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Université : Pécresse se donne 20 sur 20 - Véronique Soulé, Libération, 15 septembre 2010

mercredi 15 septembre 2010, par Elie

Analyse - Hier, la ministre de l’Enseignement supérieur s’est félicitée de la réussite de ses réformes à l’approche de la rentrée.

« Historique », « inédit », « énorme », « très fort »… La ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, qui faisait hier sa conférence de presse de rentrée, était à court d’adjectifs pour décrire le bilan de sa politique. Grâce aux réformes, l’université est « devenue plus attractive », s’est-elle félicitée, citant une hausse de 13% des lycéens de terminale demandant en premier choix l’université lors des préinscriptions.

Pourtant, ses propres chiffres ne font état que d’une augmentation prévue de 0,1% des inscrits en licence, soit 800 étudiants de plus sur 1,37 million. La ministre est aussi revenue sur les nouveautés de la rentrée. Retour sur ces principales innovations.

Un demi-mois de bourse en plus

Un demi-mois supplémentaire pour les boursiers et un effort en faveur du logement : la ministre s’est abondamment félicitée de son bilan en matière étudiante. Il faut dire qu’elle a passé une partie de son été à convaincre le gouvernement de revenir sur une annonce faite en juillet : la fin du cumul entre l’aide au logement allouée aux étudiants et la demi-part fiscale dont bénéficient leurs parents.

Le 26 août, Valérie Pécresse a annoncé, triomphale, que la menace était écartée et le cumul de nouveau autorisé. Elle a ainsi rattrapé une bourde, apparemment avalisée en haut lieu, qui aurait pu coûter cher au gouvernement en jetant les étudiants dans la rue. Elle a aussi annoncé le versement en septembre d’un neuvième mois et demi de bourse. Le dixième mois promis par Nicolas Sarkozy ne sera effectif, lui, que l’an prochain.

Les syndicats étudiants ont salué des efforts. Mais l’Unef et la Fage - les principaux - ont dénoncé une hausse du coût de la vie étudiante. Et l’Unef a dénoncé des « annonces en trompe-l’œil » : en parlant de 13 461 nouvelles chambres étudiantes, la ministre inclut, selon lui, des constructions en cours, certaines à peine débutées.

Multiplier les passerelles entre les filières

Pour lutter contre l’échec lors des premières années de fac et permettre des parcours plus personnalisés - « du surmesure » -, il faut multiplier les « passerelles » entre les filières. C’est l’un des leitmotivs de la ministre en cette rentrée. En fait, il s’agit de poursuivre une politique déjà engagée avec l’ouverture de « filières d’excellence » dans les universités - les doubles licences ou les classes prépas - et avec un rapprochement grandes écoles-universités.

Le 3 septembre dans un lycée d’Enghien, Valérie Pécresse a inauguré une classe prépa ouverte en collaboration avec Paris-XIII. Elle a aussi annoncé un concours commun à l’issue des prépas littéraires, débouchant sur Normale sup Ulm mais aussi sur des écoles de commerce ou des IEP (Instituts d’études politiques). L’objectif est de « faire tomber les barrières entre universités et grandes écoles », a-t-elle clamé. Mais, d’ici là, il faudra rapprocher ce que l’Etat dépense pour un étudiant en fac et en prépa - en 2009, la dépense intérieure en éducation (DIE) était de 10 219 euros pour le premier, contre 14 853 euros pour le second. Mais la ministre l’a promis : les chiffres de 2010 vont montrer que l’écart se resserre.

Santé : première année commune

C’est l’une des principales nouveautés : la « Première année commune des études de santé » (Paces). Tous les étudiants voulant faire médecine, pharmacie, devenir dentistes ou sages-femmes, vont désormais la suivre. Ils auront un premier semestre commun, puis un second plus spécifique selon la profession qu’ils visent. Jusqu’ici, en fin d’année, ils passaient un concours commun, sauf pour la pharmacie, et choisissaient leur filière en fonction du classement. Désormais, il y aura quatre concours différents, et l’étudiant pourra en présenter plusieurs. Des réorientations sont aussi prévues, par exemple vers une licence scientifique. L’objectif est de lutter contre l’énorme taux d’échec, 80% à l’issue de la première année de médecine, 70% en pharmacie. Mais certains restent sceptiques, notamment car les numerus clausus sont maintenus : 7 403 places en médecine cette année.


De nouveaux masters pour les enseignants

Dans le cadre de la réforme très contestée de la formation des enseignants (la « mastérisation »), les universités ont été chargées de créer des masters pour les futurs enseignants. Peu enthousiastes, critiquant la place des concours de recrutement en deuxième année de master (la M2), elles se sont pourtant exécutées. Et 80 établissements proposent à cette rentrée des masters destinés aux profs du primaire, du secondaire et aux CPE (conseillers principaux d’éducation).

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