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Logement étudiant : Wauquiez entrouvre une porte - Cordélia Bonal, "Libération", 31 août 2011

mercredi 31 août 2011, par Laurence

Le ministre de l’Enseignement supérieur annonce l’élargissement du cautionnement solidaire, destiné à faciliter l’accès des étudiants au logement.

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Nul besoin de regarder le calendrier pour savoir que c’est la rentrée : Laurent Wauquiez, ministre de l’Enseignement supérieur, multiplie les annonces ces jours-ci. Après la confirmation ce week-end du versement du 10e mois de bourse (promis quand même depuis 2009), le ministre a mis sur la table ce mercredi une nouvelle carte : l’élargissement du « passeport logement étudiant ».

Autrement dit essentiellement le cautionnement solidaire, revendication récurrente des syndicats étudiants. L’idée est d’aider les étudiants à louer un logement en faisant prendre en charge le dépôt de garantie et la caution par un fonds, plutôt que par leurs parents qui n’en n’ont pas toujours les moyens.

Une sorte de Loca-pass, donc, mais de portée plus large puisque le dispositif concernera non pas les seuls logements conventionnés, limite du Loca-pass, mais aussi les logements privés et résidences universitaires, détaille Laurent Wauquiez dans une interview au Monde ce mardi.

Les étudiants (boursiers ou non) devront « se rendre dans leur antenne du Crous qui vérifiera que le logement en question garantit un bon niveau de confort et que le loyer n’est pas exorbitant, dans le but de protéger les étudiants. Ils seront ensuite orientés vers les banques partenaires. Le montant du dépôt leur sera versé pour remise à leur propriétaire », explique Wauquiez.

Trois à cinq euros par mois

Qui va financer ? Le dispositif, d’un montant de « plusieurs millions d’euros », reposera sur la participation de banques partenaires. Ce qui ne réjouit guère les syndicats. « Il faudra prévoir des garde-fous, empêcher par exemple qu’un étudiant soit obligé de souscrire un compte à telle ou telle banque pour voir sa caution prise en charge », relève Philippe Loup, président de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage). Pour le reste, l’organisation se dit plutôt satisfaite de l’annonce. En particulier du fait qu’« elle prend en compte le logement privé, où sont logés la majorité des étudiants, et notamment ceux issus des classes moyennes, qui n’ont pas d’autres aide que les APL ».

En contrepartie, car contrepartie il y a, les étudiants verseront une participation de trois à cinq euros par mois. C’est là que le bât blesse, pour l’Unef, qui ne voit pas au nom de quoi le cautionnement solidaire devrait être « un service payant » pour les étudiants, déjà soumis à des loyers mirobolants. « Si cette contrepartie devait être confirmée, nous y serions formellement opposés », prévient Emmanuel Zemmour, président du syndicat étudiant.

Cette participation, calculée sur un pourcentage du loyer pour « responsabiliser » les étudiants, existe déjà, en Aquitaine. C’est là qu’est expérimenté le dispositif, depuis 2006 et avec un certain succès. 1700 étudiants y ont eu recours, ils seront 500 de plus à cette rentrée, estime le Crous. En majorité des boursiers, mais pas seulement. Et les étudiants étrangers y ont aussi droit.

« Les étudiants ne sont pas de mauvais payeurs »

Alimenté au démarrage à 230.000 euros par le Conseil général et la Caisse des dépôts et consignations (mais sans banques privées), le fonds n’a pas tellement bougé depuis. « Contrairement aux idées reçues, les étudiants ne sont pas de mauvais payeurs, les impayés sont très rares. C’est aussi l’un des atouts de ce dispositif : il rassure les propriétaires », souligne Patrice Bretout, directeur du Crous Bordeaux-Aquitaine.

Même l’antenne régionale de l’Unef ne trouve pas grand chose à redire : « Ça fonctionne plutôt bien, l’impact a été bon. Le système est connu des étudiants de la région et a clairement contribué à améliorer l’accessibilité au logement », reconnaît volontiers Sylvain Lehmann, président de l’Unef Bordeaux. « Reste à le généraliser, et il ne faudrait pas à cet égard que l’annonce du ministre ne reste une promesse en l’air. »

C’est là le deuxième écueil, aux yeux du syndicat : le calendrier. Le ministre parle bien d’une généralisation... mais l’année prochaine. Pour cette rentrée, le dispositif sera élargi aux seules académies de Lille et Lyon. « C’est quand même un peu gros de nous faire le coup du ballon d’essai à quelques mois de la présidentielle », raille Emmanuel Zemmour, de l’Unef, qui com’ pour com’, qualifie les promesses du ministre de « petites annonces qui ignorent les grandes galères ».