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Enseignants : le défi du recrutement est loin d’être gagné - A. Collas, Le Monde, 25 janvier 2013

vendredi 25 janvier 2013, par Mariannick

incent Peillon trouvera-t-il assez de professeurs à recruter ? Dans la perspective de créer 60 000 postes d’ici à la fin du quinquennat, le ministre de l’éducation nationale a fixé à 22 100 le nombre de postes ouverts aux concours 2013 de l’enseignement – 6 000 de plus qu’en 2012. Mais son défi est loin d’être gagné.

Car la crise de recrutement frappe toujours la profession. Selon les premiers résultats des épreuves écrites d’admissibilité du capes, qui viennent de paraître, il y a moins de candidats admissibles que de postes dans certaines disciplines. Alors même que la seconde étape de la sélection, les oraux d’admission, n’est pas encore passée – elle se déroulera de mai à juillet –, il est déjà certain qu’il y aura des postes non pourvus à la rentrée. C’est le cas en lettres classiques (108 admissibles pour 200 postes) et en éducation musicale (116 admissibles pour 130 postes).

Dans d’autres disciplines, la pression est forte. En lettres modernes, il y a seulement 1 155 candidats admissibles pour 1 000 postes. En mathématiques, il n’y en a que 1 329 pour 1 210 postes. Il n’est pas garanti non plus que, dans ces disciplines, le capes fasse le plein. A moins que le jury ne brade le concours ! La nouvelle est un mauvais signal pour M. Peillon, qui doit assurer le recrutement de 150 000 enseignants d’ici à 2017 – à la fois pour remplacer les départs en retraite et pour répondre aux besoins du terrain.

Pourtant, son entourage se montre plutôt optimiste et "pressent" qu’il y aura moins de postes vacants que l’an dernier (15 % de non pourvus en 2012). Les annonces répétées du ministre d’un recrutement massif de professeurs auraient même déclenché un "appel d’air". Les 1 500 candidats de plus que l’an dernier présents aux écrits du capes en seraient la preuve.

IMAGE DÉGRADÉE DU MÉTIER

La crise de recrutement dans l’éducation nationale n’est pas nouvelle. Déjà en 2011, un poste sur cinq était resté vacant à l’issue des concours. Les disciplines dites "déficitaires" sont toujours les mêmes : les lettres classiques, les mathématiques, l’éducation musicale, les lettres modernes, l’anglais et l’allemand. Les raisons de cette désaffection sont connues : suppression de 80 000 postes depuis 2007, élévation du niveau de recrutement à bac +5, quasi-suppression de la formation professionnelle des professeurs, salaire jugé insuffisant (environ 1 500 euros net par mois au démarrage), image dégradée du métier...

Pour attirer les candidats lors des sessions à venir, le ministre mise sur trois leviers. Le premier est la création, en septembre, des écoles supérieures du professorat et de l’éducation dans lesquelles les étudiants apprendront leur futur métier. Ils seront payés à hauteur d’un mi-temps pour assurer six heures de cours. Le second, ce sont les "emplois d’avenir professeur" : 6 000 étudiants boursiers seront recrutés chaque année jusqu’en 2015 dans les collèges et les lycées pour y effectuer des missions d’"appui éducatif". En contrepartie, ils s’engageront à passer le concours. Vincent Peillon, qui ne cesse de faire l’éloge de la profession d’enseignant, a même lancé une campagne de publicité déclinée en trois slogans : "Qui veut apprendre à apprendre ?" ; "Qui veut la réussite de tous ?" ; "Qui veut étudier l’esprit libre ?"

Des mesures insuffisantes, pour le SNES-FSU. Le principal syndicat des enseignants du secondaire revendique un dispositif de "prérecrutement" plus large que celui des emplois d’avenir professeur, qui ne cible que les boursiers. "Il faut des aménagements de service pour que les assistants d’éducation et les enseignants non titulaires puissent préparer les concours dans de bonnes conditions, estime Caroline Lechevallier, secrétaire nationale. Une revalorisation salariale et une amélioration des conditions d’entrée dans le métier sont également nécessaires."

Les efforts de la gauche pour susciter des vocations paieront-ils ? Il est trop tôt pour le savoir. Les candidats de la session 2013 se sont inscrits au concours en juin et juillet 2012, soit juste après l’alternance. Les efforts s’évalueront sur la session 2014, dont les inscriptions sont en cours, et dont les épreuves écrites se dérouleront de manière anticipée dès le mois de juin.

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