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Les patrons des universités sont encore des hommes ! - Véronique Soulé, blog "C’est classe !", Libération, 18 décembre 2014
vendredi 19 décembre 2014, par
C’était couru d’avance. Et ça n’a pas raté. Le trio à la tête des présidents d’université a été réélu aujourd’hui pour deux ans : que des hommes ! Interrogé en 2012, Jean-Loup Salzmann, le numéro un, avait répondu que des femmes candidates à ce poste, ça n’était pas facile à trouver. Deux ans plus tard, c’est toujours aussi difficile. Ou peut-être n’a-t-on pas bien cherché...
A lire sur le site de Libération.
Dans un lieu aussi éclairé que l’université, qui plus est plutôt à gauche, la parité stagne, voire régresse depuis quelques années. Jusqu’à l’élection de 2012, les équipes à la tête de la CPU (la Conférence des présidents d’université) faisaient en effet une place aux femmes - enfin une petite. Sur les trois membres du bureau, il y en avait une. La prééminence masculine subsistait – ne rêvons pas….-, mais elle était quand même un peu écornée.
Trop, c’est trop ! Les yeux fermés, j’aurais voté pour la liste concurrente. Sur ses trois membres, elle compte deux femmes : la présidente de l’université de Montpellier-III Anne Fraïsse et celle de Paris-VIII Danielle Tartakowsky, associées au président de l’université du Maine Rachid El Guerjouma.
Comme quoi, quand on cherche des femmes, on en trouve…. Et ça ne doit pas être si difficile. La CPU compte près d’une centaine de membres : les directeurs et directrices, présidents et présidentes des universités, des écoles normales supérieures et des grands établissements. Les femmes y sont minoritaires – les derniers scrutins ont même marqué un recul à la tête des universités. Mais certaines nourrissent bien quelques ambitions.
Une consolation : le score de la liste mixte d’Anne Fraïsse est plus qu’honorable. Elle a remporté 32 voix, contre 55 pour la liste mâle de Jean-Loup Salzmann, président sortant de la CPU, à la tête de Paris-XIII. Ses deux acolytes - le président de l’université de la Rochelle Gérard Banchard et celui de Saint Etienne Khaled Bouabdallah - ont été reconduits comme vice-présidents de la CPU.
Il faut ajouter que le viril trio a bénéficié d’un sacré coup de pouce, sonnant et trébuchant, du président Hollande. Alors que la grogne montait dans les universités pour protester contre les coupes dans des budgets déjà maigrelets, le chef l’Etat a annoncé, le 13 décembre, le déblocage de 70 millions d’euros, soit une partie des sommes amputées. A cinq jours d’un scrutin, ça aide…
La liste emmenée par Anne Fraïsse reprochait à l’équipe sortante de trop coller à la politique du gouvernement et de ne pas se faire suffisamment entendre, notamment pour exiger davantage de financements. Elle refusait de « gérer la survie des universités, avec le ministère ».
En face, l’équipe sortante mettait en avant « son souci de cohésion et d’efficacité ». En ces temps de changements, écrivait-elle dans sa profession de foi électorale, « les rapports avec les pouvoirs publics demandent de la fermeté, de l’expertise, de l’habileté et de la crédibilité dans l’action et la négociation ».
A la mi novembre, l’Agence universitaire de la francophonie a organisé à Dakar un intéressant colloque sur le thème : « Femmes universitaires, femmes de pouvoir ? ». Les participantes, essentiellement des universitaires issues de plusieurs pays d’Afrique, ont dressé un état des lieux assez déprimant - des hommes présidents et recteurs, et qui ne sont pas prêts à céder la place, des femmes maîtresses de conférences et chargées de TD... Une chose est sûre : en France, on n’a aucune leçon à donner.