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L’évaluation des enseignements par les étudiants est « encore trop timide » dans les universités (Alain Menand, directeur de la section des formations et diplômes de l’AERES)

mercredi 23 mars 2011, par Sylvie

La mise en place de la démarche d’évaluation des enseignements par les étudiants est « encore trop timide et très contrastée », même si « les comportements sont en train de changer », estime Alain Menand, directeur de la section des formations et diplômes de l’Aeres, dans une interview à AEF. En la matière, « nous avons un rôle d’aiguillon à jouer », affirme-t-il. Depuis 2006, les universités sont incitées à procéder à leur auto-évaluation, dont fait partie l’évaluation par les étudiants, et depuis la vague A, cette démarche est obligatoire. Interrogé sur les raisons de cette situation, Alain Menand avance « la forte réticence du corps enseignant », qui craint parfois que cette évaluation soit utilisée « comme un outil de contrôle sur leur travail ». De plus, la mise en place de cette démarche « n’a pas été une priorité pour les équipes de direction des universités » ces derniers temps, car elles ont été « fortement mobilisées » pour le passage à l’autonomie et les investissements d’avenir.


AEF : Où en est la démarche d’évaluation par les étudiants dans les universités ?

Alain Menand : Nous ne disposons pas encore d’informations quantitatives là-dessus, car il nous manque les résultats des établissements de la vague B. Toutefois, nous savons que sa mise en place est encore trop timide et très contrastée. Nous sommes donc encore loin de ce qu’il faudrait, mais nous sommes dans une phase de progression. Les comportements sont en train de changer. Avant la création de l’Aeres, très peu de choses étaient mises en place, sauf dans quelques établissements pionniers comme Bordeaux-I et II et Lille-I.


AEF : Comment cette procédure est-elle mise en place ?

Alain Menand : On observe actuellement deux types de démarches : dans certaines universités, les évaluations sont pilotées par les équipes pédagogiques. Les résultats font l’objet d’une discussion dans le cadre d’un conseil pédagogique, qui est composé d’administratifs, d’enseignants et de représentants des étudiants. De manière générale, mettre en place ce processus d’évaluation nécessite d’avoir une solide équipe pédagogique, notamment pour évaluer la cohérence des enseignements entre les disciplines et entre les types de cours (TP, TD, cours magistraux..). Dans ces cas-là, l’évaluation par les étudiants peut avoir un impact direct sur les modalités d’enseignement, ce qui signifie que l’évaluation a atteint son but. Le problème est qu’il s’agit souvent d’initiatives locales qui se déroulent seulement dans un département ou dans quelques formations.
La deuxième situation que l’on observe est celle où l’évaluation est mise en place par l’université au niveau central, de manière plus systématique. Mais dans ce cas, les données collectées font rarement l’objet d’une analyse et d’un échange avec les enseignants-chercheurs, ce qui empêche d’en tirer des leçons au niveau des équipes pédagogiques pour améliorer la qualité de la formation.


AEF : De quelle marge de manoeuvre l’Aeres dispose-t-elle pour inciter les universités à s’engager plus largement dans cette démarche ?

Alain Menand : En tant qu’organe d’évaluation, notre rôle est d’abord de faire une photographie de la situation à un moment donné. Mais nous évoquons l’insuffisance de l’évaluation des enseignements par les étudiants comme point faible, si besoin est et dans les recommandations qui figurent dans chacun de nos rapports sur les formations. Nous avons un rôle d’aiguillon à jouer. De la même façon, nous évaluons désormais les formations en fonction des compétences transversales à acquérir et non plus seulement à partir du contenu disciplinaire. En outre, nous envisageons de faire des focus sur notre site internet sur les pratiques innovantes en matière de pédagogie et d’évaluation.


AEF : Quels vous paraissent être les freins au développement de l’évaluation des enseignements par les étudiants ?

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