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V. Pécresse et X. Darcos prêts à brader le diplôme de master ! Communiqué de SLU (10 mai 2009)

mardi 12 mai 2009

La volonté des ministères de mettre en place à tout prix la réforme de la formation et du recrutement des enseignants du primaire et du secondaire (« masterisation ») alors que toutes les universités publiques ont refusé de mettre en place des maquettes de master pour ces nouvelles formations conduit à des décisions extravagantes et met en cause l’équilibre et la diversité de l’offre de formation au niveau master dans les universités françaises.

En effet, dans le cadre des discussions en cours entre des syndicats et les ministères de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur et de la recherche, une proposition curieuse vient d’être avancée : attribuer une première année de master (M1) à tout étudiant qui se serait inscrit à une préparation à un concours de recrutement, même s’il ne réussit pas ce dernier !

Une telle décision est susceptible d’avoir des conséquences graves à court terme.

1. Mécaniquement, elle produira une disparition de nombreux masters, notamment dans certaines disciplines comme les mathématiques ou les lettres et sciences humaines puisqu’il suffira de s’inscrire dans une préparation à un concours pour décrocher un M1.

2. Mécaniquement, elle affaiblira encore plus, de la sorte, le secteur de la recherche dans les universités de taille moyenne qui pourraient ainsi tendre à se « spécialiser » dans la seule formation des enseignants au niveau master et perdre leurs écoles doctorales.

3. Mécaniquement, elle rendra immédiatement visible et effective l’existence d’un contingent important de « reçus-collés » qui auront leur M1 sans avoir été reçus au concours de recrutement.

En outre, si on ajoute que cette mesure « transitoire » catastrophique pourrait bien être reconduite faute d’élaboration à temps de maquettes de masters d’enseignement, elle revient à inventer un nouveau moyen de pression pour obliger les universités à préparer des maquettes de master pour la formation des enseignants alors qu’elles ont refusé de le faire.

Le prix à payer pour la reconnaissance légitime d’un niveau de formation plus élevé pour les étudiants qui auront échoué au concours ne saurait être d’imposer la mastérisation des formations telle que l’entend le gouvernement actuel. Cette mesure apparemment limitée relève donc d’une manipulation et illustre les effets néfastes de l’opacité et de la précipitation qui marquent encore et toujours l’action des ministères concernés.

Un autre exemple de ce type de manoeuvres est la mise en place des « groupes de travail » et de la commission ad hoc créés par le gouvernement. Un petit nombre de réunions a été prévu dont la durée ne permet en aucun cas de réfléchir sérieusement à la formation et au recrutement des enseignants. En outre, prévaut, ici comme ailleurs, le principe d’une segmentation des questions interdisant toute appréciation d’ensemble. Une commission (Marois-Filâtre) semble chargée de mettre en musique l’ensemble mais on ne sait pour l’heure que deux choses de cette instance : les noms de ceux qui la dirigent et le temps extrêmement limité qu’elle pourra consacrer à ses travaux puisqu’elle devra rendre ses conclusions le 15 juillet. Tout cela ressemble fort à l’éphémère mission de médiation sur le statut des enseignants-chercheurs en février dernier dont on a pu constater qu’il s’agissait d’une simple affaire de communication (on se demande d’ailleurs où est passée la médiatrice en question). Même la CPU, qui a pourtant placé l’un des siens à la tête de ladite commission semble l’avoir compris dans son communiqué du 7 mai 2009 sur la question. Tout cela n’est pas le gage, une fois de plus, d’un processus susceptible d’être accepté par une majorité des acteurs de cette formation...

C’est pourquoi, en réponse à la Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche qui s’indigne de l’éventualité qu’advienne une validation des connaissances en mai-juin 2009 « alors que les enseignements n’auraient pas été délivrés normalement » (entretien publié le dimanche 3 mai), SLU demande : qui brade les diplômes ?