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Étudiants : consultation de Jean-Baptiste Prévost (Président UNEF) - Médiapart, 27 mai 2009

dimanche 31 mai 2009, par Laurence

Jean-Baptiste PREVOST, Président de l’UNEF, traite exclusivement de l’enseignement supérieur. Il brosse un tableau assez sombre de la situation de l’université. Nous nous orientons vers la baisse du nombre d’étudiants et de diplômés dans les années à venir, alors que notre économie manque, précisément, de salariés diplômés et disposant d’une formation supérieure. L’université reste au cœur d’un système de reproduction sociale injuste. L’ascenseur social demeure en panne et le taux d’échec, en premier cycle universitaire, atteint ou dépasse les 40 %. En outre, les universités connaissent toujours un problème de sous financement public chronique. Il y a creusement des disparités territoriales et sociales dans un cadre de « défausse » gouvernementale. Voir la vidéo

Le Président de l’UNEF estime qu’il faut fixer des objectifs ambitieux tant qualitatifs que quantitatifs. La perspective de 50 % d’une génération diplômée (niveau licence) lui paraît indispensable.

D’une manière générale, Jean-Baptiste PREVOST estime qu’il faut ouvrir le débat sur la carte universitaire ; il n’est pas hostile aux principes de certaines fusions sur des bases délibérées et volontaires. Surtout, il réclame une rupture avec le sous financement du premier cycle universitaire qui est à l’origine aujourd’hui d’une vraie sélection et d’une véritable ségrégation sociale. L’université doit mettre au cœur de son projet la réduction des inégalités sociales et passer à un autre modèle que celui issu de l’immédiate après-guerre lorsque le nombre d’étudiants ne dépassait pas 150 000.

Le premier responsable de l’UNEF confirme sa prise de position sur la mise en place d’une allocation d’autonomie afin d’améliorer les conditions de vie des étudiants et de réduire, autant que possible, la proportion d’étudiants salariés : en effet, le salariat en milieu étudiant contribue à l’augmentation du taux d’échec.

Interrogé sur la dualité grandes écoles/universités, Jean-Baptiste PREVOST rappelle son souci d’intégrer en premier lieu, les classes préparatoires dans le giron de l’université. Il manifeste, par ailleurs, un certain scepticisme vis-à-vis du développement des filières courtes, considérant que l’heure n’est pas à la sélection, au moment où notre pays manque de diplômés. Il suggère une politique d’augmentation de l’étudiant, moyennant un suivi pédagogique beaucoup plus individualisé, en particulier en première année universitaire. Il estime que la création d’un service d’orientation indépendant est indispensable. Il refuse la notion « d’orientation/découragement ».

Suite à une question sur l’allocation d’autonomie, il rappelle qu’il est favorable à une allocation autonomie fondée sur un principe d’accès universel. L’augmentation du nombre d’étudiants et la progression de la réussite universitaire constituent un investissement et une richesse pour le pays. Il faut absolument conjurer l’ampleur de l’échec universitaire qui renvoie à celui des universités ; sachant que la question sociale est au cœur de l’échec universitaire.

Enfin, Jean-Baptiste PREVOST, interpellé sur le problème de l’éventuelle majoration des frais d’inscription, précise son hostilité à une telle démarche qui, dans le contexte actuel, ne ferait qu’accroître la sélection par l’argent.