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CGT, Snesup et SUD claquent la porte au nez de la ministre - 29 mars 2018
samedi 31 mars 2018
Pour protester contre l’entêtement du gouvernement d’imposer la loi VIDAL ORE et la plateforme "Parcoursup", Le SNESUP-FSU, la CGT-FERCsup et SUD-éducation ont quitté la réunion de lancement de la concertation sur la reconnaissance des missions d’enseignement du 29/03/2018 après avoir lu leur déclaration liminaire commune (ci-dessous).
Le gouvernement doit entendre la colère et la mobilisation dans nos établissements, retirer la loi ORE et modifier la plateforme parcoursup afin de ne pas imposer la sélection des dossiers des bacheliers.
Madame la ministre, nous n’avons pas pour habitude de refuser de participer à des concertations quand vous nous y invitez. Le sujet du jour, la reconnaissance de l’engagement dans leur mission de formation des enseignants-chercheurs et des enseignants, constitue une question importante pour les collègues, à laquelle nous portons une grande attention.
Toutefois, Madame la ministre, les conditions ne sont pas réunies pour pouvoir discuter aujourd’hui. « Parcoursup » a été mis en place avant même que le cadre législatif ne l’autorise. La loi « Orientation et réussite des étudiants » (ORE) a été adoptée à marche forcée. La réforme du baccalauréat avance à grands pas. Vous avez refusé d’entendre l’opposition à vos plans émanant des organisations CGT FERC, FSU, FNEC FO, Sud Éducation, UNEF, Solidaires Etudiant.e.s, UNL, UNL SG...
Votre gouvernement porte donc la responsabilité de la mobilisation qui est entrain de se développer. Or dans de nombreux cas, la réponse de votre ministère ou des dirigeants d’établissement a été l’autoritarisme et des interventions policières sur les campus universitaires, comme ce fut le cas à Nantes, Bordeaux, Paris, Lille, Caen, Dijon, Grenoble, Strasbourg.
Une étape supplémentaire a été franchie quand, à Toulouse 2, face à la détermination des personnels et des étudiant.es à refuser la fusion et le projet ORE, vous avez destitué les conseils et nommé un administrateur provisoire, ce qui est inédit et inacceptable.
Dans ce climat délétère, des survivances d’un autre siècle se sont fait jour.
En effet, Jeudi 22 mars, à Montpellier, des hommes cagoulés et armés de lattes de bois ont fait irruption dans une salle de l’université de droit où se tenait, dans le calme, une occupation rassemblant une cinquantaine d’étudiant·es. Ils ont frappé, menacé, insulté les étudiant·e·s présents, en blessant quatre qui ont dû recevoir des soins. Il apparaît que le directeur de l’UFR de droit a, a minima, laissé faire cette agression sur des jeunes placés sous sa responsabilité, voire en aurait été complice. Ces faits et les déclarations qui les ont suivis ont soulevé l’indignation et il a été contraint de démissionner dès samedi midi.
Des plaintes ont été déposées et toute la lumière doit être faite sur ces violences et leurs auteurs, les responsabilités doivent être clairement établies. Nos organisations seront très attentives au fait que l’enquête aille à son terme et établisse l’ensemble des responsabilités. Nous vous demandons, Madame la ministre, de le garantir.
De même, Lundi 26 mars au soir, à la sortie d’une Assemblée Générale à Lille 2, des étudiant·es ont été agressés par un groupe se revendiquant de l’extrême droite.
Avec ce type de violences, une nouvelle étape a été franchie.
Madame la ministre, nous sommes solidaires des jeunes et des personnels agressés. La violence, les injures racistes, sexistes et homophobes sont inacceptables et condamnables. L’extrême droite et ses militant·e·s portent des valeurs et des propositions qui sont à l’opposé de notre vision d’une éducation émancipatrice, éclairée et ouverte aux débats d’idées.
Madame la ministre, nous vous rappelons que les lycéen·nes et les étudiant·es ont le droit de se mobiliser. Ils et elles peuvent se réunir, diffuser des tracts, afficher leurs opinions, se mobiliser dans et devant leurs établissements. Le recours répété aux forces de l’ordre pour vider les amphis ou dégager les entrées des établissements ne peut pas être la réponse à leurs revendications.
Dans le même temps, les services publics du rail, de la santé, de la formation professionnelle, etc. sont attaqués de manière similaire. Les services publics sont notre bien commun et nos organisations appellent à soutenir les mobilisations en cours et à les défendre. La loi ORE, Parcoursup et la réforme du bac et du lycée instaurent la sélection à l’entrée à l’université, cassent les diplômes nationaux, pratiquent le tri social et creusent les inégalités sociales et territoriales. Nous exigeons leur retrait et nous appelons les enseignant·es, les personnels, les étudiant·es et les lycéen·nes à organiser des assemblées générales, à amplifier les mobilisations et à opérer la convergence avec les autres salarié·es en lutte.
Madame la ministre, le budget 2018 de l’enseignement supérieur que vous avez fait adopter ne consacre pas un euro à la prise en compte de l’augmentation du nombre d’étudiants dans les établissements. Le taux d’encadrement en licence est le plus faible de toutes les formations de l’enseignement supérieur et, actuellement, vous négociez l’ouverture de places au quart du coût moyen par étudiant. Est-ce dans ces conditions que vous comptez améliorer la réussite des étudiants et revaloriser l’investissement des enseignants chercheurs dans leur mission de formation ?
Nous attendons des propositions concrètes de votre part. Nous avons expérimenté les concertations fleuves qui conduisent à un rapport puis à un projet de loi qui n’en reprend aucune des conclusions. Ce n’est pas notre conception de la concertation et moins encore de la négociation.
Nous ne saurions discuter sereinement dans de telles conditions, c’est pourquoi nous refusons de siéger.
Signatures des organisations
CGT Fercsup, SNESUP-FSU et SUD-éducation
Extrait de la lettre flash n°33 SNESUP
La pseudo concertation que vous avez organisée à grands renforts de communication, et qui nous a occupé pendant pas moins de 55 réunions thématiques en septembre-octobre, n’est pas étrangère à cette situation : 55 réunions résumées dans un rapport et dont les conclusions n’ont pas été reprises dans le projet de loi qui devait probablement avoir été rédigé antérieurement. Cette stratégie autoritaire qui consiste à affirmer écouter sans entendre les Organisations Syndicales puis à imposer une loi en prétextant que nous y aurions contribué, votre gouvernement l’avait déjà mise en œuvre pour affaiblir le code du travail l’été dernier via les ordonnances. Vous l’avez à nouveau utilisée pour la rédaction de la loi ORE et votre gouvernement l’impose maintenant une fois de plus avec le rapport Spinetta et la remise en cause des statuts des cheminots.
Comptez–vous utiliser la même méthode, qui semble désormais entrée dans les habitudes du gouvernement, pour cette concertation sur la reconnaissance de l’engagement pédagogique des EC et sur l’arrêté Licence ? Souhaitez-vous braquer toujours un peu plus les étudiant.es et les collègues ?