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Revue de presse britannique sur la situation de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (mise à jour 28 avril 2010)

mercredi 21 avril 2010, par Elie

Merci à la personne qui nous a envoyé cette revue de presse sans souhaiter que son nom apparaisse.

- Ajout du 28 avril : le financement des universités dans la campagne

Le débat sur le financement des universités est moins vif que lors de la précédente campagne, en partie dans l’attente d’un important rapport sur la question à l’automne prochain. Cependant de nouvelles solutions de financement sont discutées.
Voir une tribune parue dans The Guardian

Voir aussi cette prise de position parue dans le Guardian contre l’augmentation des frais d’inscriptio

Et l’article du Times Higher Education

- Ajout du 21 avril : ça gronde à Cambridge

Le mode de "gouvernance" de l’université de Cambridge, qui s’apparente
sur certains points à une démocratie directe, aurait pu servir de
modèle au vu des succès scientifiques de cette université. Il n’en est
malheureusement rien :

http://www.timesonline.co.uk/tol/life_and_style/education/article7101073.ece

Sur des questions importantes comme les licenciements, l’ensemble du
corps académique (Regent House) doit voter, d’abord sur le principe et
sur les départements touchés, puis ensuite sur les personnes. Un
amendement propose de réduire ce vote à un vote déclarant une
situation de licenciements, et où l’administration déciderait ensuite
des départements et des personnes concernés. La communauté académique
de Cambridge s’émeut de cette évolution managériale.


- En 2008-2009, les universités avaient vu leurs revenus augmenter de près de 8% par rapport à 2007-2008.

Si les coupes de 2010 ont été importantes, c’est donc vraisemblablement a cause de problèmes structurels plus graves que certaines ont connues des difficultés, ou parce que leurs présidents ont voulu profiter d’une soi disant crise pour leur imposer une thérapie de choc. Même l’agence financière Moody’s semble plutôt optimiste.

- Deux textes tentent de faire le bilan de la mobilisation à l’université de Sussex. L’un, sur le site de "Naked Punch", s’intéresse à la stratégie d’occupations des étudiants.

L’autre, paru sur le site des anarcho-syndicalistes de Solfed, fait le bilan de la mobilisation et de la convergence étudiants-travailleurs.

- En pleine campagne électorale, regard sur les questions universitaires : les conservateurs, s’ils sont élus, retarderaient (supprimeraient ?) l’évaluation quadriennale.
Ils instilleraient plus de liberté (libéralisme ?) en supprimant les contrôles tatillons instaures par les travaillistes, mais institueraient un niveau minimal pour les futurs enseignants.

Sur le front des élections, c’est un véritable déchainement en ce qui concerne les écoles primaires. Les conservateurs encourageraient, avec des subventions publiques la création d’écoles organisées en coopératives, sous l’impulsion des parents mais aussi d’enseignants et surtout de compagnies privées.

Le Labour propose de permettre aux parents de décider de changer la direction et la tutelle d’une école par un vote.
Les nouvelles directions seraient choisies sur une liste de "fournisseurs accrédités d’éducation" comportant des universités ou des "fédérations" d’écoles. Bref, des mesures qui pourraient s’apparenter à l’élection des responsables demandée dans de vieux programmes socialistes, mais revisitées par le goût marchand.

- Le 30 mars était un jour de grève à King’s College :
205 emplois menacés par les experimentations
budgétaires des managers universitaires, dont des professeurs renommés du département de philosophie mais aussi la fermeture du département de sciences de l’ingénieur.

- De manière plus générale, la grève pour la défense de la stabilité de l’emploi et une augmentation de salaires est au menu des discussions syndicales

- Dans le cadre du debat sur l’augmentation des frais d’inscriptions, un
article de la BBC enquête sur la situation aux Etats-Unis ou ils sont extrêmement élevés

- La croissance des postes d’administration managériale dans les universités

- Et les conséquences sur l’université de Newcastle

- Au Royaume-Uni certains se plaignent des étudiants "easyjet" qui viennent d’Europe centrale ou de l’Est :
voir l’article du Times

- Un nouveau point sur les budgets des universités :

La publication par le HEFCE (Higher Education Funding Council for Europe) de la dotation des établissements

un article du Guardian

un article du Times

un blog sur le site de la BBC

Les coupes budgétaires du gouvernement n’expliquent pas tout et la politique des universités est aussi en cause

- Une liste (probablement incomplète) des universités qui vont faire l’objet de licenciements a été mise en ligne : Overview of threatened Cuts in Higher Education. This shows the list of universities with 25 or more redundancies currently planned.

- Un blog dédié au mouvement national contre les licenciements et l’augmentation des frais d’inscriptions a été créé : "National Campaign Against Fees and Cuts".

This is the blog for the National Convention Against Fees and Cuts. The Convention will be taking place on the 6th of February and it aims to bring together all the different campaigns going on at campuses around the country that are facing cuts ; and all students who are fighting against tuition fees.

On y trouve une liste des actions menées en ce moment.

- Une première victoire à l’université de Leeds, où les plans de restructurations sont suspendus.

