d’enseignant, à l’image dévalorisée, n’attire plus les étudiants.
Depuis le début du quinquennat Hollande, plus de 22.200 postes (1) ont été créés dans l’Éducation nationale. Quelque 9500 sont programmés au budget 2015. Il n’en restera donc « plus » que 22 300, les deux années suivantes, pour parvenir aux fameux 54.000 postes annoncés (2).
Mais, depuis 2012, l’éclatante promesse de campagne de François Hollande a du plomb dans l’aile. Dénoncés comme une « folie » et un choix purement « quantitatif » par la droite - laquelle avait fait le choix pendant le mandat de Nicolas Sarkozy de supprimer 80.000 postes, avec le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux -, ces créations de postes ont suscité des critiques au-delà des clivages traditionnels. « L’Éducation nationale ne souffre pas d’un manque de moyens ou d’un nombre trop faible d’enseignants, mais d’une utilisation défaillante des moyens existants », pointait avec fracas la Cour des comptes en mai 2013, soulignant que les professeurs pesaient lourd dans les comptes publics (17 % du budget de l’État en 2011). Entre autres propositions chocs, les magistrats de la rue Cambon proposaient d’annualiser les emplois du temps des enseignants, soumis jusqu’alors à une logique hebdomadaire.
Plus récemment, c’est le think tank Terra Nova, proche du PS, qui passait à l’attaque, critiquant le choix de consacrer la moitié de ces postes à la formation en alternance des enseignants stagiaires, au sein des nouvelles écoles supérieures du professorat et de l’éducation (Espé) qui ont succédé en 2013 aux IUFM. « Sans efficacité sur l’amélioration de notre système éducatif, (ce choix) réduit considérablement les marges de manœuvre budgétaires », estimait Terra Nova, décrivant une formation continue « réduite à peau de chagrin ».
Pas de revalorisation salariale
À la rentrée dernière, les moyens supplémentaires dégagés ont été absorbés par cette réorganisation de la formation des enseignants ainsi que par la croissance démographique des élèves. L’amélioration des conditions de travail a été peu perceptible sur le terrain. Faute de revalorisation salariale - impossible en effet de créer des postes tout en augmentant les fonctionnaires - le métier souffre d’un manque d’attractivité et de reconnaissance sociale. L’Éducation nationale est confrontée à une véritable crise du recrutement, comme en témoignent les résultats aux concours 2014. Le concours de professeurs des écoles, pourtant épargné jusqu’alors, n’a pas fait le plein dans toutes les académies, notamment à Créteil. Cas particulier, mais préoccupant, la Seine-Saint-Denis a eu recours au recrutement de 300 contractuels lors de cette rentrée. Dans le second degré, plus de 12 % des postes n’ont pas été pourvus au Capes. Une proportion qui atteint 33 % en mathématiques. Peu étonnant au vu des carrières qui s’offrent aux titulaires d’un master en maths, autrement plus rémunératrices que « le plus beau métier du monde ». Un enseignant stagiaire débute, lui, à 1600 euros net. À la session 2014, des postes sont également restés vacants en lettres classiques (17 %). En 2015, le ministère a ouvert 25.000 postes aux concours. Puis, en 2016 et 2017, pas moins de 53.000 seront proposés. Feront-ils le plein ?
(1) Équivalent temps plein (ETP).
(2) Les 60.000 postes couvrent aussi l’enseignement supérieur et agricole.