Accueil > Communiqués et textes des syndicats, coordinations, associations, sociétés (...) > L’ivresse du pouvoir du bureau de la CPU - Communiqué du Snesup-FSU, 14 (...)
L’ivresse du pouvoir du bureau de la CPU - Communiqué du Snesup-FSU, 14 janvier 2015
jeudi 15 janvier 2015
Outrepassant sa fonction, octroyée par la LRU mais contestée par le SNESUP-FSU, de représentant des établissements, la CPU, lors d’une première salve le 11 décembre 2014, avait demandé la suppression de la qualification des enseignants-chercheurs par le Conseil National des Universités et avait proposé un processus de recrutement exclusivement local, contrôlé par les directeurs de laboratoires et d’UFR. En souhaitant une révision locale des « référentiels horaires et une mise en cause des statuts « quant à la durée et au calcul du temps de travail », la CPU s’était inscrite dans le droit fil de la modulation des services et prônait le renforcement de l’autonomie instaurée par la loi LRU et confortée par la loi ESR.
Le SNESUP-FSU avait alors rappelé son opposition résolue à ces deux propositions et à l’évolution qu’elles supposent.
Ce renforcement est l’objet de la deuxième salve, tirée par le bureau de la CPU, qui propose, selon une dépêche AEF du 12 janvier, de compléter l’arsenal contre le statut des enseignants-chercheurs en prônant de "couper le cordon" avec le ministère et ses directions générales et de faire de la direction générale des ressources humaines (DGRH) un simple service de la direction générale de l’enseignement supérieur et de l’ insertion professionnelle (DGESIP).
C’est l’autonomie « acte 2 », qui vise à pousser encore plus loin les présidents d’université dans le rôle d’employeurs des enseignants-chercheurs. Le SNESUP-FSU rappelle que le ministère de l’éducation nationale de l’enseignement supérieur et de la recherche est le seul employeur des enseignants-chercheurs, fonctionnaires d’Etat et qu’il doit assumer pleinement cette responsabilité.
En outre le bureau de la CPU veut encore augmenter l’autonomie budgétaire des universités et s’insurge contre le "contrôle tatillon [1]" en argumentant que « l’État n’a pas les moyens de contrôler les budgets des universités » puisqu’il ne « dispose que de 35 ETPT dans l’ensemble des rectorats, quand toutes les universités réunies ont un bon millier de personnes dédiées à la fonction budgétaire ! ». Au passage on notera le coût délirant de la loi LRU et des RCE, chiffré à plusieurs milliers de personnes dédiées à la fonction budgétaire, alors même que les services des universités directement liés aux missions fondamentales de l’université (scolarités et laboratoires notamment) souffrent d’un manque patent de personnels BIATSS, souvent reversés vers les fonctions administratives et budgétaires.
Le rêve de transformer les enseignants-chercheurs en employés locaux multifonctions au gré des « stratégies d’établissements », rendant secondaires, voire facultatives, les deux missions fondamentales et conjointes d’enseignement et de recherche, pourrait ainsi devenir réalité.
Le SNESUP-FSU s’oppose fermement à ces projets, par lesquels la CPU voudrait en finir définitivement avec le statut national des enseignants-chercheurs, garant de l’indépendance des enseignants-chercheurs, de leur liberté pédagogique et de leur liberté de recherche. Le SNESUP-FSU mettra tous les moyens en œuvre pour faire obstacle à ces projets destructeurs.
Le SNESUP-FSU appelle les collègues et les élus dans les conseils d’établissements à exprimer leur opposition à ces demandes de la CPU, et à exiger des débats et des décisions collectives avant toute prise de position de leur président d’université sur toute question de cette importance.
[1] On notera la similitude avec le « contrôle tatillon du Crédit Impôt Recherche » dans le discours de Strasbourg de F. Hollande du 31 janvier 2014