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LPPR- Motions sociétés savantes, collectifs, etc. (màj 12 février)
dimanche 9 février 2020
Quatre "framapads" recensent les motions, textes d’oppositions, annonces de mise en grève :
par discipline : https://mensuel.framapad.org/p/Motions_par_disciplines
par structure (universités, conseils centraux, CNU, associations professionnelles et sociétés savantes) : https://mensuel.framapad.org/p/Motions_par_structure [Rubrique 4 en bas pour les SOCIETES SAVANTES)
par laboratoire : https://mensuel.framapad.org/p/9eqw-motions-laboratoires?lang=fr
par revue : https://mensuel.framapad.org/p/9eqw-motions-revues?lang=fr
Vous pouvez déposer vous-même les motions dont vous avez connaissance (pour les motions de labos, d’UFR et de départements, les déposer à la fois sur le framapad par structure ou UMR et sur le framapad par discipline).
N’oubliez pas de nous signaler les motions dont vous avez connaissance (externeslu@gmail.com).
[rouge]Motion du Bureau de l’APAD et du Comité éditorial de la revue Anthropologie & développement[/rouge]
Association internationale rassemblant des chercheurs du "Nord" et des "Suds", l’association pour l’anthropologie du changement social et du développement (APAD) est particulièrement préoccupée par les premières orientations esquissées pour la future Loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LLPR).
Les recherches menées par les membres de l’APAD sur l’action publique dans les pays soumis à l’ajustement structurel et aux réformes néolibérales attestent des effets désastreux de la course aux financements, de la précarisation systématique des contrats et de la compétition généralisée. Ces effets pèsent en particulier sur la qualité de l’enseignement et de la recherche menée dans les institutions du Sud.
En France, alors que l’enseignement supérieur et la recherche sont confrontés depuis de nombreuses années déjà à des restrictions budgétaires affectant leurs personnels et leurs conditions de travail, certaines dispositions de la LPPR poussent plus loin la logique inégalitaire et managériale qui sape déjà les principes d’une recherche libre et indépendante et d’une Université ouverte à toutes et tous.
Nous dénonçons ainsi collectivement les principes de base de la réforme en préparation, en solidarité avec nos collègues français, et nous appelons à une réforme de fond, renforçant une recherche publique indépendante et de qualité, respectueuse du travail de tous et toutes.
Statement by the APAD bureau and the editorial board of its journal Anthropologie & développement
As an international association bringing together researchers from the "North" and the "South", the Association for Anthropology of Social Change and Development (APAD) is particularly concerned with the proposed reform of the university sector in France, the Loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LLPR).
Research conducted by APAD members on public policies in countries subjected to Structural Adjustment or neoliberal reforms, attests to the disastrous consequences of the race for funding, the systematic casualisation of contracts and generalised competition. These effects particularly affect the quality of teaching and research conducted in institutions in the South.
In France, while higher education and research have for many years now been confronted with budgetary restrictions affecting their staff and working conditions, aspects of the proposed LPPR push even further inegalitarian and managerial logics that already undermines the principles of free and independent research and a University open to all.
We, therefore, collectively denounce the principles underpinning the proposed reform in solidarity with our French colleagues and we call for a sound reform, strengthening independent and quality public research, respectful of the work of all.
[rouge]Contre la précarité universitaire : appel des titulaires aux titulaires (AECSP)[/rouge]
L’Association des Enseignant·es Chercheur·es en Science Politique (AECSP) réunie le vendredi 7 février réaffirme fermement son opposition à la réforme des retraites et au projet de loi pluriannuelle de programmation de la recherche (LPPR). Cette nouvelle offensive néolibérale creusera davantage les inégalités et aggravera la précarité d’ores et déjà inacceptable dans de très nombreux secteurs professionnels.
Dans l’enseignement supérieur et la recherche, les précaires de toutes catégories (enseignant·es, chercheur·es, personnels techniques et administratifs) sont les premier·es touché·es par les réformes imposées depuis plus de dix ans, et subissent de plein fouet les effets de la déstructuration du statut de fonctionnaire.
