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Autres histoires de CUE… à Bordeaux et Créteil - Décembre 2013

dimanche 8 décembre 2013, par Clèves, princesse(s)

Bordeaux, Upec…

Jeudi 7 novembre, nous avons appris la tenue d’un "moment de démocratie" pour la grande et superbe Université de Bordeaux, haut soit son nom au classement de Shanghai , le 3 décembre.

Annonce des règles de composition des listes le 7 novembre pour un dépôt de listes le 18 novembre : 11 jours pour prendre contact, constituer des listes et établir un projet nouveau. Puis 20 jours de campagne pour informer les personnels répartis sur 4 campus principaux sur les orientations administratives, pédagogiques et scientifiques pour les 4 prochaines années. Le tout pour élire une structure complètement nouvelle issue des directives de la loi Fioraso votée cette été.

Ces élections sont un simulacre de démocratie organisé par et pour l’équipe dirigeante en place : la liste comportant les 3 présidents des ex universités Bordeaux 1, 2 et 4 fixe les règles et bénéficie pour sa campagne de l’infrastructure logistique mise en place avec la NUB. Le résultat faisant tellement peu de doute que les noms des futurs directeurs et directrices des collèges et départements circulent déjà dans les couloirs. La soupe est bonne.

Nous dénonçons fermement cette marche forcée vers une Université de Bordeaux, louée soit-elle par les agences d’évaluation , qui se fait sans la moindre prise en compte de l’opinion des personnels et usagers.

Nous réaffirmons notre volonté d’un changement total de fonctionnement permettant structurellement à chacun.e, étudiant.e.s et personnels, d’avoir le temps d’être informé.e et d’exprimer ses besoins, envies, attentes, et de les mettre en confrontation pour, enfin, arriver à cette petite partie du processus démocratique qu’est le vote. Nous réaffirmons notre volonté d’un statut unique (titularisation immédiate et sans condition de tou.te.s les précaires, qui constituent actuellement plus d’un tiers des employé.e.s) et d’un salaire unique(non, non, il n’y a pas de pyramide au sommet de laquelle on trouverait des enseignant.e.s et/ou des chercheur.e.s). Nous demandons que tous les moyens nécessaires soient mis en œuvre pour que la priorité soit donnée aux conditions de travail, d’hygiène et de sécurité plutôt qu’à la
course à "l’excellence" et la compétitivité.

La section SUD de l’Université Bordeaux 1 (regroupant dans une structure unique des chercheurs, enseignants-chercheurs et personnels BIATSS, précaires et titulaires)


UPEC 2020 : l’université consulte sa communauté.

En quoi consiste réellement cette opération ?

Les nombreuses affiches, le site u‐pec.fr, et les rappels incessants (jusqu’aux serviettes de table !) tentent de convaincre qu’il s’agit d’une « grande consultation ouverte à tous » au travers de laquelle il s’agirait « ensemble [d’imaginer] l’UPEC 2020 ». Ce déploiement marketing de bonnes paroles (et peut‐être de bonnes intentions) mérite, dans une institution dont la mission essentielle est de réfléchir et de faire réfléchir, qu’on examine méthodiquement ce dispositif. Et qu’on pose quelques questions.

La première d’entre elles consiste à s’interroger pour savoir sur quoi au juste ceux qui répondent sont consultés.
- En quoi les réponses à « Quel est le terme que vous utilisez le plus souvent pour nommer l’Université ? » ou « A propos de l’UPEC, diriez‐vous que vous en avez une très bonne, plutôt bonne, assez mauvaise ou très mauvaise image ? » ou « Globalement, comment jugez‐vous la qualité des formations proposées à l’UPEC ? » sont‐elles censées permettre d’imaginer « l’UPEC 2020 » ?
- Qui a établi le questionnaire, sur quels critères, avec quels objectifs précis, pour savoir quoi au juste ?
- Comment se fait‐il que les questions « pouvez‐vous nous indiquer quelles sont les trois thématiques prioritaires selon vous ? » respectivement posées pour « l’enseignement et les formations proposées », pour la « politique de l’établissement », « en matière d’engagement envers la société » ou « pour la recherche et les valorisations de la recherche », ne prévoient aucune ligne de réponse « Autre : précisez… », alors même qu’il s’agit d’imaginer « ensemble » ?
- Quel est donc l’objectif réel de cette opération ?

