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Pour le boycott d’Amazon ! Pour un soutien massif au secteur du livre ! Pétition, 24 mars 2020
mardi 24 mars 2020, par
De nombreux écrivains, intellectuels, éditeurs et syndicats rappellent que la santé n’a pas de prix et que cela vaut pour les librairies. « Nous voulons dire à Bruno Le Maire : il ne faut pas rouvrir les librairies mais soutenir à toute force le secteur du livre contre cette concurrence monstrueuse (d’Amazon) qui côtoie l’indignité. »
C’est une tribune dans Libé, un Invité de Médiapart, un blog dédié.
Au quatrième jour de confinement, deux déclarations ministérielles sont venues tour à tour révéler les incohérences de la politique sanitaire et la confusion entretenue par le gouvernement. La ministre du Travail Muriel Pénicaud s’est dite « scandalisée » que le syndicat des artisans du bâtiment ait appelé à fermer les chantiers. Or, ce qui est scandaleux, c’est justement que la ministre s’en indigne. Car c’est bien ce qu’il y a à faire : le confinement. Les démonstrations scientifiques solides et salutaires se multiplient pour démontrer son efficacité exemplaire afin d’enrayer l’épidémie. La protection de la santé vaut aussi pour les ouvriers. Au même moment, le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire a déclaré réfléchir à rouvrir les librairies. Le Syndicat de la librairie française a pourtant indiqué qu’il ne le souhaitait pas. La protection de la santé vaut aussi pour les libraires.
Nous aimons les livres. Et nous aimons les libraires : leur accueil, leur savoir, leurs partages enthousiasmants. Elles et ils nous manquent, évidemment. La joie ne sera que plus grande de les retrouver quand l’épidémie sera vaincue. Notre solidarité envers les librairies et les maisons d’édition sera alors sans faille : elles en auront bien besoin. Peut-être cette crise grave permettra-t-elle de « changer de base » ? Peut-être sera-t-elle le révélateur décisif d’un système délétère qu’il faudra briser ? Nous l’espérons.
D’ores et déjà, les débrayages, les grèves, le droit de retrait s’exercent en maints endroits. Et c’est le cas évidemment chez Amazon, cette terrible machine qui, elle, fonctionne à plein régime aux dépens de ses salarié·es dont la santé est mise en danger. Des enquêtes serrées ont déjà largement démontré les conditions de travail effarantes qui y règnent en temps normal. Elles ont levé le voile sur une situation jugée critique tant les risques psychosociaux sont élevés. Les trois quarts du personnel souffrent de douleurs physiques et déclarent être en état de stress ; un tiers souffre d’insomnies ; un quart reconnaît qu’il lui arrive de pleurer en raison du travail. Au quotidien, la santé de celles et ceux qui travaillent dans l’entreprise d’e-commerce était déjà considérée comme abîmée par un management implacable avec traumatismes à la clef, d’humiliations en brimades et surveillance acharnée. Lors des « pics » de livraisons comme pour les fêtes de fin d’année, l’entreprise exige de « surperformer », au mépris des règles élémentaires de sécurité. L’agression faite aux conditions de travail tel qu’il se mène aujourd’hui, en temps d’épidémie, est comme le prolongement exponentiel de ce scandale humain au nom d’une logique productiviste à tout crin.
Nous voulons dire à Bruno Le Maire : il ne faut pas rouvrir les librairies mais soutenir à toute force le secteur du livre contre cette concurrence monstrueuse qui côtoie l’indignité. Le soutenir bien au-delà des quelques promesses. Les chiffres annoncés sont bien maigres : cinq millions, vraiment ? Alors que les librairies et les maisons d’édition vont tellement souffrir de cette crise grave. Nous ne sommes pas experts en matière budgétaire, mais nous connaissons quelques chiffres qui nous font réfléchir aux ordres des priorités. De grosses entreprises dont certaines émargent au CAC 40 engloutissent annuellement quelque 5 milliards via le CICE et désormais son équivalent en exonérations de cotisations sociales. 5 millions pour le livre, nous dit-on ? Encore une fois, comparons : l’entreprise Total, dont les profits s’engrangent chaque année à hauteur de 4 milliards environ et dont le PDG touche à lui seul entre 3 et 4 millions, empoche près de 30 millions grâce au fameux CICE. Nous pourrions aussi parler exonérations fiscales ou bien encore évasion du même nom, et tant d’autres milliards encore. Ou bien, pour évoquer les répartitions budgétaires aux hiérarchies confondantes, rapprocher les 5 millions des 5 milliards que coûtera le prochain porte-avion.