L’AECSP invite l’ensemble des collègues à se mobiliser en utilisant tous les moyens à leur disposition. En tant que titulaires, les garanties statutaires dont nous disposons nous confèrent une responsabilité particulière. Pourtant, dans la plupart des institutions d’enseignement supérieur et de recherche, ce sont des non-titulaires qui sont le fer-de-lance de la mobilisation. Il nous revient d’être à la hauteur des enjeux qu’ils et elles soulèvent, afin de leur garantir des conditions de travail décentes et pour en finir avec la précarité structurelle.
Nous appelons donc nos collègues titulaires à :
– Faire grève à partir du 5 mars pour que l’Université et la recherche s’arrêtent, en accord avec la motion adoptée par la Coordination nationale des facs et labos en lutte : https://universiteouverte.org/2020/02/02/motion-coord-1-2-fevrier/
– Créer et/ou abonder des caisses de grève dédiées aux précaires de l’enseignement supérieur et de la recherche.
– Exiger l’ouverture de postes de titulaires à la hauteur des besoins d’encadrement.
– Réduire drastiquement le recours aux vacations et refuser de recourir aux contrats LRU.
– Exiger la signature d’un contrat avant le début des cours et la mensualisation de la rémunération.
– Lutter contre le travail gratuit en s’assurant que l’ensemble des activités associées à l’enseignement sont rémunérées (surveillances, corrections, etc.).
– S’abstenir de confier des missions de recherche ou d’administration disproportionnées par rapport au montant et/ou la durée de rémunération, et s’opposer aux pratiques abusives en la matière.
– Donner les moyens aux étudiant·es de se mobiliser en pratiquant la grève des enseignements ou, à défaut, en ne comptabilisant pas les absences en cours.
– Veiller à ce que nos actions n’engendrent pas de surcharge d’activité pour les personnels techniques et administratifs, qu’ils ou elles soient ou non mobilisé·es.
– Protéger les doctorant·es et docteur·es mobilisé·es contre toute forme de pression hiérarchique, y compris en suspendant les comités de thèse pendant la durée du mouvement social pour les doctorant·es qui le demandent.
– S’engager à soutenir, accompagner et défendre celles et ceux qui sont victimes de harcèlement sexuel ou moral dans nos institutions, les périodes de mobilisation rendant particulièrement vulnérables à ce type d’infractions.
Le bureau de l’AECSP
[rouge]Déclaration commune des membres du Conseil d’Administration de l’association Questes ( association de jeunes chercheur.se.s médiévistes, interuniversitaire et interdisciplinaire) Contre la LPPR[/rouge]
Nous, membres du Conseil d’Administration de l’association Questes, tenons à exprimer notre préoccupation quant à la Loi Pluriannuelle de Programmation de la Recherche Scientifique (LPPR), telle qu’elle a vocation à être adoptée dans les prochaines semaines. Depuis sa publication le mois dernier, cette loi, préparée en l’absence de véritable concertation avec le monde universitaire qu’elle concerne pourtant au premier chef, a fait l’objet de vives critiques de la part des acteurs de la recherche.
Le collectif de jeunes chercheurs médiévistes passionné.e.s que nous sommes ne peut que s’inquiéter de la précarisation rampante de nos conditions de travail, du tarissement de nos débouchés dans la recherche, ainsi que de la crise des vocations qui en découle inévitablement. Si nous saluons la revalorisation annoncée – mais à confirmer – de la rémunération des doctorant.e.s contractuel.le.s, nous nous préoccupons de la suppression annoncée du statut d’A.T.E.R, d’autant plus que les mesures de remplacement évoquées sont encore fort floues, et ne semblent guère tenir compte des contraintes spécifiques aux disciplines littéraires et aux SHS, où les doctorant.e.s sont bien souvent amené.e.s à dépasser les trois années que prévoit le contrat doctoral. D’année en année, le nombre de postes fixes à pourvoir diminue, alors que les contrats courts se multiplient, pérennisant la précarité des chercheurs et chercheuses, et frôlant ou outrepassant bien souvent le cadre défini par la loi. En même temps, les charges administratives pèsent toujours plus lourdement sur les maîtres.se.s de conférences et professeur.e.s, les privant d’un temps de recherche précieux.
