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Lycéens et étudiants se mobilisent à des rythmes différents, Le Monde, 19 octobre 2010

mardi 19 octobre 2010, par Martin Rossignole

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Alors que les lycéens sont mobilisés depuis le 7 octobre contre la réforme des retraites, les étudiants semblent toujours avoir du mal à emboîter le pas. Le nombre de lycées touchés par des blocages ou des tentatives de blocages n’a pas faibli : le ministère de l’éducation nationale a annoncé, mardi matin, que 379 lycées étaient "perturbés à des degrés divers", tandis que la FIDL estime à 1 200 le nombre de lycées "engagés" dans la mobilisation.

Du côté des étudiants, la mobilisation a été plus lente à s’enclencher même si "dans plusieurs facs, on a franchi le cap des 400 étudiants", notait lundi Sylvain Terrien, porte-parole de SUD-Etudiant.

Mobilisations lycéennes et étudiantes semblent donc emprunter deux voies différentes et avancer à leur propre rythme. "C’est avant tout une question de calendrier, explique-t-on à l’UNEF, le premier syndicat étudiant. La rentrée des lycéens s’est faite en septembre, tandis que la rentrée des étudiants s’est échelonnée tout au long du mois de septembre, ce qui explique un retard à l’allumage."

A Montpellier-II et Montpellier-III par exemple, universités particulièrement mobilisées lors du précédent mouvement contre la loi sur l’autonomie à l’automne 2007, les assemblées générales (AG) de la semaine dernière n’ont réuni que peu d’étudiants. Ils étaient entre 200 et 400. Gabriel Holard-Sauvy, président de la section locale de l’UNEF Montpellier, avoue que ces chiffres ne "sont pas extrêmement massifs", mais ajoute que "la rentrée a été très tardive à Montpellier". "Elle a eu lieu il y a deux semaines pour la plupart des étudiants. Ils avaient la tête dans les problèmes administratifs et n’avaient que très peu de temps pour réfléchir et s’impliquer dans les débats sur la réforme."

MOUVEMENT INCONTRÔLABLE

Ce décalage entre lycéens et étudiants s’observe également dans la manière dont la mobilisation se construit. Chez les lycéens, l’organisation d’AG préalablement à un blocage est rare. A Caen, par exemple, le déclenchement de la mobilisation dans un lycée a eu lieu "suite à des messages anonymes collés sur les murs du lycée et appelant au blocage", raconte Antoine, un jeune lycéen.

Cette absence d’organisation, malgré la présence de l’UNL ou d’autres organisations politiques dans certains lycées, explique la crainte du gouvernement face à un mouvement lycéen souvent spontané et incontrôlable.

A l’université, mobiliser les étudiants s’avère une tâche plus compliquée. "L’allumette craque beaucoup plus vite dans un lycée que dans une université", relève un ancien de l’UNEF.

Les AG, qui permettent d’organiser de manière démocratique débats et actions, sont désormais fortement ancrées dans les universités françaises. Et même si elles sont critiquées par certains syndicats, tous y ont recours pour s’exprimer et voter.

Cette forme d’auto-organisation a pourtant un coût : elle prend du temps. Les AG peuvent durer plusieurs heures avec le vote de la tribune, les interventions, les votes de décisions ou le choix de délégués pour les coordinations régionales ou nationale. Ce week-end doit s’organiser à Rennes-II une coordination nationale des étudiants.

En ce début de semaine, la mobilisation étudiante est néanmoins en train de s’intensifier. Les AG se multiplient – 21 lundi, et 22 prévues ce mardi – et débouchent sur des votes en faveur des grèves et des blocages ou sur des appels à prendre part aux manifestations des salariés.

Lundi soir, les universités Rennes-II, Paris-VIII, Bordeaux-III, Caen et Pau étaient bloquées en partie ou en totalité.

Mardi matin, Rennes-II, Lyon-II et Saint-Etienne étaient fermées administrativement, tandis que Clermont-II, Montpellier-III et Tours étaient à leur tour bloquées, selon l’UNEF.

Mathieu Gaulène, Philippe Jacqué et Simon Jousset