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Rentrée, ce qui change, ce qui coince - Libération, 31 août 2010

mercredi 1er septembre 2010, par Elie

Réformes du lycée et de la formation des maîtres, sanctions, journée partagée, sans oublier le sort des frites à la cantine... Revue des nouveautés.

A l’heure des derniers ravitaillements en cahiers à spirales gros carreaux, le climat n’est pas des plus détendus en cette rentrée. Rien d’inhabituel pour un début septembre, mais tout de même, on « accumule tous les problèmes », tempête le Snes-FSU, le principal syndicat enseignant des collèges et lycées. Une rentrée « sombre et pesante », « chaotique » renchérissent les autres (SE-Unsa, Fidl). Même les inspecteurs (SI-EN Unsa) y vont de leur « coup de semonce ».

Signe de la contestation qui couve, une grève est prévue dès la deuxième semaine de classe, les lundi 6 (les collèges et lycées) et mardi 7 septembre, greffée sur celle des retraites. Et même dès la rentrée à Paris à l’appel de Sud Education. « Notre école a moins besoin de grand soir que de petits matins quotidiens », a rétorqué aux fâcheux le ministre Luc Chatel lors de sa conférence de presse de rentrée ce mardi. D’ailleurs, « citez-moi une rentrée où les syndicats ne parlent pas de difficultés ! »

Celles de cette année s’appellent d’abord et encore suppressions de postes. 16.000 pour cette année, autant qu’en 2011. Pendant ce temps, les classes gonflent, ne manquent pas de rappeler les syndicats, avec 39.000 élèves de plus cette année dans le second degré.

Deuxième gros sujet de tension, la très contestée « masterisation », autrement dit la réforme de la formation des enseignants. Pour la première promo de recrues nouvelle mouture, l’effet est radical : propulsion sans transition dans le grand bain. Recrutés au niveau bac+4 contre bac+3 auparavant (et bac+5 en 2011), les 15.472 nouveaux jeunes profs stagiaires sur le pont dans deux jours passent directement des amphis à un poste à quasi temps plein en collège ou lycée. C’est-à-dire sans aucune pratique du terrain ou presque. De quoi donner des sueurs froides aux petits nouveaux. Une catastrophe annoncée, à entendre les syndicats. Une année « transitoire », le temps que la réforme prenne pleinement effet l’année prochaine, tempère le ministre.

Certes, les stagiaires sont censés être suivis par enseignants « tuteurs » du même établissement, mais les candidats ne se bousculent pas malgré une prime de 2000 euros. Certes, des temps de formation sont prévus (en stages pendant l’année, ou une demi-journée ou une journée dans la semaine), mais « ils sont deux fois moins importants » qu’avant la réforme, déplore le Snes-FSU, qui voit d’abord dans cette réforme une manière de supprimer mécaniquement des postes à bon compte. Lot de consolation : les futurs professeurs des écoles gagnent 157 euros par mois de plus, les agrégés 259 euros.

Un peu moins controversé est l’autre chantier mis en œuvre en cette rentrée, la réforme du lycée. L’idée est de toucher un peu à tout en seconde pour mieux faire son choix ensuite. Au tronc commun s’ajoutent donc trois heures « d’enseignements d’exploration », plus six heures d’options possibles, et deux d’accompagnement personnalisé, dégagées en rognant sur quatre disciplines (français, histoire-géographie, physique-chimie, sciences et vie et de la terre) (détail de ce qui change ici). Pour ces deux heures assurées par les enseignants, chaque lycée se débrouille comme il veut et comme il peut.

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