En son état actuel, la LPPR ne propose guère de solutions pour renverser ces tendances ; au contraire, plusieurs articles semblent là pour la renforcer, comme la généralisation des recrutements contractuels, sur la base d’un projet de recherche, ou encore la mise en place d’un système de « titularisation conditionnelle » à l’anglo-saxonne. Ces méthodes, qui accroissent la compétition dans un système déjà excessivement concurrentiel, ont déjà été éprouvées à l’étranger : loin d’améliorer la qualité des travaux scientifiques, elles favorisent la quantité des publications, et incitent les chercheurs à produire des résultats vendeurs mais prévisibles. La culture du management et de l’évaluation qu’elles véhiculent ne nous semble guère propice à la remise en question rigoureuse de nos certitudes, laquelle est pourtant – ou devrait être – au cœur de l’élaboration de la connaissance scientifique.
Doctorant.e.s, jeunes docteur.e.s, la recherche et l’université sont au cœur de nos vies, et nous sommes nombreux à nous y projeter encore, malgré les difficultés matérielles croissantes auxquelles nous sommes confronté.e.s. C’est pourquoi nous réaffirmons notre attachement à une recherche publique libre, ouverte et exigeante – parce qu’elle aura eu les moyens de l’être.
Les membres du Conseil d’Administration de Questes - Marie-Antoinette Alamenciak – Camille Bellenger – Tobias Boestad – Yoan Boudes – Adriane Boussac – Sarah Cals – Aurore Denmat-Leon – Marielle Devlaeminck – Valentine Eugène – Maxime Fulconis – Nicolas Garnier – Jérémy Gilabert – Simon Hasdenteufel – Anne Kucab – Ludmilla Nelidoff – Marie-Christine Payne – Marie Piccoli-Wentzo – Tom Sadler – Lisa Sancho
[rouge]CVUH (Comité de Vigilance face aux Usages publics de l’Histoire)[/rouge]
Les réformes de la « start-up nation » et la réécriture de l’histoire
Ce texte du CVUH a été publié dans les pages « En débat » du quotidien L’Humanité (vendredi 31 janvier 2020).
Le Comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire s’est conçu dès sa création en 2005 comme une prise de position et un engagement social. Son manifeste fondateur affirme que « les historien.nes ne vivent pas dans une tour d’ivoire ». Sa vocation spécifique est celle d’un observatoire des usages et des mésusages publics de l’histoire. Mais que signifie la « vigilance » sans la prise de conscience que l’être social, tissé par la diversité des modes d’organisation collective, est fragilisé toujours davantage par la compétition féroce entre individus ? Est-ce la même attention à l’histoire qui est requise quand l’organisation de la société tout entière est l’objet d’un bouleversement programmé ? Lorsque les réformes sont définies et prescrites avant même leur adoption légale, lorsque le processus de l’histoire est à un tel point confisqué, lorsque la précarisation est le seul horizon proposé, l’observation à distance du passé et de ses représentations ne peut se suffire à elle-même. Il devient nécessaire d’ajuster regard sur le passé et enjeux du présent dans une réflexion critique d’ensemble, sans pour autant les confondre.
La politique actuelle du gouvernement aggrave les inégalités existantes dans la société, précarise celles et ceux qu’elle réduit à des individus isolés. Elle accélère la destruction de l’organisation collective de la société en lui substituant les mécanismes du marché généralisé. Le projet de loi sur les retraites prétend avoir pour but « la création d’un système universel de retraite » garantissant « l’égalité de tous ». Or il engendre concrètement une logique de concurrence entre toutes et tous et l’appauvrissement du plus grand nombre. La Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche, qui doit être votée prochainement au Parlement, est une forme d’étranglement progressif de la recherche et de l’enseignement supérieur publics au profit d’une logique de marché. Dans l’enseignement secondaire, la réforme du baccalauréat et la mise en place de « Parcours Sup » instaurent une compétition entre les établissements scolaires publics et entre les élèves, futur.e.s étudiant.e.s et futur.e.s salarié.e.s précaires. Certains chefs d’établissement s’apprêtent à recourir à des agences de publicité pour promouvoir leur lycée ou leur collège. Le droit aux études secondaires et supérieures disparaît au profit de la concurrence sociale la plus débridée, cependant que la mise en œuvre des E3C (Épreuves Communes de Contrôle Continu) en classes de 1ère et de Terminale conduit à un bachotage continuel et épuisant pour les élèves et les enseignant.e.s.
