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Universités : enseignants au bord du burn-out - Soazig Le Nevé, Le Monde, 5 février 2020
lundi 8 février 2021, par
Un sentiment d’usure a gagné une majorité d’enseignants pour qui les cours à distance sont devenus une souffrance.
MàJ du 8 février : une belle illustration de chercheuse confinée…
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Une grande lassitude et, parfois, les premiers signes d’une dépression : le moral est au plus bas dans la communauté universitaire qui n’en finit pas d’éprouver les dégâts causés par l’enseignement à distance depuis près d’un an. Comme ce directeur de département qui croise un collègue en larmes au détour d’un couloir. Ce chercheur qui s’inquiète de l’absence de réponse à ses appels d’un doctorant de son laboratoire. Cette enseignante qui confie être complètement épuisée et avoir « sans doute besoin d’un arrêt ».
Le passage au tout-distanciel lors des premier et deuxième confinements, entre mars et juillet et depuis la fin octobre 2020, a dispersé les 90 000 enseignants du supérieur et assigné chacun à résidence, avec pour tout contact leur seul écran d’ordinateur. A l’image de leurs étudiants, ils traversent une période de vide, largement passée sous silence.
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Le Covid-19 a fait déborder le vase d’une somme de problèmes préexistants, selon David Monniaux, chercheur en informatique au CNRS. « Pourquoi ce surmenage ? Parce qu’on a beaucoup complexifié l’enseignement et la gestion de la recherche, estime-t-il. On assiste à une multiplication de formations spécifiques qui, toutes, demandent une gestion à part. Le programme Erasmus, par exemple, fait que chaque étudiant crée un dossier spécial que devra suivre un enseignant-chercheur. »
S’ajoutent à cela l’évaluation des candidatures sur Parcoursup et la réforme du lycée qui, avec le jeu des spécialités retenues par les élèves en terminale, oblige à ajuster les cursus de l’enseignement supérieur. Concernant la recherche, la création successive de différents labels (Idex, Labex, IRT, Equipex…) avec chacun ses propres règles, a donné l’ascendant à une gestion administrative de dossiers largement chronophage pour les chercheurs.
La crise sanitaire a chargé un peu plus la barque. « Nous débordons de charges qui ne sont pas celles d’un enseignant-chercheur », résume Sébastien Saunier. Comme celle de transférer les copies d’examen corrigées, pour consultation, à tous les étudiants qui en font la demande, mission qui échoit habituellement au service de la scolarité. Ou de créer les liens Zoom correspondant aux différents cursus pour accueillir les visiteurs virtuels des journées portes ouvertes. « Je ne suis ni communicant ni chef de service administratif, tonne le professeur de droit. La conséquence, c’est que des collègues ne participeront pas à cette journée car ils ont l’impression de ne jamais s’en sortir et que, chaque semaine, s’ajoute une demande supplémentaire. » Les réunions au sein du département de droit ont pris un tour nouveau, loin des échanges feutrés d’avant. « C’est l’affect qui prend le dessus, le burn-out est bien réel », conclut Sébastien Saunier.