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Xavier Albanel, sociologue : « Evaluer les enseignants n’est pas une priorité. Ils ont besoin d’un accompagnement pédagogique », Propos recueillis par Isabelle Maradan sur EducPros, 21 novembre 2011

mardi 22 novembre 2011

Le projet d’une évaluation des enseignants par les chefs d’établissement, dévoilé la semaine dernière, suscite la polémique. Au-delà de l’accroissement du pouvoir des chefs d’établissements, ce projet est porteur d’une nouvelle vision de l’école, explique Xavier Albanel, auteur d’un ouvrage sur Le travail d’évaluation - l’inspection dans l’enseignement secondaire*.

Vous avez suivi les inspecteurs dans leur travail d’évaluation des enseignants dans le cadre de votre thèse de doctorat. Diriez-vous que l’inspection est aujourd’hui satisfaisante ?

Le double rôle de l’inspecteur biaise tout. Ce qui pose actuellement problème, c’est qu’il est à la fois évaluateur, c’est-à-dire juge, et conseil. L’inspection poursuit aujourd’hui trois objectifs : le contrôle de la conformité des enseignements avec les programmes, l’accompagnement pédagogique et l’évolution de carrière, par le biais de la note, qui peut permettre de progresser plus vite en étant promu au choix ou au grand choix plutôt qu’à l’ancienneté.
Dans les faits, un enseignant se fait évaluer une fois tous les cinq ou dix ans, pendant une heure. Ramené à une carrière, cela fait entre huit et dix heures d’inspection seulement. C’est très limité !
Et comment un professeur pourrait-il avouer ses faiblesses quand il sait qu’il va être jugé ? Seule une relation d’entière confiance permettrait de rendre l’inspection utile en termes d’accompagnement.

Les enseignants feraient-ils davantage confiance à un chef d’établissement, qui les connait mieux qu’un inspecteur, pour les évaluer - comme le prévoient les projets d’arrêté et de décret publié le 15 novembre dernier par le Café pédagogique ?

Aujourd’hui l’avis du chef d’établissement compte. Il délivre une note administrative portant sur l’assiduité, la ponctualité et le rayonnement, qui vaut pour 40% dans la note d’inspection. Et l’inspecteur le rencontre toujours avant de se rendre dans la classe de l’enseignant.
Mais laisser l’évaluation aux seuls chefs d’établissements poserait un vrai problème de confiance. Ils ne seraient pas plus aptes à les évaluer, et encore moins à les conseiller, qu’un inspecteur. Au contraire ! Imaginons un principal ou un proviseur qui a été professeur de biologie. Comment peut-il évaluer un professeur de philosophie ?

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