Dans le même temps, la relecture de l’histoire, structurée par les nouveaux programmes de la rentrée 2019, malgré l’existence de points de réflexion, accrédite les éléments d’un nouveau récit idéologique qui ne se limite plus à l’impensé du modèle républicain, justifiant ainsi la mutation brutale de la société. Le retour critique sur le principe de représentation politique est éludé. La démocratie directe n’est pensable que dans le passé perdu d’Athènes. L’interprétation de la Révolution française est réduite à la seule question de la nation, évacuant même la question de la souveraineté du peuple. Si les révolutions réapparaissent, les processus de domination, les enjeux sociaux, la question de l’autre dans l’espace européen sont minorés. L’émancipation des femmes, les questions de genres sont restreintes à des vignettes chronologiques. Les sociétés extra-européennes ne sont étudiées qu’au passé médiéval ou au miroir colonial. Mises en avant, la mondialisation néo-libérale et la logique des puissances sont les seules clés d’interprétation des sociétés contemporaines.
Le projet de réforme du Capes d’histoire-géographie parachève le processus du côté de la formation des enseignants : la quasi-disparition des contenus disciplinaires la réduit à des modules pragmatiques dépourvus d’approches critiques.
Pour forcer l’adhésion du corps social au processus qu’ils mettent en marche, le gouvernement, le chef de l’État et leurs relais parlementaires et médiatiques communiquent au lieu de dialoguer. Leurs éléments de langage composent un nouveau lexique qui empêche de lire le réel. L’usage partagé des mots du politique, comme « réforme », « universalité », « liberté », « égalité » et « république », devient impossible, tant le sens en est détourné et perverti. La précarité est appelée « mobilité », se soumettre est rebaptisé « s’adapter ». La question dépasse celle du seul vocabulaire : le langage tout entier est travesti au profit d’une raison d’État qui réduit la société à une somme conflictuelle d’intérêts individuels concurrentiels. Le commun n’est plus compris. La politique est réduite au management.
De tout cela, nous, membres du CVUH, ne saurions être les témoins passifs, les observateurs et les observatrices confiné.e.s dans une fausse neutralité. Nous ne vivons pas sur Sirius mais sur une planète en danger dont nous revendiquons d’être des acteurs et actrices conscient.e.s. C’est pourquoi nous affirmons notre engagement dans les luttes actuelles menées tant contre la réforme des retraites que contre l’étranglement des services publics, au premier rang desquels la santé, mais aussi la recherche, l’enseignement, l’édition, conditions de la présence sociale de l’histoire.
Aurore Chéry, Laurent Colantonio, Sonia Combe, Natacha Coquery, Nelcya Delanoë, Blaise Dufal, Emmanuel Fureix, Anne Jollet, Olivier Le Trocquer, Laurence Montel, Fanny Madeline, Michèle Riot-Sarcey, membres du Comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire (CVUH).
[rouge]Association pour la Recherche en Didactique des Mathématiques, le 31 janvier 2020[/rouge]
L’ARDM a pris connaissance des rapports des groupes de travail pour le projet de loi LPPR (programmation pluriannuelle de la recherche). Elle s’alarme des directions proposées dans ces rapports, qui ne sont pas le reflet des attentes des acteurs de la recherche française, ni celui des contributions à cette consultation qui ont pu être faites dans les laboratoires et sociétés savantes.
L’ARDM partage les constats sur l’état de la recherche en France et la nécessité de renforcer l’investissement public, de revaloriser les carrières, mais regrette l’absence d’analyse des effets délétères des politiques publiques des 20 dernières années.
L’ARDM s’inquiète des projets de création de nouveaux contrats précaires (CDI de projets, tenure track), de recours systématique à la mise en concurrence des chercheurs, des équipes et des établissements, de modulation des services d’enseignement et de remise en cause d’un référentiel d’enseignement national et statutaire. L’ARDM s’inquiète aussi de l’évaluation permanente de tout et de tous.
