Accueil > Revue de presse > "La Sorbonne occupée par 200 étudiants... une courte nuit", par Sylvestre (...)

"La Sorbonne occupée par 200 étudiants... une courte nuit", par Sylvestre Huet, Libéblog, Sciences², 20 février 2009

vendredi 20 février 2009, par Elie

Pour lire cet article sur le blog de Sylvestre Huet.

Hier soir, après la manifestation parisienne, environ 200 étudiants ont pénétré par surprise dans la Sorbonne pour l’occuper. Est-ce le signe de ce que Jean-Baptise Prévost, président de l’UNEF pressentait lorsqu’il me confiant, hier, « si Valérie Pécresse persiste dans son silence coupable, les choses vont devenir incontrôlables » ? On peut voir des images de cette initiative sur Rue89. Les étudiants ont été évacués durant la nuit par la police.

Déjà, lors de la manifestation du 5 février, les CRS avaient été débordés, et la Sorbonne était passée à deux doigts de l’occupation.
Jusqu’à présent, les étudiants n’avaient recours ni à l’occupation ni au blocage des facultés. Pour une raison simple : la grève des cours étant organisée par les enseignant eux mêmes, et massive, il n’était pas utile de s’engager dans de telles initiatives qui comportent toujours le risque de dégénérer ou de discréditer un mouvement social devant l’opinion publique.

Cette occupation montre que les universitaires et les étudiants sont devant un débat quant à la suite de leur mouvement. Après deux semaines de grève massive, ils n’ont pour l’instant pratiquement rien obtenu. Xavier Darcos maintient mordicus sa réforme des concours de recrutement des enseignants, et refuse même l’idée d’un report d’un an pour la revoir. Nicolas Sarkozy a interdit à Valérie Pécresse toute concession sur les postes pour les universités (enseignants et personnel technique et administratif), et la ministre mène un combat d’arrière garde pour limiter au maximum la réécriture pourtant inéluctable du décret sur le statut des universitaires.

Dans un tel contexte, universitaires, chercheurs et étudiants sont face à une question : comment conserver l’unité de leur mouvement, caractérisé par une très large assise qui va jusqu’à des organisations et personnalités au départ plutôt bienveillantes à l’égard des réformes gouvernementales ? « Durcir le ton », avait conseillé Georges Molinié, le président de l’université Paris-4. C’est manifestement le but des occupants de la vénérable institution... mais comment le faire sans se couper des modérés dont l’apport est indispensable à la victoire, c’est la question du jour, de la coordination nationale des universités qui se réunit aujourd’hui à Nanterre.