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"Projet d’arrêté Cadre National des Formations : à réécrire". Communiqué de presse du Snesup-FSU, 26 novembre 2013.

mardi 26 novembre 2013

Le cadre national des formations (CNF), sous forme de projet d’arrêté, a été envoyé pour une dernière consultation avant son passage devant le CNESER de décembre. Outre un certain nombre d’articles concernant l’organisation des formations, il fixe la dénomination des mentions de licences et de licences professionnelles pour la rentrée 2014 et celles des masters pour 2015.
Comme aucun critère, autre que comptable, n’a jamais été précisé pour faire passer le nombre de mentions en licence de 300 à 36, la liste proposée ne satisfait pas la communauté universitaire et ne permet pas une meilleure lisibilité de l’offre nationale de formation. De plus, des incohérences demeurent. Par exemple, la mention « Sciences pour l’ingénieur (SPI) », soutenue par le SNESUP, qui fut remplacée par la mention « Sciences et Technologies » après un long débat, réapparaît in fine en parallèle avec cette dernière. Quant aux STAPS, elles se retrouvent en Sciences alors que cette mention est pluridisciplinaire, comme l’atteste la mention « management du sport » de Master !
Les intitulés de master sont au moins aussi problématiques, mais comme la nomenclature ne sera appliquée qu’en 2015, il reste encore un an pour l’améliorer.
Les domaines et les mentions étant fixés, l’arrêté présente un cadre d’implémentation des parcours-types que les universités, selon leurs spécificités, mettraient en œuvre. Le texte du projet d’arrêté se présente comme un copier-coller de textes précédents. Il est construit autour de deux logiques distinctes, mais imbriquées : d’une part, le parcours-type est défini comme construit à partir du projet professionnel de l’étudiant dès son arrivée en licence, d’autre part, c’est grâce au parcours-type que l’étudiant peut construire son projet professionnel, qu’il finalise tout au long de sa licence. Cette double logique conduit à des propositions d’évaluations des formations, sous des aspects pédagogiques et de gouvernance des cursus, dont on peine à discerner la consistance et la cohérence. En outre, le projet d’arrêté est muet sur la mise en oeuvre de voies de réussite adaptées au profil et aux acquis de bacheliers technologiques et professionnels et aucune référence n’est faite aux possibilités de poursuite d’études pour les titulaires de DUT et de BTS.
L’usage du numérique est présenté comme le passage obligé pour renouveler une ingénierie pédagogique présumée peu réactive. Or les enseignants du supérieur n’ont pas attendu les consignes du ministère pour s’approprier les outils du numérique et les utiliser pour adapter leur pédagogie, en tenant compte de la diversité des publics accueillis, de l’évolution des contenus disciplinaires et de l’introduction massive de ces outils dans la vie professionnelle.
Un arrêté n’a pas à prôner un type de pédagogie. Il est à craindre que la finalité de cette insistance soit avant tout de fournir un palliatif au manque de postes d’enseignants et à la diminution des heures des formations dans un contexte d’austérité. Avec 3013 emplois supprimés depuis 2008, auxquels s’ajoutent au moins 2000 emplois gelés depuis 2011, et des formations aux volumes horaires amputés et à la taille des groupes de TD augmentée sous la contrainte de l’austérité budgétaire, on ne saurait utiliser les outils numériques pour prétendre former les étudiants seuls devant des ordinateurs sans enseignants ! Ni préconiser une réduction des horaires de formation : « 1500h en premier cycle c’est beaucoup trop ! » comme le demande le président de la commission formation et insertion professionnelle de la CPU. Le numérique ne peut pas être l’arbre qui cache la forêt universitaire, vidée de ses enseignants, où l’on laisserait les étudiants errer seuls dans le maquis des parcours-types. Le développement des Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement (TICE) exige de tout autres moyens en emplois et en crédits, afin que les étudiants ne se trouvent pas devant des situations très inégalitaires.
Le CNF aborde aussi la spécialisation progressive en cycle licence, le contenu du tronc commun pour une mention, l’évaluation des étudiants et des formations et la place de la recherche à l’université. Autant de points qui seront développés en détails dans les propositions du SNESUP.
Le SNESUP ne peut pas se satisfaire du projet d’arrêté en l’état et œuvrera afin qu’il soit largement réécrit, pour le rendre cohérent avec la volonté politique proclamée de permettre la réussite des étudiants dans toute leur diversité.

Paris, le 26 novembre 2013