La seconde concerne le protocole lui‐même :
Si on se disait que, même si le contenu de la « consultation » ressemble davantage à une enquête de satisfaction pour les couches culottes ou une enseigne de réparation rapide de pare‐brise, ces informations sur le degré de satisfaction pourraient après tout avoir une petite utilité, il reste à s’assurer que les données recueillies aient une certaine validité pour que leur exploitation soit crédible.
- Qui a validé le mode de consultation en ligne ?
- Qui a validé le principe d’un échantillon non contrôlé ni contrôlable, non verrouillé (on peut répondre autant de fois qu’on le souhaite en empruntant différents statuts),
- Comment sera estimée la représentativité des répondants ? Est‐il prévu, comme il est d’usage dans le métier, de comparer la composition respective de chaque sous‐population de répondants qui constituent l’échantillon spontané (étudiants, Biats, enseignants etc.) à celle de chacune d’entre elles à l’UPEC ? Est‐il prévu de « redresser l’échantillon », c’est‐à‐dire de pondérer les répondants en fonction de leur poids dans la population UPEC ? Selon quel protocole ? Dans une institution scientifique comme une université, la réponse à ces questions basiques est attendue avec inquiétude !
- Qui a validé la programmation CAWI (censée gérer automatiquement les filtres et les relations entre question) qui n’interdit par exemple pas la situation suivante : avoir 18 ans, être en doctorat de médecine, et étudier sur le site de Fontainebleau (quels filtres ???) ?
- Comment seront traitées les non réponses (aux différentes questions et à l’ensemble du questionnaire) dont les professionnels connaissent le caractère crucial dans les enquêtes (les vraies) ?
- Alors qu’il s’agit d’imaginer ensemble « l’UPEC 2020 », le fait qu’il n’y ait qu’une seule question ouverte, à la fin du questionnaire, et sur un mode très anecdotique (« dernière suggestion ») est très problématique.

  • Il est attendu une petite suggestion de dernière minute, puisque les sujets importants et sérieux ont été abordés (et déjà ficelés) par les questions fumeuses qui précèdent. « Pour terminer, avez‐vous une dernière suggestion pour améliorer les conditions d’études ou de travail à l’UPEC ? »
  • Elle pose un problème méthodologique : comment seront traitées ces réponses ? Seront‐elles recodées pour pouvoir traiter quantitativement leur contenu qualitatif ? Selon quel protocole ? Est‐il prévu d’éditer un document recensant l’ensemble des réponses à cette question, qui est au cœur de la consultation ? Est‐il prévu d’en faire une analyse textuelle ? Laquelle ?

Dans une institution professant le doute et la rigueur scientifiques ces errements sur le protocole sont inacceptables. Si la volonté était vraiment de consulter, il aurait été judicieux de requérir les compétences existantes à l’UPEC (2013) ou à défaut, de solliciter n’importe quel laboratoire universitaire dont l’enquête est le métier.

Décidément, à la lumière de ces premières interrogations sur l’ensemble du protocole, il est clair que l’objectif n’est évidemment pas de faire une quelconque « consultation ». Il s’agit d’une opération de propagande visant à donner l’illusion que chacun est invité à « imaginer l’UPEC 2020 ». Les répondants étant considérés assez stupides pour se laisser enfumer. La FSU exige de connaître la raison sociale de l’officine qui a vendu cette opération, ainsi que le budget qui y a été consacré.

Si vous décidez de répondre tout de même [1], utilisez le seul espace de liberté qui vous est donné : répondez surtout à la dernière question avec VOTRE liste d’idées, de projets, de rêves, de revendications pour VOTRE université et exigez la publication intégrale des réponses à cette question.


[1Note de SLU : ce questionnaire est accessible à tout troll malintentionné… je l’ai testé !