Comme lectrices et lecteurs, nous ferons tout pour aider les libraires et les maisons d’édition, par le boycott de mastodontes comme Amazon, par les précommandes, par nos retours heureux en librairie après l’épidémie. Mais cette solidarité élémentaire ne suffira pas. C’est aux pouvoirs publics de prendre des responsabilités à la hauteur de la crise et de faire des choix dignes. Toutes et tous, nous sommes en droit non pas seulement de l’espérer mais de l’exiger.
[bleu]Signataires[/bleu] :
Michel Agier, Anne-Sophie Aguilar, Paul Alliès, Malika Amaouche, Jean Asselmeyer, Michèle Audin, Étienne Balibar, Nicolas Bancel, Ludivine Bantigny, Esther Benbassa, Yazid Ben Hounet, Judith Bernard, Jean-François Bert, Alain Bertho, Sophie Bessis, Éric Beynel, Yves Bichet, Stéphane Bikialo, Laurent Binet, Françoise Bloch, Véronique Bontemps, Yannick Bosc, Jean-Pierre Boudine, Éric Boury, José Bové, Pascal Buresi, François Burgat, Noëlle Burgi-Golub, Dominique Cabrera, Claude Calame, Cécile Canut, Gianni Carrozza, Antoine Chambert-Loir, Patrick Chamoiseau, Maureen Chappuit, Vincent Charbonnier, Luc Chelly, Stéphanie Chevrier, Yves Citton, Sarah Clément, Yves Clot, Déborah Cohen, Yves Cohen, Sonia Combe, Anne Coppel, Catherine Coquery-Vidrovitch, François Cusset, Pierre Dardot, Laurence De Cock, Mathias Delori, Christine Delphy, Sophie Desrosiers, Marie-Flore Dessources, Paul Dirkx, Keith Dixon, Suzanne Doppelt, Étienne Douat, François Dubet, Michel Embareck, Didier Epsztajn, Annie Ernaux, Johan Faerber, Renaud Fiévet, Laure Flavigny, Sébastien Fontenelle, Dominique Foulon, Dan Franck, Manon Frappa, Camille Froidevaux-Metterie, Bernard Friot, Jean-Louis Fournel, Anne-Marie Garat, Isabelle Garo, Alain Garrigou, Sarah Gensburger, Sylvain George, Laurence Giavarini, Pascale Gillot, Boris Gobille, Valentine Goby, Nilüfer Gole, Christophe Granger, Agnès Gros, Nacira Guénif, Pascal Guillot, Julien Hage, Samuel Hayat, Benoît Hazard, Magali Jacquemin, Amélie Jehan, Florence Johsua, Anne Jollet, Marc Joly, Claudine Katz, Pierre Khalfa, Cécile Ladjali, Bernard Lahire, Aude Lalande, Laurence Languin, Mathilde Larrère, Christian Lavault, Michèle Leclerc-Olive, Pierre Lemaitre, Patrick Lescure, Wenceslas Lizé, André Loez, Olivier Long, Camille Louis, Michael Löwy, Jessie Magana, Pascal Maillard, Gilles Malandain, Jean Malifaud, Gilles Manceron, Philippe Mangeot, Gustave Massiah, Gérard Mauger, Guillaume Mazeau, Sarah Mazouz, Dominique Memmi, Fred Merie, Hélène Y. Meynaud, Gérard Mordillat, Corinne Morel Darleux, Muriel Moretti, Laurent Mucchielli, Olivier Neveux, Gérard Noiriel, Veronica Noseda, Bertrand Ogilvie, Cléo Pace, Ugo Palheta, Marc Pavlopoulos, Claude Pennetier, Boris Pétric, Manon Pignot, Sébastien Plutniak Joël Pommerat, Claude Pourcher, Jean Puyade, Florence Quénu, Sophie Quetteville, Makan Rafatdjou, Viera Rebolledo-Dhuin, Sarah Rey, Denis Robert, Isabelle Rocca, Jean-Claude Romettino, Alain Ruscio, Grégory Salle, Christian Salmon, Jérôme Sanzo, Alain Schnapp, Armand Sebelin, Guillaume Sibertin-Blanc, Patrick Silberstein, Patricia Sorel, Denis Soula, Benjamin Stora, Bénédicte Sudre-Rouffaux, Céliane Svoboda, Elise Thiébaut, Annie Topalov, Christian Topalov, Sylvain Venayre, Françoise Vergès, Laure Vermeersch, Olivier Villepreux, Sophie Wahnich, Elisabeth Zucker.
