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Pensées de SLU sur les comètes, et autres sujets (28 février 2013)

jeudi 28 février 2013

La LRU2 vient de loin. Elle s’appuie sur les innombrables clichés, tartes à la crème et autres lieux communs déversés depuis des années sur l’enseignement supérieur et sur la recherche. Quel que soit son sort, elle accède au rang envié de projet-de loi-que-même-le-gouvernement-précédent-n’avait-pas-osé-proposer.
Voyage entre mines de sel, démagogie et rejet assumé de la démocratie et de la collégialité universitaires ; trois textes de SLU pour comprendre les bons principes du rapport le Déaut, le désastreux effondrement de la licence universitaire que le projet Fioraso va provoquer et les subtilités de la "gouvernance" (bonne, forcément bonne !) des communautés d’établissements ou d’universités.

Quelques notes sur le rapport Le Déaut
« Des mines de fer aux mines de sel »



Nota Bene :
Depuis la parution du rapport Le Déaut intitulé Refonder l’Université, dynamiser la recherche. Mieux coopérer pour réussir, remis le 14 janvier 2013 au premier ministre comme « propositions de transcriptions législatives et réglementaires des conclusions des Assises 2012 de l’enseignement supérieur et de la recherche », plusieurs projets de loi ont circulé qui sont encore plus accablants que ce que souhaitait le député de Meurthe-et-Moselle. Il n’empêche que ces projets et les propositions du rapport Le Déaut partagent une même logique, que seul ce dernier permet de comprendre. Raison pour laquelle nous publions ces quelques notes incomplètes.



Le ton est donné dès les remerciements de la p. vii : l’objectif est « la création d’un cadre amélioré » des réformes précédentes ; inutile, donc, de chercher dans ce rapport le changement attendu.

Introduction
« Il n’est pas question de remettre en cause tous les principes actuels d’organisation de l’enseignement supérieur et de la recherche ; car certains, comme l’autonomie des universités, où la coopération thématique au sein des Alliances, sont désormais des acquis bénéficiant d’un consensus » (p. 4).
Ainsi, deux des principales contestations, l’autonomie de gestion des universités qui s’est traduite par une catastrophe financière et entraîne chaque jour des suppressions de postes dans l’ESR, et la création d’entités qui mettent la recherche publique entre les mains d’intérêts privés, dépossédant les scientifiques de toute participation aux choix stratégiques de la recherche, sont censés faire l’objet d’un consensus. Il fallait oser une telle affirmation. Après cela vient l’évidence : un peu de démocratie en redéfinissant le rôle dévolu aux territoires (entendre, la régionalisation de l’ESR), et tout ira bien.
Le passage promis d’un « modèle d’excellence par la compétition » à un « modèle de performance par la coopération » (p. 5) trahit en fait la même idéologie que celle de la droite : pour la recherche, il s’agit de faire « les percées fondamentales en innovations industrielles » (sans doute « fondamentales » est là comme substitut à la recherche fondamentale…), et, pour l’enseignement supérieur, d’acquérir une notoriété mondiale. J.-Y. Le Déaut pourrait employer dès demain V. Pécresse comme conseillère spéciale – elle ne tenait pas un autre discours.
La coopération dans la recherche, selon Le Déaut, c’est d’abord éviter les doublons (p. 5) : autant dire qu’il s’agit de faire des économie d’échelles, en s’appuyant sur cette idée stupide que l’on fait la même chose dans des labos travaillant sur un même thème. La coopération, c’est aussi les liens avec les entreprises, notamment grâce au Crédit Impôt Recherche. La coopération, c’est ensuite le regroupement institutionnel – nous sommes donc dans la même logique que le gouvernement précédent. La coopération c’est enfin la démarche « Bac -3, Bac +3 ». Bref, la coopération selon les socialistes, c’est la concurrence, mais avec le sourire.

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Texte Rapport Le Déaut



L’université n’est pas un lycée :
considérations sur l’une des désastreuses nouveautés du projet de loi LRU 2



Quiconque jette un coup d’œil, même rapide, sur le texte préparatoire de la nouvelle loi sur l’ESR se rend compte assez vite que les logiques majeures de la loi de 2007 dite « Loi LRU » ou « Loi Pécresse » ne sont pas bousculées mais renforcées. Le nouveau gouvernement au bout de six mois d’auditions et de consultations diverses (consultation pas négociation, il ne faut pas trop en demander !) a compris comme le héros du Guépard que le changement devait consister en ce que (presque) rien ne change.
Si ce n’est que cette stabilité apparente, quoi qu’on puisse en penser (et nous n’en pensons pas beaucoup de bien), est doublement trompeuse. Trompeuse parce qu’elle accentue les effets de la loi LRU 1, mais trompeuse aussi parce qu’il existe dans la nouvelle loi un pan entier largement inédit et qui risque fort d’avoir des conséquences importantes sur l’université française à moyen terme.

La nouveauté en question répond au nom de code un peu barbare de « -3 /+3 » et c’est bien là l’un des points qui, de juillet dernier au mois de décembre, dans toutes les auditions diverses et variées, n’était pas discutable. De fait le rapport du député PS Jean-Yves Le Déaut et le projet de loi de Madame Fioraso insistent sur la nécessité d’établir une « continuité » forte entre les trois années qui précèdent le baccalauréat et les trois années qui le suivent, à savoir l’ensemble du niveau L. Quel mal y aurait-il à cela pourrait-on rétorquer ? N’est-il pas reconnu largement que nombre d’étudiants éprouvent des difficultés d’adaptation lors de leur première année universitaire et qu’un tutorat bien organisé peut être d’une grande utilité pour dépasser ces blocages et favoriser cette fameuse « réussite » qui est au cœur d’une forme de pensée magique sur l’université ?

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Texte université -lycée


Comment se conçoit la démocratie universitaire en LRU2 ?
La « communauté scientifique » et son Conseil d’Administration


La « communauté scientifique » (C.S.), qui peut prendre le nom de « communauté d’universités » (C.U.) si elle comprend parmi ses membres au moins une université, ou encore de « communauté d’établissements » (la fameuse COMET) est l’« étage » du meccano institutionnel qui se substituera immédiatement au PRES au jour de la promulgation de la loi.
À échéance rapide, ces communautés scientifiques ont vocation à regrouper l’ensemble des établissements publics d’enseignement supérieur relevant du ministère chargé de l’enseignement supérieur et des organismes de recherche partenaires.
Sur le plan territorial, ces communautés scientifiques s’organisent au niveau académique ou inter-académique.
Selon les termes du projet de loi, elles sont dotées de prérogatives essentielles puisque c’est avec elles que l’État contracte, le cas échéant en y associant la région ou d’autres collectivités territoriales. L’État peut attribuer l’ensemble des crédits et emplois à ces Communautés qui les « réparti[ssen]t entre [leurs] membres et organismes rattachés » (nouvel article L. 719-11-1 du code de l’éducation). Les Communautés « assure[nt] la coordination des politiques de [leurs] membres ». Enfin, leurs statuts « prévoient les compétences que chaque établissement transfère, pour ce qui le concerne, à la communauté scientifique ».

L’administration des Communautés est dès lors une question centrale, et il est patent, à le lire, que le projet de loi a fait le choix d’une direction autoritaire, plaçant rapidement à l’écart les CA des établissements membres, marginalisant les représentants des personnels et des étudiants, et allant jusqu’à autoriser une remise en cause profonde du principe électif.

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Texte Comet