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De nouveaux locaux pour la Maison des Sciences de l’Homme et l’E.H.E.S.S. - MESR, 7 janvier 2011
samedi 8 janvier 2011
Mesdames et Messieurs,
Vous étiez nombreux, je le sais, à attendre avec une certaine inquiétude cette date fatidique du 1er janvier 2011, qui marquait bien sûr le début d’une nouvelle année que je vous souhaite aussi belle et gratifiante que possible sur les plans personnel et intellectuel. Mais il marquait aussi et surtout le point de départ d’une nouvelle étape de l’histoire de vos établissements, de votre histoire.
L’inquiétude, je le crois, a laissé la place à votre détermination de faire de ce beau bâtiment un vrai et grand lieu de recherche. C’est mon sentiment, après avoir parcouru avec vous ce vaste espace qui est désormais le vôtre et échangé avec certains d’entre vous. Bien sûr, jusqu’au dernier moment, vous avez dû vous mobiliser pour parer à tous les imprévus qui accompagnent un déménagement et l’entrée dans de nouveaux murs. Et bien sûr, vous n’avez pas encore pris toutes vos marques et tous les cartons ne sont pas encore ouverts, loin s’en faut.
Mais l’essentiel est là : ce déménagement, qui a longtemps plané comme une ombre sur l’avenir de ces trois joyaux des sciences de l’homme et de la société que sont l’EHESS, l’EPHE et la FMSH, eh bien, il est désormais derrière vous. Et si j’en crois tous vos témoignages, il s’est passé dans de très bonnes conditions.
Je devine aisément le soulagement qui est aujourd’hui le vôtre. Je sais la somme d’efforts et de travail qu’a représenté pour vous la préparation de ce déménagement tout au long de l’année 2010, et ce jusqu’aux derniers jours du mois de décembre dernier qui ne furent pas les moins éprouvants.
C’est pourquoi je tenais avant toute chose à saluer la mobilisation de chacun d’entre vous, et en particulier celle des équipes administratives et des personnels de vos établissements. Grâce à eux, grâce à vous tous, ce projet de relogement, ici avenue de France, a pu être mené à bon port.
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Et j’en suis particulièrement heureuse, car ce projet, vous le savez, je l’ai suivi et accompagné, dès l’origine, avec une attention et un intérêt tout particulier.
A l’origine de tout, il y avait la nécessité de désamianter enfin le site historique du boulevard Raspail. Ces travaux, cela faisait des décennies qu’ils étaient différés, avec une conséquence majeure : faute d’entretien, devenu trop risqué du fait de l’amiante, l’état des lieux s’était dégradé et l’accumulation des problèmes sanitaires et matériels avait fait perdre beaucoup de son éclat à la belle maison de Fernand Braudel.
Pour que ce symbole du rayonnement et de la vitalité des sciences humaines et sociales françaises ne donne pas le sentiment d’un déclin, il fallait agir : c’est ce que nous avons fait ensemble, en décidant d’engager, enfin, le désamiantage et la rénovation du 54 boulevard Raspail.
Mais pour cela, encore fallait-il vous accueillir sur un site qui vous permette de travailler dans de bonnes conditions et qui préserve non seulement l’élan collectif qui anime les équipes de la FMSH et de l’EHESS, mais aussi le tissu intellectuel qui vous unit aux autres établissements-phares des sciences humaines et sociales d’Ile-de-France.
Il nous a fallu un peu de temps, mais avec ce site, situé au cœur du pôle de Tolbiac, à deux pas de la Bibliothèque nationale de France, de Paris 7 et de Paris 1, nous avons trouvé une solution de relogement presque idéale. Vous le savez, j’ai résolument soutenu ce choix, dans lequel l’Etat s’est engagé à hauteur de 9 millions d’euros.
Je l’ai fait par conviction et avec d’autant plus de plaisir que ce passage par le « France » était une belle occasion de renforcer un peu plus encore ce tissu intellectuel que j’évoquais à l’instant : la FMSH et de l’EHESS vont en effet y retrouver l’école pratique des hautes études, celle-là même dont elles sont issues quand l’ancienne 6e section est devenue un établissement à part entière.
Et ce trio s’est encore enrichi avec la présence du CNRS, avec l’arrivée prochaine d’enseignants-chercheurs et d’étudiants venus de la Sorbonne, et je n’oublie pas, bien entendu, l’installation en ces murs du siège du PRES Sorbonne Paris Cité.
C’est en quelque sorte un nouveau Quartier latin qui va se reconstituer ici et j’y vois, pour ma part, un très beau symbole : de ce moment transitoire, nous avons su faire aussi une occasion de rendre encore plus visibles l’unité et le rayonnement des humanités et sciences sociales.