Ces propositions ne répondent aucunement aux besoins de la recherche et de ses acteurs.
Au contraire, elles ne pourraient qu’accentuer les problèmes liés aux politiques et à la
gestion managériale de l’enseignement supérieur et de la recherche de ces dernières
années.
L’ARDM pointe les dangers que constitue cette vision "inégalitaire et darwinienne" de la
recherche, en particulier pour les recherches en sciences humaines et sociales et en
éducation, pour les disciplines dites « rares » et pour les recherches fondamentales, toutes déjà très fragilisées.
La qualité de la recherche nécessite la stabilité professionnelle, la pérennité de
financements récurrents, et un allègement des charges administratives pour les chercheurs.
Liberté et indépendance des chercheurs doivent être garanties.
Comme de très nombreuses autres sociétés savantes, l’ARDM souligne la nécessité d’une véritable prise en compte des attentes et des besoins de la recherche et de ses acteurs, par la mise en place d’états généraux de la recherche.
[rouge]Déclaration des associations d’historiens de l’enseignement supérieur et de la recherche[/rouge]
Les quatre associations d’historiens de l’enseignement supérieur et de la recherche (SoPHAU, SHMESP, AHMUF, AHCESR), en réaction aux projets de réformes de la recherche et de l’enseignement supérieur, réaffirment leur attachement aux principes suivants :
Encouragement de l’attractivité des métiers de la recherche par le refus de la précarisation croissante et généralisée
Evaluation qualitative par les pairs
Soutien aux logiques de coopération scientifique contre la mise en concurrence systématique
Pluralisme et liberté de la recherche, menacés par un pilotage centralisé et le recul des financements récurrents
Retour à un équilibre entre enseignement et recherche selon les meilleures normes internationales, avec des sabbatiques réguliers, l’allégement des charges administratives et le refus de l’augmentation du service d’enseignement
Elles appellent la communauté scientifique aux actions que les sociétaires jugeront adaptées pour faire entendre leurs convictions
[rouge]Acedle (Association des chercheurs et enseignants didacticiens des langues étrangères)[/rouge]
L’Acedle (Association des chercheurs et enseignants didacticiens des langues étrangères) se déclare opposée à la Loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) telle qu’elle est actuellement présentée.
Même si certains constats avancés peuvent être pertinents (décharge de cours pour les néo-maitre.sses de conférence par exemple), nous ne partageons ni les conclusions ni les préconisations des rapports des groupes de travail diffusés par le Ministère. Depuis la diffusion de ces rapports, une quantité impressionnante de textes et de motions a déjà été produite pour exprimer les inquiétudes suscitées par l’application de cette loi. L’Acedle en partage les analyses, qui convergent toutes pour dénoncer la remise en question du statut d’enseignant.e-chercheur.e, la précarisation des personnels, le renforcement de la concurrence et des inégalités entre établissements et entre personnels, l’individualisation des carrières, la présidentialisation et la technocratisation des établissements, la gouvernance managériale et les graves atteintes à la liberté de la recherche, pourtant pilier de notre démocratie.
Nous dénonçons également la marginalisation des associations et des sociétés savantes qui ne manquera pas d’advenir si ces préconisations devaient être transformées en loi. Une recherche « darwinienne » (selon les termes d’A. Petit, directeur du CNRS) et fondée sur la concurrence inter-individuelle et inter-établissements ne laisse en effet que peu de place à l’engagement collectif, bénévole et désintéressé que représente l’implication dans une association. Or, les associations ont toujours joué un rôle moteur dans la recherche, par le maillage national et international qu’elles induisent, par les collaborations qu’elles génèrent, par la formation et l’accueil des doctorant·es et jeunes docteur·es qu’elles favorisent et par les formes d’action et de réflexion inédites qu’elles permettent.