[bleu]Avec les éditrices et éditeurs[/bleu] Philippe Aigrain (Éditions publie.net - /Littératures et Bifurcations), Marie-Noël Arras (Chèvre-feuille étoilée), Association ERO (éditeurs de la région Occitanie), Jean-Marc Bourg et Fabienne Bargelli (Éditions Faï fioc), Thomas Bout (Rue de l’échiquier), Bertrand Bernard (Les éditions du Détour), Saad Bouri (Éditions du Jasmin), Lise Bourquin Mercadé (Kanjil), Ghislaine Brault-Molas (La Feuille de thé), Anne-Laure Brisac (Signes et balises), Daniel Bry (Éditions Chatoyantes et les Éditions L’œil pour l’œil), Sophie Caillat (éditions du faubourg), Isabelle et Frédéric Cambourakis (éditions Cambourakis), Alain Castan (la courte échelle.éditions transit), Yves Chagnaud (Apeiron), Isabella Checcaglini (Ypsilon Éditeur), Gérard Cherbonnier (Éditions du Petit Pavé), Francis Combes (Le Temps des Cerises), Patrick Cova et Jean Darot pour (Éditions Parole), Alexis Cukier, Clara Laspalas et Marina Simonin (La Dispute et Les Éditions Sociales), Alexandre Curnier (NOTO, éditions Belopolie), Daniel Damart (Le Réalgar Éditions), Claire Delbard (Atelier des Noyers), Valérie Douniaux (iKi), Jean-François Dupeyron, Patrick Farbiaz, Gianpaolo Furgiuele (Éditions Laborintus), Fabienne Germain (Zinédi), François Gèze (La découverte), David Giannoni (L’Arbre à Parole), Georges Goncalves (Crise et Tentation), Alain Gorius (Al Manar), Pascale Goze (Lunatique), Cécile Grenier (Sylphe Rouge), Béatrice Guillemard (Chant d’orties), Anne-Claire Huby (Zinnia éditions), Edmond Janssen (Éditions Delga), Neil Jobard (La magicieuse), Antoine Kerverseau (Et le bruit de ses talons), Serge Klock (ETT/ Territoires Témoins), Marie-Pierre Lajot (Anamosa), Benoît Laureau (éditions de l’Ogre), Charles-Henry Lavielle (Anarchasis), Alain Léger (À plus d’un titre), Christine Le Mauve (Éditions de l’Arbre), Martine Lemire (Les Éditions du Paquebot), Anne Lima (Chandeigne), Frédéric Lisak (éditions Plume de Carotte),Monique Lucchini et Marie-Pierre Forrat (Musimot), Christian Mahieux (Syllepse), Pierre-Julien Marest (Marest éditeur), Christian Marsan (La Crypte éditions), Jean-Louis Massot (Les Carnets du Dessert de Lune), Juliette Mathieu (Les éditions du Détour), Frédéric Mélis (Éditions du Volcan), Valérie Millet (Les Éditions du Sonneur), Françoise Mingot (Wallâda), Fred Morisse (Le bas du pavé), Frantz Olivié (Anacharsis), Chloé Pathé (Anamosa), Jean-Louis Paul (Éditions Ressouvenances), Éric Peyrard (Éditions Ampelos), Philippe Pignarre (La découverte), Bérengère Pont (L’ire des marges), Claude Raisky (Raison et Passions), Claire Reverchon, Pierre Gaudin, Aude Garnier (Éditions Créaphis), Nicolas Quénu et Blaise Casevitz (Sabot Rouge), Amalia Rama (eXcès), Carine Roucan (Éditions Racine et Icare), Serge Safran (Serge Safran éditeur), Mikaël Saint-Honoré (Éditions de l’Aigrette), Arnaud Saint-Martin (Les éditions du croquant), Sylviane Sambor (L’Escampette), Oscar Sergent (L’autre Livre), Eric Sevault (éditions Smolny), Dominique Sierra (La tête à l’envers), Patrick Silberstein (Syllepse), Monique Subra (les éditions du Cabardès), Virginie Symaniec (Le Ver à soie), Gilbert Trompa (Corsaire éditions), Cécile Troussel (Anacharsis), Ghislaine Verdier (L’oeil de la Femme à barbe), Nicolas Vieillescazes (Amsterdam), Richard Walter (Le Grand Tamanoir), Louis Weber (Les éditions du croquant), Anne-Lise Wittwer (5 Sens éditions), Daniel Ziv (Z4 éditions)
[bleu]Et le soutien[/bleu] de Mélanie Cartier (Syndicat des libraires d’Ile-de-France CGT), Laurent Degoussée (fédération SUD Commerces et services), Romain Descottes (CGT Sociétés d’études), Émancipation collective, Librairie La Brèche