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La licence au risque de la secondarisation - Martin Andler, JFM’s blog, 14 novembre 2012

jeudi 15 novembre 2012, par Mademoiselle de Scudéry

Le diagnostic est accablant : les licences (hors filières où l’université est en situation de monopole, comme la santé et le droit) attirent de moins en moins les étudiants. Là où vont les bacheliers, ce sont les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE), les cycles intégrés d’écoles d’ingénieurs, les instituts universitaires de technologie (IUT), les sections de techniciens supérieurs (STS) et diverses filières privées qui sont en plein essor.

Nous avons dans un précédent article “Sauver la licence“, sur ce même blog, analysé cette situation en détail. Le plus préoccupant, c’est l’évolution récente : il n’est certes pas nouveau que les meilleurs bacheliers choisissent en priorité les filières sélectives ! Mais que les licences scientifiques, secteur le plus touché, aient perdu la moitié de leur public en 15 ans est particulièrement inquiétant. Nous avons également fait l’inventaire des causes de ce phénomène : problème d’image lié en particulier aux taux d’échec important dans les deux premières années de licence, concentration des étudiants les moins motivés , absence de sélection dans les seules filières universitaires — et aussi, bien évidemment, de moyens. Toutes causes qui entraînent un défaut d’orientation : les étudiants qui viennent à l’université sont les plus mal préparés à la pédagogie des études universitaires, alors que vont ailleurs ceux qui pourraient le plus bénéficier d’un travail basé sur l’autonomie.

Aujourd’hui, la chute des effectifs des licences des facultés des sciences et des facultés des lettres et sciences humaines fait craindre qu’un nombre significatif de licences disparaissent faute d’étudiants. C’est là que réside le risque principal de secondarisation des études post-baccalauréat : les filières universitaires sont rejetées par les étudiants, au profit d’autres voies qui sont organisées sur le modèle pédagogique de l’enseignement secondaire.

I. La secondarisation, seule réforme réaliste ?

Face à une telle situation, trois pistes, qui ne sont pas antagoniques, se présentent :

• améliorer les mécanismes d’orientation pour arriver à une meilleure adéquation entre étudiants et filières ;

• améliorer les conditions d’accueil des étudiants à l’université par une pédagogie plus adaptée, un meilleur accompagnement et en assurant une meilleure transition entre le lycée et l’université ;

• estimer que le problème réside dans le principe même d’études universitaires au niveau de la licence et que c’est donc ce principe qu’il faut remettre en cause.

La première solution serait irréaliste, selon l’argumentation suivante : ce n’est pas demain la veille que les bons élèves cesseront de choisir les classes préparatoires ou quelques écoles sélectives comme Sciences Po, Dauphine… On n’empêchera pas non plus par des mesures autoritaires les bacheliers de fréquenter les IUT, les STS voire de choisir l’enseignement supérieur privé. Comme la sélection à l’entrée à l’université n’est pas une option politiquement acceptable, l’Université n’a pas d’autre destin que d’être ce choix par défaut que, de plus en plus, chacun essaiera d’éviter.

La seconde solution a été la voie de choix des ministères successifs, de gauche et de droite, qui ont initié, sous différentes dénominations, des programmes plus ou moins ambitieux pour limiter l’échec — le dernier plan en date étant le “plan de réussite en licence” du précédent quinquennat. Tout le monde convient que ces plans n’ont pas rempli leurs promesses : le taux d’échec n’a guère changé, et les licences universitaires ont continué à perdre des étudiants.

Aujourd’hui, on devrait donc se tourner vers la troisième voie : généralisons ce qui “marche” (les filières non universitaires) et éliminons ce qui ne “marche pas” (les licences).

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