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Gare au fossé secondaire-supérieur - Emmanuel Davidenkoff, Express-Education, 28 novembre 2014
samedi 29 novembre 2014, par
Arrivés dans le supérieur, les bacheliers sont déstabilisés, voire réticents à entrer dans les savoirs autrement qu’en s’installant sur un banc d’amphi. On continue à faire comme si une pédagogie issue de l’imprimé pouvait répondre aux défis du numérique.
Des bibliothèques universitaires qui se réinventent en "learning centers", avec profusion d’écrans et d’espaces de travail en commun, pour apprendre, chercher ou entreprendre, comme à Lille 1 ou Panthéon-Assas. Des salles de cours qui se reconfigurent en "learning labs", modulables, avec murs Velleda et écrans tactiles, comme à Lyon, à Centrale, à l’EM, et dans nombre d’écoles de commerce. Des "fab labs" qui s’inscrivent en tête de liste des investissements des écoles d’ingénieurs, avec modélisation et impression 3D en libre accès.
Des bibliothèques universitaires qui se réinventent en "learning centers", avec profusion d’écrans et d’espaces de travail en commun, pour apprendre, chercher ou entreprendre, comme à Lille 1 ou Panthéon-Assas. Des salles de cours qui se reconfigurent en "learning labs", modulables, avec murs Velleda et écrans tactiles, comme à Lyon, à Centrale, à l’EM, et dans nombre d’écoles de commerce. Des "fab labs" qui s’inscrivent en tête de liste des investissements des écoles d’ingénieurs, avec modélisation et impression 3D en libre accès.
Des campus privés novateurs réunissant technologie, art et management, avec incubateurs de start-up et, là encore, espaces collaboratifs à tous les étages, comme le Campus Cluster Paris Innovation, et son Innovation Factory, récemment inauguré dans le XIIIe arrondissement de la capitale, ou le Campus numérique et créatif que le groupe Ionis ouvrira en 2015 dans le XIe arrondissement...
L’inventaire pourrait occuper plusieurs pages, tant l’enseignement supérieur fourmille de projets pour former les générations à venir au monde qui s’annonce. Au coeur des réflexions, on trouve le souci d’armer les étudiants de savoirs et de compétences qui ne seront pas balayés par les progrès exponentiels de l’intelligence artificielle. Mais il s’agit aussi de casser les murs entre les disciplines pour mettre en commun les savoirs, de libérer l’imagination afin de répondre à des questions qui, pour l’heure, ne sont pas toutes clairement formulées, donc d’accompagner une rupture culturelle que les historiens compareront à celle qui suivit l’invention de l’imprimerie.
Un hiatus croissant entre enseignements scolaire et supérieur
Et pourtant. Tous ceux qui mettent en oeuvre ces approches constatent que les bacheliers qui arrivent dans leurs écoles et universités sont, au moins dans un premier temps, profondément déstabilisés, voire réticents à entrer dans les savoirs autrement qu’en s’installant (plus ou moins) sagement sur un banc d’amphi pour écouter (plus ou moins) attentivement un enseignant délivrant des connaissances ex cathedra.
Réacs, les jeunes ? Pas plus que leurs aînés. Mais conditionnés par douze années d’un enseignement scolaire qui, à quelques exceptions près, continue à faire comme si des programmes et une pédagogie issus de la civilisation de l’imprimé pouvaient répondre aux défis de la civilisation du numérique et des biotechnologies.
Chaque jour, ce hiatus croissant entre enseignements scolaire et supérieur fait craindre que la France passe à côté d’une révolution qu’elle a pourtant identifiée et qu’elle est capable de penser -elle en a le potentiel scientifique, technologique, entrepreneurial, mais aussi juridique, artistique, éthique et philosophique. Puisse l’Education nationale s’en convaincre rapidement.