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Universités : la réforme de l’autonomie à marche forcée - Maxime Amiot, Les Échos, 10 août 2009

mardi 11 août 2009, par M. Homais

Deux ans après l’adoption de la loi, 18 universités sont déjà autonomes. Une avancée rapide, qui continue néanmoins de soulever de vives critiques dans le monde universitaire. [NB : la carte est sur le site des Echos]

Promulguée il y a deux ans jour pour jour, la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) surprend par sa vitesse de réalisation. Votée moins de trois mois après l’arrivée de Valérie Pécresse à son ministère, elle a déjà permis à 18 premières universités d’accéder, au 1 janvier dernier, à des responsabilités et compétences élargies. L’an prochain, 33 nouvelles élues franchiront cette étape. L’objectif de la loi est que l’ensemble des établissements deviennent autonomes d’ici à 2013.

Si dans un premier temps, la réforme s’est surtout centrée sur le changement de gouvernance des universités - leurs conseils d’administration sont passés de 20 à 30 membres contre 40 à 60 auparavant, et ont accru la représentation de personnalités extérieures (collectivités territoriales, entreprises) -, ces derniers mois ont permis d’entrer dans le vif du sujet. Dans les universités autonomes, les agents sont désormais rémunérés par leur établissement, et non plus par l’Etat. Conséquence : les présidents peuvent aménager les postes comme ils l’entendent, et mettre en place des primes pour certains personnels. La loi les autorise aussi à recruter des contractuels en CDI. « J’ai par exemple attiré un DRH venu d’un autre ministère, des contrôleurs de gestion issus du privé, ainsi que des spécialistes de l’audit interne… Cela permet de se doter de nouvelles compétences », relève Jean-Pierre Finance, président de l’université Henri-Poincaré, à Nancy.

Recrutements plus rapides

Même révolution dans le recrutement d’enseignants : tandis qu’auparavant, les recrutements devaient passer devant une commission de spécialistes, nommée pour quatre ans et réunie à date fixe, ils sont désormais jugés par un comité de sélection, composé pour moitié de représentants extérieurs à l’université. « On gagne en rapidité puisque ces comités se réunissent immédiatement. Auparavant, les postes étaient laissés vacants pendant des mois en attendant la réunion de la commission », relève Michel Deneken, premier vice-président de l’université de Strasbourg.

Certains sujets sont moins avancés. Les bureaux d’aide à l’insertion professionnelle, BAIP, imposés par la loi pour accompagner les étudiants dans leur recherche d’emploi, sont encore rarement opérationnels dans les campus. Autre chantier, la dévolution du patrimoine, qui doit permettre aux universités de devenir propriétaire de leurs biens fonciers. Pour l’heure, neuf universités y sont candidates.

Rentrée sous haute tension

Autant de bouleversements qui, dès l’origine, ont provoqué l’opposition de nombreux enseignants et étudiants, conduisant à différents blocages. Lors de la fronde des enseignants-chercheurs de cet hiver contre le décret réformant le statut de la profession, nombre de voix s’étaient élevées pour exiger l’abrogation de la loi.

Parmi les motifs de contestation, le nouveau système de gouvernance, accusé d’accorder trop de pouvoir au président. De même, la possibilité de mettre en place des fondations privées - 65 millions ont déjà été récoltés par ce biais - inquiète ses détracteurs. « Les mécènes vont exiger que ces fonds soient utilisés au bénéfice de certaines recherches. On entre ici dans une logique utilitariste, où l’on n’hésite pas à abandonner les filières les moins attractives. Au final, on a une concurrence exacerbée entre universités, doublée d’un désengagement de l’Etat », relève Stéphane Tassel, secrétaire général du Snesup. Le syndicat, comme d’autres, promet une rentrée sous haute tension.

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