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Déclaration commune de la FSU, de la CGT et de SUD après qu’elles aient quitté le Conseil Supérieur de l’Education - 3 juin 2010

lundi 7 juin 2010, par Elie

Monsieur le Ministre,

Le CSE réuni aujourd’hui doit examiner un certain nombre de textes
importants pour l’organisation des parcours de formation des jeunes
de notre pays.

Nous avons toujours, dans cette instance, porté les attentes des
personnels et leur souci de la réussite de leurs élèves et nous
n’avons jamais refusé le dialogue. Et cela même lorsque les textes
proposés étaient aux antipodes de leurs revendications et de leur
projet pour le système éducatif. C’est encore le cas aujourd’hui
avec le texte sur le dispositif DIMA ou celui sur le livret de
compétences sur lesquels nous sommes intervenus en commissions
lycée, collège et école.

Depuis des mois, au fil des différents CSE et à l’occasion des
différentes rencontres avec les services ministériels, nous avons
alerté sur l’absence réelle d’écoute et de prise en compte de nos
propositions.

Les seules réponses à nos inquiétudes ont été quelques engagements
comme : « la réforme du lycée se fera sans enlever un poste ni un
centime », ou le maintien des postes de Rased…

La découverte des fiches que vous avez adressées au recteurs,
expliquant clairement et cyniquement les leviers de suppressions
massives de postes que consti tuent les différentes réformes menées
par le ministère correspondant au non remplacement d’un
fonctionnaire sur deux partants à la retraite, est donc ressentie
par l’ensemble des personnels comme une provocation supplémentaire
mais aussi comme la marque d’un profond mépris, puisque ces
engagements sont eux-mêmes remis en cause.

Ces préconisations confirment que l’objectif essentiel des réformes
engagées est la suppression massive de postes.

Vos préconisations dans ces fiches sont totalement inacceptables :
alourdissement des effectifs par classe, regroupement de sections,
fermeture de petits établissements et de classes uniques, nouvelle
baisse de la scolarisation des 2 ans en maternelle, suppression de
postes de Rased et de Co psy, remise en cause des IDD en collège,
précarisat ion du remplacement, remise en cause de décharges de
service, suppressions de postes des personnels techniques et
administratifs dans les EPLE et les administrations etc.

Où est la réussite des élèves dans tout cela ?

Comment ne pas noter que le ministère en reste à un simple affichage
du maintien des résultats globaux du système éducatif et abandonne
de fait toute volonté de faire progresser les élèves et de réduire
le nombre de jeunes sortants sans qualification du système éducatif ?

Ecoles maternelles et élémentaires, collèges, lycées, personnels
administratifs, sociaux, médicaux, TOS… aucun secteur n’échappe à la
volonté de supprimer des emplois.

Un tel double langage, une telle méthode faite de promesses et
d’habillages fallacieux pour cacher la réalité brutale de
l’étranglement du service public d’éducation, vide le CSE de sa
substance, de son utilité pour les personnels, les élèves, les
parents….

D’ailleurs, l’ordre du jour de cette séance en est encore un exemple
 : le texte présentant une nouvelle version du livret personnel de
compétences est déjà en ligne sur le site Eduscol, présenté comme la
version officielle… A quoi vont donc servir les débats d’aujourd’hui ?

Un autre exemple concerne les 100 établissements labellisés CLAIR
pour la rentrée prochaine : la liste semble arrêtée aujourd’hui mais
ne sera pas rendue publique, les CA des collèges et lycées concernés
ne seraient pas consultés, des postes vacants seraient bloqués par
les recteurs pour permettre d’y affecter des personnels par simple
cooptation.

Dans tous les cas, ce sont les élèves et les personnels qui seront
les victimes de vos décisions dès la rentrée prochaine.

Monsieur le Ministre, nous sommes attachés à l’existence du dialogue
social, nous sommes persuadés que des évolutions du système éducatif
sont nécessaires. Il est vrai que nous ne partageons pas votre
vision de l’Ecole, mais, organisations représentatives responsables
et respectueuses des principes démocratiques de fonctionnement des
services publics, nous considérons que nous pouvons plus jouer notre
rôle aujourd’hui.

Monsieur le Ministre, votre gouvernement poursuit une politique
mortifère pour le service public d’éducation et refuse d’entendre ce
que les représentants des personnels ont à vous dire. Nous avons donc
décidé de quitter cette séance.

Il s’agit là d’une décision difficile. Nous espérons qu’elle
permettra une prise de conscience collective de l’impasse dans
laquelle vous vous enfermez et qu’elle pourra créer les conditions
du rétablissement d’un véritable dialogue entre vous et les
organisations représentatives de votre ministère.