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PISA, PIRLS, TIMSS : compétences et connaissances (2) - Blog "Expertisons les experts", P. Cordoba, 9 janvier 2013

vendredi 11 janvier 2013, par Mariannick

Entre les enquêtes TIMSS d’un côté et PISA de l’autre, il y avait grosso modo 2/3 de concordances et 1/3 de divergences en 2003. Rappelons que ces données concernent les résultats en mathématiques et que la corrélation porte sur les 22 pays ayant participé aux deux études (en supprimant pour ce calcul la Tunisie et l’Indonésie, ce qui ne nous empêchera pas de tenir compte de ces deux pays pour d’autres aspects).

Il est évidemment crucial de comprendre la nature de ces divergences et leurs raisons d’être. Commençons par un simple constat. Les écarts entre les pays asiatiques et le reste du monde sont beaucoup plus marqués dans TIMSS que dans PISA. En second lieu, et une fois reconnue l’écrasante supériorité asiatique, les anciens pays du bloc communiste font beaucoup mieux dans TIMSS que les pays occidentaux. Or les tests PISA sont centrés sur les « compétences utiles dans la vie quotidienne » tandis que TIMSS privilégie les connaissances disciplinaires. La première conclusion qui s’impose est donc que les pays occidentaux sont globalement à la traîne en ce qui concerne la maîtrise des mathématiques par les élèves de niveau quatrième.

D’autre part et puisque divergences il y a, il est évident que certains pays doivent faire mieux dans TIMSS que dans PISA tandis que, inversement, d’autres font mieux dans PISA que dans TIMSS. Nos 22 pays se répartissent en fait en deux moitiés égales. On trouve dans la première : la Corée, Hong-Kong, le Japon, la Hongrie, la Russie, la Tunisie, l’Indonésie, la Lettonie, les États-Unis, l’Italie et la Slovaquie. Et dans la seconde : le Québec, les Pays-Bas, l’Ontario, l’Angleterre, la Suède, la Belgique (flamande), le Pays basque espagnol, l’Australie, l’Ecosse, la Nouvelle Zélande et la Norvège. Ajoutons que les pays sont ici classés de telle sorte que la divergence positive décroit dans la première moitié de 43,16 pour la Corée jusqu’à 0,40 pour la Slovaquie tandis qu’elle croit (mais en valeurs négatives) de – 1,8 points pour le Québec jusqu’à – 44 points pour la Norvège dans la seconde moitié. C’est donc aux deux extrémités de la liste que les divergences sont le plus affirmées, de part et d’autre de la ligne de partage entre les meilleurs dans TIMSS et les meilleurs dans PISA (voir le tableau page 61 de l’étude en ligne de M. Wu dont j’avais donné la référence dans mon précédent billet). Ce constat renforce donc le précédent : non seulement la supériorité asiatique (et dans une moindre mesure des anciens pays de l’est) est nettement plus marquée dans TIMSS mais si, en plus, on unifie les critères (moyennes et écarts-types) pour rendre les scores comparables, on voit que la Corée gagne 43,2 points supplémentaires (et Hong Kong 33,1 ; le Japon 31,2 ; la Hongrie 28,5 ; la Russie 26,3, etc.) tandis que la Norvège perd 44 points (et la Nouvelle Zélande 35,6 ; l’Ecosse 31,9 ; l’Australie 25,2, etc.). Au total, si l’on prend les deux extrêmes, la Corée prend 87,2 points d’avantage sur la Norvège, ce qui est proprement gigantesque et presque inconcevable. Pour qu’on puisse se représenter facilement l’ampleur du phénomène, cela revient à peu près à imaginer que TOUS les élèves coréens sont déjà en SECONDE tandis que TOUS les petits norvégiens traînent encore en QUATRIÈME. Et cela alors même que la Corée est un pays émergent, faisant partie de ce qu’on appelait naguère le tiers-monde et qui vit depuis 60 ans dans un état de guerre larvée avec ses ennemis du nord, alors que la Norvège est un vieux pays européen, pacifique, riche, cultivé et longtemps cité en exemple pour sa réussite économique, sa stabilité politique et son modèle social.

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