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Montpellier encore accablée - récit de la manifestation étudiante du 14 avril, par un enseignant de Montpellier 3, 15 avril 2018
lundi 16 avril 2018, par
La manifestation du samedi 14 avril à Montpellier à l’appel des étudiants mobilisés, pour la « convergence des luttes » et contre la « casse sociale », a réuni autour de 2000 personnes (étudiants, enseignants, syndicats, partis politiques, associations, familles, retraités) mais a très vite dégénéré : les CRS ont bloqué le départ du défilé sur le haut des boulevards (arguant du fait que le parcours n’avait pas été déposé en préfecture, sans que la manifestation soit pour autant interdite). Aux premiers jets de peaux de bananes et de pochons de peinture par le premier rang encapuchonné du cortège, les CRS ont répondu par des salves nourries de lacrymogènes sur l’ensemble des manifestants, entrainant le reflux puis l’affrontement. Malgré une médiation de la députée de l’Hérault Muriel Ressiguier, et contraints par le barrage policier, les manifestants ont dû défiler selon un autre parcours, dans le centre historique et ses rues piétonnes commerçantes, d’abord « paisiblement » selon le mot de France 3.
Étrangement, aucune force de police n’était présente le long de ce circuit (sauf pour interdire la préfecture et la fac de droit puis la place de la Comédie, lieux où d’importants effectifs de CRS étaient stationnés), pas plus que sur les boulevards commerçants où le cortège est revenu, avec les dégâts (vitrines de banques, assurances… taggées ou brisées) qu’on pouvait attendre vue la tension installée d’emblée par les forces de l’ordre face aux éléments autonomes. Pendant la dispersion de la manifestation par les CRS revenus en force, des policiers de la BAC cagoulés postés en embuscade ont ciblé aux bombes lacrymogènes et aux grenades assourdissantes les petits groupes d’étudiants qui remontaient dans les rues de la vieille ville.
En fin de journée, le reste du cortège étudiant qui revenait vers l’université Paul Valéry pour tenir une Coordination Nationale a été encerclé par un important dispositif policier. L’intervention des CRS et de la BAC a été particulièrement violente : tirs de flashball, nombreux blessés (groupe d’étudiants coincés et matraqués contre les grilles d’un supermarché, personnes inconscientes traînées au sol, au moins 9 blessés pris en charge par les secours, 2 ambulances sur place) et 51 arrestations, dénoncées par un communiqué de la Ligue des Droits de l’Homme : « ces interpellations ont eu lieu alors que les manifestants étaient calmes et sans dégradations visibles aux alentours ».Une vidéo de l’intervention policière.
La stratégie policière pose bien des questions.
C’est à se demander si les « professionnels du désordre » ne sont pas les forces aux ordres d’un gouvernement sourd aux revendications des étudiants et des organisations syndicales.
(Compte rendu d’un enseignant de l’Université Paul Valéry Montpellier 3).