- http://news.bbc.co.uk/1/hi/england/west_yorkshire/8534975.stm

- http://www.ucu.org.uk/index.cfm?articleid=4455

Plusieurs centaines d’emplois étaient en jeu et la section locale de la puissante UCU - University and College Union (qui revendique 100.000 adhérents) avait appelé à la grève. Un si soudain recul risque cependant de renforcer dans leur opinion les tenants de la "thérapie de choc" (l’utilisation de la crise financière pour faire des réformes qui n’étaient pas justifiées). Du coup, un vote de consultation sur la grève est organisé au King’s College, où l’université veut licencier (205 emplois concernés pour l’instant) et restructurer alors qu’elle rachète une aile de la très prestigieuse Somerset House :

Mise en place du vote de consultation sur la grève à King’s college, qui durera du 4 mars au 22 mars (en GB, un vote doit être organisé par les syndicats avant de se déclarer en grève pour que celle-ci ne soit pas illégale) :

King’s College strike action ballot in row over job cuts, sur le site syndical de UCU (26 février 2010).

Cette initiative jugée historique est reprise sur le site du Times Higher Education :
"Landmark strike vote at King’s College London - Proposed job cuts leave scholars with ‘no alternative’ to industrial action, says union" (27 February 2010).

Voir aussi sur un site d’étudiants : London Student : "King’s staff to vote on strike action" 2 mars 2010).

L’université du Sussex vote également la possibilité de la grève à une très large majorité le 3 mars 2010 : http://www.timeshighereducation.co.uk/story.asp?sectioncode=26&storycode=410665&c=2.

Une autre victoire, mais cette fois-ci sur le terrain juridique. Pour expliquer cette victoire il faut décrire le contexte et décrire le mode d’organisation et d’action de l’Etat en ce qui concerne l’enseignement supérieur. Le principe d’organisation retenu est le principe de subsidiarité (aux niveaux global et interne), qui est assez bien accepté à gauche comme a droite puisque c’est le principe d’organisation de l’Europe (c’était avant cela la doctrine sociale de l’Eglise et ce principe a deja connu des tentatives d’applications dans les sociétés corporatistes de Mussolini et Franco). Cf par exemple, pour ce qui concerne l’organisation interne, le paragraphe 21 de ce document "d’audit de qualité" de 1994 de l’Université de Leeds.

Il n’y a pas, en Angleterre, d’organisme national décidant des programmes, et la tache d’assurer un niveau national homogène pour les diplômes est dévolue aux universités et aux EC. Les universités ont une grande liberté pour la définition des cursus et le contrôle se fait a posteriori via les membres extérieurs des jurys dont le rôle est de faire des recommandations aux autorités de l’université sur les programmes (cette notion d’extérieur ferait certainement bondir aux Etats Unis comme étant contraire à l’autonomie des universités).

Un autre rôle des membres extérieurs est d’assurer que les examens ont un niveau homogène sur le territoire. Les procédures retenues ont également pour but de règlementer les possibles contestations des étudiants concernant leurs notes. Mais le niveau hiérarchique retenu dans l’application du principe de subsidiarité bloque l’accès des étudiants aux copies (ce qui empêche les marchandages de notes mais a certaines conséquences anti-pédagogiques) : chaque année à peu près maintenant, des pré-jurys et les extérieurs examinent les examens de la première session (mai-juin). Il y aura une double correction et un échantillon des copies sera vérifié par les extérieurs. Cette procédure assurant l’adéquation académique des sujets d’examens, les étudiants peuvent uniquement contester sur la base d’arguments de santé ou de problèmes matériels dans le déroulement de la session d’examen.

Un professeur d’archéologie de l’Université de Bournemouth avait collé 16 étudiants de deuxième année de licence sur 60 à la première session d’examen (un taux élevé en Angleterre, où un taux d’échec de 25% est souvent considéré comme un maximum), puis 14 sur 16 à la session de rattrapage. Voyant cela, le département a demandé une triple correction qui a remonté les notes, permettant aux étudiants d’avoir la moyenne.

- http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2010/feb/26/universities-exam-marking-ruling
- http://www.timesonline.co.uk/tol/life_and_style/education/article7039974.ece

Cette procédure étant entérinée par l’université, le professeur concerné s’est considéré comme discrédité et a décidé de démissionner. Il a ensuite attaqué au tribunal pour licenciement forcé. Il a perdu en première instance mais a gagné en appel, ce qui est considéré comme une victoire des standards académiques.

Il faut dire que les possibilités de pression des étudiants sur les notes sont importantes. Voir cet article de The Independant sur l’enquête de satisfaction globale des étudiants et ses dérives. Cet article du Times répercute l’opinion des patrons (CBI=Confederation of British Industry, MEDEF local) sur la désinvolture des étudiants anglais.
Voir aussi cet article du Guardian.

Une autre victoire ? La commission d’Irlande du nord qui étudie l’augmentation des droits d’inscription est pour l’instant contre l’augmentation :

- http://www.guardian.co.uk/education/2010/feb/23/university-tuition-fees-cap-northern-ireland

Rappelons cependant que les provinces de Grande Bretagne sont très indépendantes en matière d’enseignement supérieur.

En ce qui concerne la crise, des mauvaises nouvelles :

- Un cri d’alerte d’Anthony Cohen, paru dans le Times Higher Education du 4 mars.

- Un autre article du Times Higher Education

Après les budgets d’enseignement, ce sont les budgets de recherche qui commenceraient à être réduit. Sur les deux budgets des coupes de 5% à 30% sont anticipées.

Cet article du Guardian donne une vision au jour le jour de la vie des universités sous la crise :

Sur des sujets plus scientifiques, une polémique sur l’utilisation des procès par des industriels pour stopper la critique scientifique :

- http://www.guardian.co.uk/science/2010/feb/25/simon-singh-silencing-scientists-libel-law
- http://www.timesonline.co.uk/tol/c.