Le refus de cette université-là, concurrentielle, individualiste, bureaucratique, managée est massif, multisectoriel, transdisciplinaire. Pour que la concertation dont le gouvernement se réclame soit réellement prise au sérieux, ce refus doit être entendu. C’est pourquoi nous demandons un ajournement de la LPPR et la convocation d’États Généraux de l’Université, auxquels les associations de chercheur·es et les sociétés savantes seraient associées. Il importe en effet que les diverses voix et modes de travail qui innervent et nourrissent l’Université puissent s’exprimer, afin que des propositions alternatives, réellement respectueuses des personnels et de leur travail, soient débattues et construites ensemble, et non pas les uns contre les autres.
Pour information, quelques liens utiles si vous souhaitez vous renseigner sur la LPPR :
Site officiel de la LPPR : https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/pid39124/loi-de-programmation-pluriannuelle-de-la-recherche.html
Réflexions et propositions à l’origine de la LPPR : « Réformes souhaitables de l’enseignement supérieur français et éléments d’une stratégie de changement » , https://academia.hypotheses.org/9135#souhaitable
Articles et tribunes en opposition à la LLPR
o Tribune des sociétés savantes (le Monde, 14 janvier 2020)
o Tribune d’un collectif d’enseignant.es-chercheur.es :
… Qu’il est encore possible de signer : http://rogueesr.fr/signature/
NB : Tribune également parue dans le Monde (20 janvier 2020) : « Nous, chercheurs, voulons défendre l’autonomie de la recherche et des formations
[rouge]Mnémosyne, association pour le développement de l’histoire des femmes et du genre[/rouge]
Mnémosyne, association pour le développement de l’histoire des femmes et du genre, exprime son soutien au mouvement social d’opposition au projet gouvernemental de réforme des retraites, qui est particulièrement préjudiciable aux femmes. En effet, le projet de loi propose la prise en compte de l’ensemble de la carrière des salarié·es et non plus les vingt-cinq meilleurs années (dans le privé) ou les six derniers mois (dans le public). Les femmes étant majoritairement concernées par les carrières hachées et le recours au temps partiel, pris dans le but de s’occuper des enfants, cette nouvelle manière de calculer leur retraite les pénalisera d’autant plus que l’égalité des salaires entre hommes et femmes n’est toujours pas appliquée dans les faits. Cette réforme pénalisera l’ensemble des femmes, dont les enseignantes de tous les niveaux, les chercheures, toutes les agentes de la fonction publique et tous les jeunes que nous formons à la vie professionnelle.
Mnémosyne souhaite également manifester son opposition à la loi pluriannuelle de programmation de la recherche, dont les documents préparatoires font craindre qu’elle ne développe encore la précarité, en particulier des jeunes chercheur·es, et la compétition de tous contre tous, pour l’attribution de financements sur projets.
Contact@mnemosyne.asso.fr
http://www.mnemosyne.asso.fr/mnemosyne/
[rouge]Communiqué de la Société d’Ethnologie Française (17 janvier)[/rouge]
La Société d’ethnologie française (SEF) exprime sa vive inquiétude et son refus face au projet de Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche (LPPR) qui contribue à la dégradation, continue depuis les lois ORE et LRU, de l’exercice de nos métiers de chercheur.e.s et enseignant.e.s chercheur.e.s.
La SEF demande que de véritables moyens, durables et équitables, soient attribués à la recherche et à l’enseignement supérieur et que des mesures concrètes soient mises en place face au déficit des postes de chercheur.e.s et enseignant.e.s chercheur.e.s, ceci de manière criante dans certaines disciplines dont l’ethnologie et l’anthropologie.
La SEF demande que soit résorbée la précarité des docteur.e.s et elle demande des financements accrus à destination des doctorant.e.s afin qu’ils et elles puissent bénéficier de conditions de recherche décentes.
En outre la SEF demande :
la fin d’une gestion managériale, privée ou non-scientifique de la science mettant en concurrence les différents projets et chercheur.e.s, entravant une véritable liberté de la recherche et coûteuse en temps et en argent parfois jusqu’à l’absurde ;
la fin des attaques contre les statuts des chercheur.e.s, enseignant.e.s chercheur.e.s et métiers d’appui à l’enseignement et à la recherche ;
la révision du mode d’attribution et la transparence sur les effets du crédit impôt recherche (CIR).
