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"Les Assises et l’air du temps ou quelle logique pilote le comité de pilotage des Assises ?", Christophe Pébarthe, Mediapart, 26 septembre 2012.
jeudi 27 septembre 2012
Dans une note de 18 pages, le Comité de pilotage des Assises a rédigé une synthèse des quatre vingt cinq auditions réalisées. Celles-ci ont été menées entre les 28 et 31 août et les 17 et 18 septembre. La disproportion manifeste entre l’importance du sujet, le nombre d’organisations consultées et les cinq jours d’audition permet légitimement de s’interroger sur la qualité générale de la procédure retenue, quand, en outre, les rédacteurs reconnaissent eux-mêmes que le calendrier est contraint. Mais dès la page suivante, l’auto-célébration est de mise, avec un coup de brosse à reluire sur les chaussures ministérielles, gouvernementales et présidentielles, puisque "les organisations ont répondu présent […] et se sont félicitées de la tenue des Assises". Le passage de la participation à la caution est toujours rapide. Voilà les auditionné(e)s prévenu(e)s. Reconnaissons néanmoins qu’il était nécessaire de "renouer avec la culture de la concertation et de la collaboration dans le milieu académique", même si en matière de collaboration certains acteurs de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche affichent déjà dans leurs CV une longue pratique.
Mais foint d’ironie ! et prenons au mot le Comité de pilotage qui se propose par cette note de "stimuler la réflexion dans les Assises territoriales". Stimulons donc, en envisageant ce texte, non pas comme une synthèse, mais comme l’expression d’une idéologie partagée.
Un bilan sans concession des dernières années ?
À la lecture de cette note, s’il apparaît un point qui ne fait guère débat, c’est bien la gravité de la situation actuelle et la dégradation que les organisations analysent comme une conséquence des réformes précédentes, notamment de la loi LRU. Au-delà des critiques bien connues sur la concentration des pouvoirs entre les mains des présidents – on aurait aimé assister à l’audition de la CPU pour savoir si nos bons maîtres ont concédé quelques abus en la matière, l’air contrit – (p. 13-14), le rôle de cette loi dans la situation financière des universités est pleinement affirmé. Toutefois, car il convient toujours de plaire au commanditaire qui a déjà indiqué que l’heure n’était pas à l’abrogation, les rédacteurs peuvent affirmer sans sourciller que "le texte de la loi LRU ne comprend pas d’éléments financiers à strictement parler" et mettre l’accent sur "les décisions budgétaires prises par ailleurs" (p. 14). Or, le passage aux responsabilités et compétences élargies qui correspond à la pleine application de la loi entraîne une mise en déficit des universités, ce que nombre d’organisations et même de présidents qui les ont faites voter par leur CA de manière anticipée, n’ont eu de cesse de dire et d’écrire. "À strictement parler", il serait plus conforme à la réalité de convenir que la loi LRU avait pour ambition de créer une situation déficitaire amenant les universités à tenir compte des réalités, c’est-à-dire l’obligation de geler des postes ou de les convertir en heures de vacation, supprimer des disciplines, etc. Ce n’est que par ce biais, celui du déficit budgétaire, que la mise en concurrence des établissements produit ses effets délétères et recherchés. De ce point de vue et à bien y réfléchir, la coopération, vantée p. 2, peut tout autant mener à la diminution de l’offre de formation dans les établissements.
Pour lire la suite : http://blogs.mediapart.fr/blog/christophe-pebarthe/260912/les-assises-et-lair-du-temps-ou-quelle-logique-pilote-le-comite