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Mastérisation : une circulaire et une réunion pour rien ! Communiqué d’AutonomeSup, 11 décembre 2009

vendredi 11 décembre 2009, par Mathieu

AutonomeSup a déjà exprimé à plusieurs reprises sa grande inquiétude concernant les projets de réforme des concours de recrutement des professeurs du premier et du second degré et leurs incidences sur les masters universitaires. La dernière circulaire du Ministère de l’Enseignement supérieur et la rencontre avec les syndicats mercredi dernier 9 décembre n’ont fait qu’accroître notre inquiétude. La communauté universitaire attendait une circulaire de cadrage fixant un certain nombre de règles pour assurer au diplôme national de master un minimum de cohérence nationale. Or cette circulaire ne cadre rien. Pour faire bref, on peut dire qu’elle laisse aux universités toute liberté… pour résoudre la quadrature du cercle ! Cette circulaire demande en effet aux universités de concevoir des masters « généralistes » uniques qui, dans le même temps

- donnent aux étudiants une initiation à la recherche suffisante pour pouvoir s’engager dans un doctorat (ce qui suppose un ou deux mémoires de recherche de haut niveau) ;

- assurent la préparation aux épreuves disciplinaires des concours de recrutement ;

- assurent la préparation aux épreuves professionnelles (nouvelles) des dits concours ;

- intègrent deux ou trois stages dans l’enseignement scolaire, dont un en responsabilité avec un rapport pouvant être pris en compte ;

- permettent une réorientation professionnelle avec une autre formation professionnelle au quatrième semestre pour ceux qui ne seraient pas admissibles aux concours, avec pour ces étudiants un stage en entreprise (à organiser en catastrophe au dernier moment).

Sur ce dernier point, les propositions du Ministère laissent songeur : on nous a parlé de préparer au BAFA au dernier semestre du master (avec cinq ans d’enseignement supérieur), à moins que le master dans son ensemble ne doive aussi préparer à d’autres métiers de la formation dont le BAFA ! Sur ce point comme pour beaucoup d’autres, les positions du Ministère sont confuses. Aucune université ne pourrait répondre en un seul master à un tel cahier des charges. Comme nous le répétons depuis longtemps, seule une organisation en Y, explicitement écartée par certains responsables de nos ministères, pourrait, en distinguant clairement deux (voire plusieurs) masters à partir du troisième semestre, répondre aux diverses demandes présentées par nos ministères. Mais l’entêtement de ces ministères aboutirait à une nouvelle crise, d’une gravité exceptionnelle. Rappelons enfin que la communauté universitaire ne pourrait accepter une réforme des concours qui en réduirait le contenu disciplinaire, voire le nombre de disciplines, alors qu’on prétend, en allongeant la durée des études, améliorer la formation des futurs professeurs. Actuellement, on ne voit plus aucune cohérence dans les projets ministériels. Alors que les réformes du Ministère tendent à retirer toute autonomie administrative et pédagogique aux composantes des universités (UFR, IUT…), le Ministère leur demande de résoudre tous les problèmes que posent ses exigences contradictoires et démesurées.

Paris, le 11 décembre 2009
Michel GAY, secrétaire général d’AutonomeSup
Jean-Louis CHARLET, président d’AutonomeSup