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Présidents d’universités et directeurs d’IUFM condamnent les propos "insultants" de Darcos, par Sylvestre Huet, Libéblog, Sciences², 14 février 2009

samedi 14 février 2009, par Mathieu

Pour lire l’article sur le blog de Sylvestre Huet.

Les déclarations de Xavier Darcos sur RMC continuent de faire des vagues. La CPU (Conférence des Présidents d’Université) et la CDIUFM (Conférence des Directeurs d’IUFM) ont publié hier un communiqué commun sans pitié pour le ministre de l’Education nationale.

Ils y soulignent le «  caractère méprisant  » de son discours, et y voient des «  contre-vérités  ». Le mot courtois en vigueur dans la sphère publique pour désigner un mensonge... D’ailleurs, pour être certains d’être compris, ces présidents et directeurs, où les gauchistes virulents sont rares, ont sorti le gros mot, et affirment qu’il « est donc totalement mensonger de prétendre... ».

Cette déclaration commune permet de prendre conscience du fossé que les deux ministres en charge de l’enseignement ont creusé entre le gouvernement et les personnels. Les « corps intermédiaires » craquent, n’assument plus leur rôle de tampon, d’amortisseur des conflits. Pris entre les charges, parfois violentes, des ministres, et la colère des personnels, ils finissent par se rallier à ces derniers, même s’ils n’étaient pas loin de partager certaines des options du pouvoir.
Ainsi, de plus en plus de Présidents d’Université se trouvent dans l’obligation de voter ou de laisser voter par leurs conseils d’université des motions demandant le « retrait » de textes gouvernementaux en préalable à toute négociation. Un cas exemplaire : l’Université de Strasbourg, nouvel établissement créé par la fusion des trois universités de la capitale alsacienne.

Son président, Alain Beretz, s’était fait élire sur une liste favorable aux réformes gouvernementale. Il a du, pour ne pas perdre tout crédit chez ses collègues, réunir en congrès les trois conseils de l’université qui ont voté une motion demandant « le retrait » des textes des ministres et soutenu les revendications des la coordination nationale des universités en grève.

Voici le communiqué commun de la CPU et de l’CDIUFM

La CPU et la CDIUFM dénoncent les contre-vérités des déclarations du Ministre de l’éducation nationale et le caractère méprisant de ses propos, tout en rappelant leur attachement commun à une formation des maîtres de qualité sanctionnée par un diplôme de master.

Les présidents d’université et les directeurs d’IUFM considèrent que les propos du Ministre insultent tous les personnels aujourd’hui engagés dans une formation des maîtres qui répond à un cahier des charges national et qui est évaluée par une commission nationale présidée par un recteur.

Cette formation fait alterner des activités de formation et d’enseignement avec : un stage en responsabilité dans un des cycles de l’école primaire d’une durée de trente jours, à raison d’un jour par semaine et deux stages en responsabilité de trois semaines chacun dans les autres cycles de l’école primaire, pour les professeurs des écoles ; un stage en responsabilité représentant de 6 à 8 heures par semaine en collège ou en lycée pour les enseignants du second degré.

Il est donc totalement mensonger de prétendre que « temps à autre, ils vont remplacer un professeur absent » et de comparer cette formation à une vulgaire simulation de vol. Les présidents d’université et les directeurs d’IUFM rappellent que le ministère de l’éducation nationale n’a pas apporté toutes les réponses qu’il s’était engagé en septembre à fournir très rapidement, que les maquettes des concours n’ont été connues qu’en décembre et les premières modalités de stage à la mi-janvier. Ces délais tardifs et ces imprécisions ont largement contribué à empêcher un travail serein sur les programmes de masters.

Présidents d’université et directeurs d’IUFM réaffirment ensemble leur attachement de fond à une formation des enseignants universitaire et professionnalisée et ne considèrent pas qu’une réflexion collective et approfondie sur la formation des maîtres du 21ème siècle relève d’une « discussion sibylline ».