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Alors bien entendu, la situation est provisoire : la grande majorité des équipes concernées, à commencer par celles de la MSH et de l’EHESS, ne resteront pas indéfiniment au « France ». Il n’empêche : ce passage par Tolbiac n’est pas une simple parenthèse. Il marque, à mes yeux, une étape forte de la dynamique d’ouverture et de regroupement qui anime les sciences humaines et sociales françaises. Et cette dernière, elle, n’a rien de provisoire.
C’est pourquoi je serai dans les mois qui viennent tout aussi attentive et impliquée dans la préparation de l’après-Tolbiac que je l’ai été dans la préparation du relogement. .
Et l’après Tolbiac c’est bien sûr aussi dans les murs rénovés du 54 boulevard Raspail qu’il s’écrira. Et vous pouvez compter sur moi, pour surveiller de près l’état d’avancement des travaux. Car je sais combien la grande majorité d’entre vous sont attachés à cet édifice chargé d’histoire et de culture, à son architecture pionnière aussi, symbole d’un esprit éternellement visionnaire et avant-gardiste.
Je partage cet attachement à ce haut lieu de la pensée libre française. Car j’y vois un signe de fidélité à un certain héritage, celui d’un Lucien Febvre et d’un Fernand Braudel, dont la vision ouverte et profondément interdisciplinaire de la recherche en sciences humaines et sociales continue aujourd’hui encore d’incarner l’avenir de ces disciplines.
Et c’est par fidélité à cet esprit que j’ai énergiquement soutenu le très beau projet de Campus Condorcet, cette Cité des sciences humaines et sociales qui verra le jour à Aubervilliers et qui sera, demain, l’autre cœur battant de nos humanités et de nos sciences sociales.
Derrière la création de l’EHESS et de la première des Maisons des sciences de l’homme, il y a en effet un projet scientifique visionnaire. Mais il y aussi des moyens pour le réaliser : des moyens financiers, des moyens matériels et, tout simplement, de l’espace.
Ce qui a fait, dès l’origine, le prestige de l’EHESS et de la FMSH, c’est l’alliance du talent scientifique et d’un environnement matériel exceptionnel. La bibliothèque, les bureaux, les salles, c’est aussi tout cela qui a permis aux grands esprits dont vous êtes aujourd’hui les héritiers de concevoir ensemble des travaux et des œuvres qui ont marqué à jamais l’histoire de notre pensée et de notre culture.
Pour m’exprimer dans un langage qui connaissait alors son heure de gloire, l’infrastructure et la superstructure vont de pair. Et c’est pourquoi je suis fermement convaincue que l’avenir de l’EHESS et de la FMSH passe par Condorcet. Car la future cité des humanités et des sciences sociales vous offrira ces conditions d’études que le site historique du boulevard Raspail ne pouvait plus proposer à nombre d’entre vous.
Le « 54 » est et restera votre port d’attache. Mais c’est à Condorcet que vous pourrez vivre un autre moment historique et faire prendre vraiment prendre le large aux humanités et aux sciences sociales françaises. Condorcet c’est bien sûr l’éclosion d’une cité qui rassemblera les forces de 8 de nos plus belles institutions d’enseignement et de recherche, mais c’est surtout l’aventure du pôle humaniste à visibilité mondiale que notre pays attendait.
Ma conviction, c’est en effet qu’à Condorcet, autour d’une bibliothèque exceptionnelle qui rendra très largement accessible les collections remarquables que vous y apporterez, eh bien, à Condorcet, le petit miracle qui s’est produit boulevard Raspail pourra s’accomplir à nouveau.
La conjonction des talents, des disciplines et d’un environnement digne d’eux démultipliera, j’en ai la certitude, les effets de l’effervescence intellectuelle qui règne, depuis longtemps déjà, boulevard Raspail. Et c’est pour cette raison que l’Etat a décidé de consacrer 450 millions d’euros à ce projet sans pareil.
Mais au-delà du campus et de tous les efforts immobiliers que nous consentirons pour vous donner les meilleures conditions possibles de recherche, c’est la force de vos projets, qui feront la force de votre rayonnement scientifique
Je ne le perds de vue à aucun moment, et d’ailleurs comment le pourrais-je, devant cette assemblée qui rassemble les membres de certaines de nos meilleures équipes, mais aussi des porteurs d’Equipex, de Labex, d’Idex, devant des chercheurs qui ont bien raison de croire en leur excellence et de relever le défi des investissements d’avenir.
Je suis aussi venue vous dire cela aujourd’hui :
à moi de vous offrir les conditions de vie et de travail à la hauteur des standards internationaux – et je sais qu’il reste encore beaucoup à faire ;
Et à vous d’oser le rassemblement de vos forces, l’évaluation internationale, le changement,
Votre installation au France témoigne d’une communauté des humanités et des sciences sociales tournée vers son avenir, avec audace et avec confiance.
Je continuerai d’être à vos côtés, avec audace je l’espère, mais surtout dans la confiance.
Je vous remercie.
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