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Motion « Parcoursup »/ loi ORE - Assemblée UFR de Langues de Paris Nanterre 20 Février 2018.
mercredi 21 février 2018, par
Les collègues de l’UFR de langues de l’Université Paris Nanterre, réuni-e-s le 20 janvier 2018 en Assemblée Générale, déplorent la précipitation dans laquelle vient d’être adoptée la réforme de la procédure d’admission des bacheliers dans l’ES (dite « orientation et réussite des étudiants », ou « ORE », ou « Parcoursup »).
Le calendrier imposé a interdit toute discussion et élaboration commune dans les cadres de concertation réguliers de l’université. En outre, nous désapprouvons la méthode qui a consisté à nous contraindre à la mise en œuvre de dispositifs liés à une loi non-encore votée, méthode propre à induire confusion, rumeur, malentendu, et perte d’un temps déjà manquant.
Nous anticipons avec la plus grande inquiétude les mises en œuvre administratives et pédagogiques requises par la nouvelle loi. Dans les conditions singulièrement dégradées qui sont les nôtres depuis plusieurs années (manque de personnels, de temps, amoncellement des injonctions), l’annonce d’une « licence sur mesure », prenant « en compte le parcours et les aspirations de chaque étudiant » relève à la fois de la simple démagogie et de la surestimation erronée du recours aux « outils numériques » en substitut des personnels et des ressources matérielles d’ores et déjà cruellement manquants. Dans ces conditions, la promesse d’un étudiant « acteur de son propre enseignement » trahit une confusion fatale entre démarche autonome confiante et solitude numérique hors-sol.
En regard de la dépense fiscale annuelle au bénéfice des entreprises au titre du Crédit Impôt Recherche (CIR), par exemple (5,8 milliards dans le projet de loi de finances 2018), l’annonce d’un milliard pour l’université sur la durée du quinquennat ou de la construction de 60 000 logements étudiants, ne fait que documenter l’absence de toute volonté réelle d’améliorer substantiellement les conditions d’études et de travail dans les universités. Le Ministère persiste dans une erreur lamentable en continuant d’ignorer les découragements et les démissions induits par ces conditions que l’on préfère masquer derrière un problème d’orientation, autrement dit, de choix des lycéens eux-mêmes et de leur famille.
La loi ORE ne constitue en rien une réponse appropriée à l’accroissement continu de la population étudiante que l’on choisit maintenant d’exposer à un lacis de procédures et de démarches propres à induire anxiété et découragement. Sensibles aux enjeux et problèmes des inégalités scolaires et éducatives déjà existantes, nous déplorons la manière dont la loi ORE valide, institutionnalise, et par là même, renforce, ces inégalités : en demandant à des adolescents et à leur famille de se projeter, dès la fin du collège au moins, dans une démarche de CV et de recherche d’emploi en vue d’être un jour sélectionnés, la loi choisit d’ouvrir explicitement la voie aux disparités de ressources et de capital social et culturel. Qui peut prétendre ne pas voir que les lieux de scolarisation, les possibilités de choix d’options et la richesse des activités extrascolaires auront un impact décisif sur les conditions d’accès à l’ES ?
Nous réaffirmons notre adhésion au principe selon lequel le baccalauréat doit permettre à tout bachelier et bachelière d’étudier dans la formation universitaire de son choix. nous rappelons que les enjeux d’orientation dans le secondaire ne peuvent en aucune façon être substitués à ceux des conditions d’études dans le supérieur.
Nous demandons, par conséquent, le retrait de la loi ORE, précipitée, non-concertée, et aveugle aux priorités éducatives, sociales et citoyennes devant lesquelles l’université doit jouer son rôle crucial.
28 pour / 4 abst / 3 nppv