Enfin la SEF demande à ce que les recommandations faites par le collectif des sociétés savantes soient prises en compte dans la Loi. Consulter à ce propos : https://societes-savantes.fr/wp-content/uploads/2019/09/Propositions-pour-la-Loi-de-programmation-pour-la-recherche.pdf
Le conseil de la SEF en lutte contre le projet de loi LPPR
[rouge]La liste EFiGiES[/rouge]
Pour soutenir les mobilisations en cours contre la réforme des retraites, contre la casse du service public, contre la LPPR à venir, le réseau EFiGiES a décidé de se mettre en grève. Ne seront diffusées que les informations relatives aux mobilisations (AG, manifestations, grèves, actions locales etc.).
EFiGiES est en effet une association qui promeut la solidarité et qui lutte contre la précarité des jeunes chercheurses. De plus, EFiGiES est une association administrée grâce au travail bénévole de jeunes chercheurses ; il est toujours important de le rappeler. Aussi nous paraît-il nécessaire de résister face à un gouvernement qui paupérise, qui précarise, qui méprise toujours plus les personnes déjà minorisées.
Nous soutenons les mouvements en cours, dans l’ESR comme ailleurs, et vous invitons à les rejoindre, à les soutenir, à les entretenir (cortèges lors des manifestations, caisses de solidarité pour les personnes précaires ou en grève depuis le début du mouvement, grève des événements scientifiques et des enseignements etc.).
Bonne lutte à toustes.
Féministement,
Le Bureau d’EFiGiES
[rouge]Liste ASES (association des sociologues de l’Enseignement Supérieur)[/rouge]
La liste ASES suspend les publications sur la liste de tous les mails ayant trait aux annonces de séminaires, publi (il faudra les renvoyer )… et encourage les collègues à annuler /repousser leurs manifestations.
Evidemment, la liste ASES continue et continuera évidemment à diffuser toutes les informations, analyses, motions, débats concernant les luttes en cours !!!
[rouge]RT24 (Genre, classe, race. Rapports sociaux et construction de l’altérité) de l’AFS[/rouge]
Le RT24 (Genre, classe, race. Rapports sociaux et construction de l’altérité) de l’AFS se déclare en lutte aux côtés des grévistes.
Nous nous opposons aux projets de réformes actuelles des retraites qui s’inscrivent dans une longue lignée de destruction des acquis sociaux, de remise en cause des mécanismes de solidarité, et d’aggravation des inégalités. Elle frappera les femmes de manière particulièrement aigue.
La philosophie néolibérale de ces réformes est la même que celle qui malmène l’ESR depuis trop longtemps. Cette même philosophie sera à l’œuvre dans la très prochaine loi de programmation pluriannuelle de la recherche.
Chercheur.e.s en sciences sociales, nous sommes également particulièrement inquiet.e.s face au recours récurrent à la répression administrative, policière et judiciaire pour étouffer les contestations. Ces formes de répression frappaient déjà très durement les quartiers populaires et les personnes faisant l’objet du racisme, les voici étendues à l’ensemble de la société, même si elles restent plus brutales envers les groupes racisés et prolétarisés.
Nous nous déclarons en lutte et exprimons notre solidarité avec l’ensemble des personnels mobilisés, de l’ESR et d’ailleurs. Nous suspendons l’ensemble des activités de notre RT.
Nous incitons chacun.e à se mettre en grève et à participer à l’ensemble des mobilisations sur leurs lieux de travail comme ailleurs. Nous invitons également tous les collègues qui le peuvent à contribuer aux diverses caisses de solidarité locales ou nationales, sectorielles ou collectives qui existent.
Solidairement,
Les membres du bureau du RT24 de l’AFS
[rouge]Motions de l’Association Française d’Ethnologie et d’Anthropologie (14 janvier)[/rouge]
Réforme des retraites
Vieux ! Au 21ème siècle, mieux vaut toujours être riches et en bonne santé que pauvres et malades
L’Association Française d’Ethnologie et d’Anthropologie (AFEA), qui regroupe un ensemble d’associations professionnelles dans ces disciplines, se déclare extrêmement inquiète du projet de réforme des retraites actuellement en cours.
