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Pécresse ne lâche rien - par Jade Lindgaard, Médiapart, 4 février 2009

mercredi 4 février 2009, par Laurence

Pour lire l’article et voir la vidéo du lancer de chaussures sur le MESR,le 3 février, sur le site de médiapart.

Au lendemain du vote de la grève « générale, illimitée, reconductible » par la coordination nationale des universités, réunissant les représentants de 74 établissements, la ministre de l’enseignement supérieur reste droite dans ses bottes. Malgré une pluie de chaussures qui s’est abattue mardi, devant son ministère.

Plusieurs dizaines de professeurs et maîtres de conférences étaient venus réclamer le retrait d’un projet de décret de la loi Libertés et responsabilités des universités (LRU) modifiant leurs conditions de travail, et la suspension de la réforme de la formation des enseignants du secondaire et du primaire. Mais Valérie Pécresse a exclu tout recul. Le décret est maintenu, et les contestataires sont invités à « prendre le temps de lire » la version légèrement modifiée – par rapport à sa version antérieure – que le ministère a transmise vendredi 30 janvier au conseil d’Etat.

La communauté universitaire entendait aussi manifester sa colère après le discours de Nicolas Sarkozy du 22 janvier dénonçant un système « paralysant et infantilisant ». La transmission in extremis vendredi du projet de décret de la LRU sans nouvelle concertation des syndicats et associations a achevé d’exaspérer nombre d’entre eux. Alors, en référence au geste d’un journaliste irakien devenu mondialement célèbre pour avoir envoyé son soulier à la figure de George Bush lors d’une conférence de presse, c’est donc une pluie de pompes en tous genres (tongs, mocassins, tennis roses d’enfants...) qui s’est abattue sur la rue Descartes. Sous le regard incrédule des passants et sous bonne escorte policière.

Seul geste d’ouverture en direction des grévistes : la ministre va demander aux présidents d’université – qu’elle reçoit mercredi 4 février – de plancher sur « une charte » garantissant la bonne application de la LRU. Les universitaires sont particulièrement inquiets du pouvoir accru sur leur carrière que la loi accorde aux présidents d’établissements. Désormais, ils pourront en effet décharger d’une partie de leurs heures de cours les personnels « bien évalués » pour leur permettre de se consacrer à leur recherche.

Envois massifs de courriers à l’Elysée

Dans les universités, la grève votée hier se poursuit même s’il est difficile de prédire l’ampleur qu’elle prendra étant inégalement suivie d’une faculté à l’autre. Mais selon le Snesup-FSU (syndicat majoritaire) « près d’un enseignement sur deux n’était pas assuré mardi ».

Par ailleurs, la ministre a insisté sur le caractère facultatif de la modulation de services qu’instaure le projet de décret. « C’est une faculté accordée aux universités, et non une obligation. Certaines s’en serviront mais d’autres n’en auront pas besoin », a-t-elle expliqué mardi matin lors d’une conférence de presse sur le plan de relance dans l’enseignement supérieur. Elle a en revanche réfuté la moindre suppression de postes dans l’enseignement supérieur. C’est pourtant l’un des arguments récurrents des grévistes : la dénonciation de la disparition de plus de 1000 emplois, essentiellement dans les organismes de recherche (avec nécessairement des répercussions sur les laboratoires mixtes). Pour la ministre, il ne s’agit que d’un « redéploiement de moyens ».

L’annonce du plan de relance de 731 millions d’euros – comprenant notamment 47 millions d’euros pour le logement et la restauration universitaire, près de 400 millions pour la rénovation des bâtiments des facultés, 46 millions pour les grandes infrastructures de recherche comme le Synchroton soleil – n’a pas permis de faire oublier le mouvement de contestation dans les universités.

De nouvelles assemblées générales se sont tenues dans les universités grévistes. Une manifestation est prévue jeudi, jour de la venue de Valérie Pécresse à l’université de Strasbourg, visite qui pourrait être chahutée.

Enfin, à l’appel de Sauvons la recherche, des scientifiques commencent à préparer l’envoi de leurs publications scientifiques à l’Elysée par courrier afin de « se faire évaluer par la présidence de la république ». D’autres initiatives de ce genre pourraient fleurir dans les jours qui viennent.