Accueil > Revue de presse > Blogs > Polémique sur l’évaluation des universitaires, S. Huet, Sciences2, 8 juin (...)

Polémique sur l’évaluation des universitaires, S. Huet, Sciences2, 8 juin 2012

vendredi 8 juin 2012

Faut-il une nouvelle évaluation systématique, récurrente tous les quatre ans, des universitaires ? Oui, répond un texte en discussion à la Conférence des Présidents d’Université. Non, rétorque avec vigueur et démonstration une lettre du Professeur d’Université Christophe Mileschi, de Paris-Ouest Nanterre que je publie ci-dessous (elle est ici en pdf).

L’affaire peut sembler étrange aux citoyens peu familiers du monde universitaire. Au nom de quoi refuser l’évaluation ? L’argumentaire de Christophe Mileschi commence donc par rétorquer que des évaluations, il en existe déjà de très nombreuses.

En réalité, les universitaires sont très souvent évalués... lorsqu’ils le demandent pour publier un article, demander des crédits de recherche, une promotion, candidater à un poste. Bref, tout ceux qui produisent de la recherche sont évalués très souvent. Ce n’est donc pas de cela que parle le texte de la CPU, il pointe le fait que « la profession d’enseignant-chercheur est l’une des rares à ne bénéficier d’aucun suivi de parcours ou de carrière, ni d’aucun accompagnement en cas de difficulté ou de fausse route ». Autrement dit, la CPU se soucie uniquement des évaluations... négatives.

Pourquoi ? Parce que, dit le texte : « Il est de notoriété publique que certains enseignants-chercheurs ont réduit, voire abandonné, leur activité de recherche, parfois par choix mais le plus souvent de façon subie, en raison de difficultés d’intégration dans leur laboratoire ou d’incidents de parcours, personnel ou professionnel. D’autres s’enferment dans des activités de formation invariantes, parce qu’ils ne se voient plus offrir d’opportunités d’évolution de leur activité(...) Notre institution n’a que très peu développé de politique des ressources humaines pour les enseignants-chercheurs, la nécessité de celle-ci étant masquée sous le tapis du principe d’indépendance des enseignants-chercheurs, d’absence relative de relation hiérarchique et d’un très fort individualisme des acteurs eux-mêmes. » Histoire de parer cette évaluation d’un souçi très à la mode, la CPU écrit que « la souffrance au travail de certains enseignants-chercheurs ne peut plus être ignorée ».

Le fond du problème est donc le suivant : faut-il mettre en place un nouvel outil systématique pour détecter les universitaires "décrocheurs" ? Comme si les universitaires qui ne produisent pas de recherche ou dont les enseignements ne sont pas de la qualité requise n’étaient pas déjà connus de leurs collègues ! Et si oui, pour quelles conséquences ? La CPU prétend que ce n’est pas pour « moduler » les heures de services d’enseignement. Mais alors pour quoi faire ?

Pour lire la fin du billet