Ce qui veut être généralisé, beaucoup d’entre nous l’avons déjà expérimenté au cours des 20 dernières années : longue période de CDD (10, 15 voire 20 ans) à partir du doctorat, de moins en moins d’entre nous arrivant à être statutaires dans la recherche ou l’enseignement. Durant ces périodes de salaires bas, par rapport à notre niveau d’étude et au regard intellectuel exigé, nous avons eu beau travailler 60h par semaine pour construire des CV qui répondent à des critères toujours plus exigeants, nous constatons n’avoir pu mettre de l’argent de côté pour la retraite. Aussi, nous devrons toutes et tous travailler de plus en plus longtemps pour ne pas faire partie des 20% de retraités pauvres, si notre santé nous le permet (cf. le dossier de la DARES https://dares.travail-emploi.gouv.fr/dares-etudes-et-statistiques/).
Ces expériences vécues récemment par les membres de notre profession nous amènent à demander le retrait de la réforme des retraites dites "à point" afin que les générations futures bénéficient d’une retraite qui leur permette de vivre décemment.
Le CA de l’AFEA. Paris le 14 janvier 2020
LPPR
L’ESR n’est pas en solde
L’Association Française d’Ethnologie et d’Anthropologie (AFEA), qui regroupe un ensemble d’associations professionnelles dans ces disciplines, après avoir pris connaissance des rapports de préparations du projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR), s’y déclare fermement opposée pour plusieurs raisons.
1) Nous dénonçons une concentration de l’ensemble des moyens alloués aux SHS à un nombre restreint de "défis sociétaux" décidés par l’exécutif, l’ANR et les Régions devant aligner leur programmation et leurs financements sur ces "défis sociétaux".
2) Nous dénonçons le renforcement de la gestion managériale des financements sur projet dont tant les chercheur-e-s indépendant-e-s que les enseignant-e-s chercheur-e-s connaissent trop bien les effets négatifs : temps consacré à la recherche de financements au détriment de la réalisation des projets, standardisation de l’activité de recherche, sujets de recherche prédéfinis par les autorités publiques, assignation à un rôle restreint à la validation des projets pluridisciplinaires, à réaliser sur des temps de plus en plus courts...
3) Nous dénonçons le recours de plus en plus fréquent aux CDD qui ne sont pas adaptés aux temporalités de la recherche. Nous demandons que le budget alloué à l’impôt-recherche soit redistribué dans la recherche publique, pour le financement de nouveaux postes d’E-C et de contrat d’allocation doctorale.
4) Nous nous élevons contre l’augmentation des frais d’inscription universitaire pour compenser la baisse du budget alloué par l’Etat à l’ESR.
5) Nous dénonçons le nouveau rôle assigné aux enseignant-e-s chercheur-e-s qui consiste d’avantage à valider des compétences répondant à des standards entrepreneuriaux plutôt que de transmettre un regard scientifique aux étudiant-e-s. Ils et elles sont d’ailleurs nombreux.ses à ne plus accéder à la formation de leur choix. En effet, l’algorithme "Parcoursup" gère désormais les projets des étudiant-e-s "au mieux" pour l’enseignement supérieur et non pour l’individu qui veut se former. En outre, nous ne souhaitons pas participer à une modalité de sélection qui tend à renforcer les inégalités sociales d’accès à l’enseignement supérieur.
7) Nous nous opposons à une université à plusieurs vitesses tant à travers la reconnaissance des Equipes d’Accueil laissée à la responsabilité des seules universités qu’à la configuration annoncée de pôles "d’excellence" avec des masters du même nom et des licences gérant des flux d’étudiant-e-s bacheliers.
8) Nous dénonçons les attaques répétées du statut d’enseignant-chercheur au service de cette gestion par flux.
Pour cela, nous appelons tous nos membres, quelle que soit la forme d’exercice de nos professions, à rejoindre le mouvement qui prend forme dans les institutions d’enseignement et de recherche et de mettre en œuvre des actions de résistance en attendant l’ouverture de discussions prenant en compte nos demandes.
Le CA de l’AFEA. Paris le 14 janvier 2020