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Un sociologue enseignant chercheur CGT de Paris 8 et un cheminot de Sud-rail en comparution immédiate - Communiqués et revue de presse, 30 avril 2016
samedi 30 avril 2016, par
(finalement libérés sous contrôle judiciaire, jugement en octobre)
Veut-on faire taire les syndicalistes Nicolas Jounin et Nicolas Palmire ?
Sylvie Ducatteau, L’Humanité, Vendredi, 29 Avril, 2016.
Arrêtés jeudi à Saint-Denis dans le cadre d’une manifestation contre la loi El Khomri, le sociologue, enseignant chercheur à l’université Paris 8 Nicolas Jounin et le cheminot Nicolas Palmire, tous deux syndicalistes et opposants à la loi El Khomri ont été jugés en comparution immédiate au tribunal de Bobigny ce vendredi : ils ont été libérés et placés sous contrôle judiciaire jusqu’à leur jugement, le 6 octobre 2016 .
Nicolas Palmire est mis en examen pour refus de prise d’empreintes ADN et détention d’une arme blanche, un couteau trouvé dans son sac. Nicolas Jounin devra répondre de violences en réunion sur un agent détenteur de l’autorité publique ayant subi une incapacité de travail d’une journée.
A leur sortie du Tribunal, Nicolas Jounin s’est fait porte parole de leur aventure commune en moquant sa nuit au dépôt « En pleine affaire Panama Papers je pensais rencontrer des personnalités de ce point de vue je suis déçu. Je n’y ai vu que la justice de classe. Je me réjouis que nous soyons tous les deux dehors. On veut nous diviser restons solidaire », a-t-il lancé aux participants au rassemblement de soutien organisé pendant l’audience, qui réunissait syndicalistes, cheminots, étudiants de l’enseignant-chercheur, collègues dont la sociologue Danièle Lienhart qui ne tarit pas d’éloge sur le jeune sociologue : « Il est intègre et en cohérence avec ses recherches, ses idées, ses actes. Je crois que tous deux sont victimes d’un excès, d’une bavure. La police les poursuit pour se dédouaner de les avoir frappé ».
Le réquisitoire du ministère public avait laissé craindre le pire pour Nicolas Jounin. La procureure demandait sa mise en détention provisoire évoquant le « contexte actuel » et « les risques de récidives alors que de nouvelles manifestations sont prévues ». Le tribunal ne l’a heureusement pas suivie . Son avocat, Raphaël Kempf avoue son trouble « Comment la justice peut-elle se permettre de faire reposer ses réquisitions sur un discours et des images médiatiques. On juge un individu, des actes et non un contexte actuel. Cela n’a aucun sens ».
Maitre Kempf a rappelé le tribunal à la réalité du dossier soumis à leur jugement « Nicolas Jounin conteste, avec raison, les violences qu’on lui impute. Un seul policier l’a reconnu, le seul à avoir été interrogé ». Il évoque la personnalité de l’accusé « un sociologue sérieux auteur de nombreux ouvrages », livrant au passage à la cour un message professionnel « Son travail porte sur les rapports entre la Seine-Saint-Densis et certains territoires parisiens. Cela pourrait vous intéresser ».
Les deux militants syndicaux ont été interpellés au cours d’une violente charge de police, hier matin, à proximité de la place du Carrefour Pleyel à Saint-Denis. Ils se rendaient en cortège à la Bourse du travail voisine pour participer à un rassemblement avant la manifestation parisienne et après un blocage filtrant du port de Gennevilliers, déjà violemment réprimé. Tous deux ont été blessés. Nicolas Palmire au visage. Nicolas Jounin a reçu un violent coup sur l’arrière du crâne le laissant confus durant plusieurs heures.
Vers 8h30, un dispositif policiers d’ampleur, renforcé par un hélicoptère était en place à la sortie de la station de métro contre ces quelques deux ou trois cents manifestants parmi lesquels, une sociologue, collègue de Nicolas Jounin qui raconte : « Les policiers étaient très nombreux. Ils nous ont dirigés vers une petite rue où ils nous ont pris en nasse. Là, tout à commencé. Ils nous ont gazé et nous avons été interpellés. Nicolas Palmire avait le visage en sang ». La jeune femme est au nombre des cent quarante manifestants conduits rue de l’évangile à Paris. Eux n’ont été retenus que le temps d’un contrôle d’identité.
Nicolas Palmire et Nicolas Jounin ont été conduits au commissariat de Saint-Denis. Leur garde à vue leur a été signifiée très rapidement. Ils ont été déférés jeudi à 19h30. Une manifestation, sous haute surveillance policière, a eu lieu en fin de journée, hier, au commissariat de Saint-Denis pour demander leur libération et la levée des poursuites policières.
Un sociologue en comparution immédiate
Joseph Confavreux, Mediapart, 29 avril 2016
Le sociologue Nicolas Jounin, un des jeunes penseurs les plus acérés du monde du travail et des modes de domination sociale, a été interpellé pendant la journée de manifestations contre la loi sur le travail, jeudi 28 avril. Placé en garde en vue, il a refusé ce vendredi après-midi un jugement en comparution immédiate et est ressorti libre sous contrôle judiciaire. Mediapart republie l’article qu’il avait consacré à son dernier ouvrage, Voyage de classes. Des étudiants de Seine-Saint-Denis enquêtent dans les beaux quartiers.
Jeudi 28 avril, jour de mobilisations et de grève, plusieurs centaines de manifestants et manifestantes, dont de nombreux étudiants, salariés et syndicalistes, ont bloqué le port de Gennevilliers dans le cadre du mouvement en cours contre le projet de loi sur le travail. Se rendant ensuite à la bourse du travail de Saint-Denis, les manifestants ont été encerclés par les forces de l’ordre, et 120 d’entre eux ont été interpellés.
Deux d’entre eux ont été placés en garde à vue avant de se retrouver en comparution immédiate pour « violences en réunion sur dépositaire de l’ordre public », ce vendredi 29 avril : un syndicaliste de Sud-Rail et un sociologue, enseignant-chercheur à l’université Vincennes-Saint-Denis (Paris 8) et syndiqué à la CGT, Nicolas Jounin. Ayant refusé le jugement en comparution immédiate, ils ont été libérés sous contrôle judiciaire, après que la procureure du tribunal de Bobigny a demandé en vain la mise en détention provisoire de Nicolas Jounin.
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