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Lettre de la CPU n° 40 - 25 mars 2010

vendredi 26 mars 2010, par Laurence

Au programme de cette lettre que l’on peut lire sur le site de la CPU :
- La CPU : la grande famille de l’enseignement supérieur
- 10 ans du processus de Bologne : état d’avancement de l’espace européen de l’enseignement supérieur

La CPU : la grande famille de l’enseignement supérieur

Ce n’est pas un fait évident, ni connu de tous, mais la Conférence des Présidents d’Université… ne rassemble pas uniquement des Présidents d’Université !

Toutes les universités –via leur président(e)- sont bien entendu membres de droit de la CPU, mais c’est aussi le cas des directeurs d’Ecole Normale Supérieure et de grand établissement.

La CPU compte ainsi, à l’heure actuelle, plus d’une centaine de membres, et les trois derniers arrivés illustrent bien la variété des établissements qui composent notre conférence : l’Institut Polytechnique de Bordeaux (IPB), constitué de 4 écoles d’ingénieurs ; l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (EHESP), ancienne école nationale de la santé publique ; et Vet Agro Sup, Institut d’enseignement supérieur et de recherche en alimentation, santé animale, sciences agronomiques et de l’environnement, fusion de l’Enita Clermont et de l’Ecole Vétérinaire de Lyon.

Ces trois grands établissements, dont deux relèvent d’autres ministères que celui de l’enseignement supérieur et de la recherche, sont membres de droit de la CPU, conformément à l’article L 233-1 du Code de l’Education. L’expertise qu’ils apporteront, dans leur domaine, pourra se révéler un atout pour notre communauté, à l’heure où les potentialités de recherche sont impactées par la création des alliances, à l’heure également où les réflexions liées à la gouvernance nous amènent à nous intéresser à d’autres modèles.

Par ailleurs, la CPU a créé une nouvelle catégorie de membre : les membres associés, auxquels correspondent en particulier les pôles de recherche et d’enseignement supérieur (PRES). Ces pôles reconnus aujourd’hui par les membres de la CPU comme des acteurs à part entière, apporteront aussi à notre conférence une vision singulière : celle d’établissements regroupant sur un même site, selon des modalités à chaque fois uniques, des établissements eux-mêmes différents autour d’intérêts communs.

Enfin, pour mettre ce petit monde en ordre de marche, signalons l’arrivée à la CPU d’un nouveau délégué général : Alain Abecassis, qui avait déjà occupé cette fonction, en même temps que la direction de l’AMUE, auprès des 1er vice-présidents Bernard Dizambourg, Jean-Marc Monteil et Bernard Saint-Girons et avait quitté la CPU à la fin… du siècle dernier, alors qu’elle commençait à peine à prendre de l’ampleur. Alain Abecassis succède à Eric Espéret, appelé, après de nombreuses années au service fidèle de la CPU, à d’autres fonctions, au sein de l’Ecole Supérieure de l’Education Nationale (ESEN)… Toujours dans la famille !

10 ans du processus de Bologne : état d’avancement de l’espace européen de l’enseignement supérieur

Les ministres de l’enseignement supérieur de 47 pays européens se sont réunis jeudi 11 et vendredi 12 mars à Budapest et Vienne pour faire le point sur l’état d’avancement de l’espace européen de l’enseignement supérieur, initié il y a 10 ans à Bologne, un an après la déclaration de la Sorbonne.

Les ministres tirent un bilan positif du développement du processus de Bologne au cours des 10 dernières années, qui ont été rythmées par six conférences ministérielles. Selon le rapport Eurydice, la structure des enseignements en trois cycles (LMD) est en place dans tous les pays qui ont adhéré au processus. Selon le rapport Trends de 2010 de l’EUA (European University Association), 95% des universités (contre 82% en 2007) ont mis en place le système LMD et 90% des universités ont recours aux ECTS pour tous leurs cursus.

La rencontre a pourtant été troublée par les contestations du processus de Bologne émanant d’une partie de la communauté universitaire, notamment en Allemagne et en Autriche. Les reproches des étudiants, mais également des enseignants-chercheurs, y portent sur la trop grande rigidité des nouveaux cursus et le manque de débouchés professionnels au niveau Licence. En effet, les études universitaires dans ces pays étaient traditionnellement assez longues, laissant beaucoup de flexibilité aux étudiants et il n’existait pas de réelle sortie au niveau licence dans les universités. Alors que ce niveau a du mal à s’imposer sur le marché du travail, une sélection a en outre été instaurée à l’entrée des Masters.

En France, au contraire, où la majorité des étudiants s’arrêtaient autrefois à la fin de la maîtrise et où le cadrage national des maquettes était assez rigide, le processus de Bologne est plutôt apprécié. Il est considéré comme ayant contribué à la diversification des cursus et à l’assouplissement de leur élaboration.

Cela montre bien que le processus a conduit à une convergence au sein d’un vaste espace de l’enseignement supérieur, qui dépasse de loin l’Union européenne, mais que la façon d’apprécier le processus reste très différente selon l’histoire nationale des enseignements supérieurs.

Ces réactions négatives d’une partie de la communauté universitaire attirent l’attention sur des enjeux fondamentaux du processus de Bologne qui doivent être pris en compte, y compris en France.
En France, les licences professionnelles existent en effet depuis dix ans, et dans les licences générales, l’employabilité peut encore être améliorée.
De nombreux pays ont choisi de laisser aux établissements la possibilité de délivrer le ‘bachelor’ en 3 ou 4 ans, afin de favoriser la professionnalisation des cursus. Mais les différences de durées au niveau Licence/bachelor qui en découlent ne facilitent pas la mobilité d’un ‘bachelor’ vers les études de master dans un autre pays.
Pour la phase de la consolidation du processus de Bologne, entre 2010 et 2020, la question de l’emploi des ‘bachelor’ sera donc cruciale pour l’ensemble du processus. Les Etats doivent notamment donner l’exemple en offrant des possibilités d’emplois publics au niveau licence lorsque cela est possible.

Outre l’harmonisation des cursus, l’un des plus grands apports du processus de Bologne est d’avoir permis d’établir une structure internationale de concertation sur les grandes questions de l’enseignement supérieur, impliquant un grand nombre d’acteurs tels que les gouvernements nationaux, la Commission européenne, mais aussi les établissements et les étudiants. Le processus de Bologne a permis, et permet toujours, de dépasser des frontières existantes pour préparer l’avenir.

Lors de la conférence de Vienne, répondant aux revendications, le principe d’implication systématique des étudiants et du personnel des universités dans les discussions au niveau européen, national et au niveau des établissements a été réaffirmé. Ces principes, qui semblent aller de soi dans des pays comme la France, ont une toute autre portée dans les pays qui viennent d’adhérer au processus de Bologne.

Les ministres de l’enseignement supérieur ont également réaffirmé à Vienne leur responsabilité politique dans l’effort de sortie de crise. Le processus de Bologne a incontestablement contribué à mettre en valeur le rôle de l’enseignement supérieur dans le développement économique, social et culturel des pays. En France, cela se traduit par une augmentation sensible des budgets alloués à l’enseignement supérieur.

Les enjeux pour l’avenir sont multiples et l’approfondissement du processus visant à mieux faire converger les réformes ne devra pas perdre de vue l’objectif essentiel : l’intérêt de l’étudiant.