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(Un peu) "hystériques" : le Nouvel Obs et Fioraso - Blog de OLChantraine, Mediapart, 7 mai 2014

jeudi 8 mai 2014, par Elisabeth Báthory

"Un peu hystériques", par cette aimable catégorisation l’expert du Nouvel Observateur en matière universitaire - Patrick Fauconnier - catalogue les oppositions à Madame Fioraso, récemment rétrogadée "secrétaire d’état" aux Universités quand le gouvernement de François Hollande fut "resserré" autour du fringant Manuel Valls.

Ces attaques "hystériques" sont rapportées par P.F. à des conflits "confus". Pour accréditer l’idée de cette confusion il produit ensuite une analyse pleine de contradictions. Dont on relèvera notamment celle qui lui fait attribuer "l’hystérie" anti-Fioraso tantôt à "la gauche du PS", tantôt à "un avatar de l’opposition entre le PS et la gauche de la gauche "Mélenchon... Besancenot...).

Il faudrait pourtant choisir entre trois possibilités :

  • soit la politique autoritaire par laquelle Fioraso réorganise l’Université selon le modèle unique de l’enseignement supérieur européen et au-delà capitaliste est à l’origine du rejet de la ministre par les universitaires
  • soit "la gauche du PS" a trouvé en Fioraso une mascotte et lancé un baroud d’honneur, pour faire passer inaperçu le ralliement de Benoit Hamon au gouvernement social-libéral
  • soit "la gauche de la gauche" (qui... ne se réduit pas au co-président du Front de Gauche et l’ancien dirigeant du NPA, qui ne sont ni l’un ni l’autre chercheurs ou enseignants-chercheurs dans une université...) a placé cette banderille sur le nouveau gouvernement, d’autant plus opportunément que l’Université est l’un des lieux où la continuité Sarko-Hollande est la plus criante... Et la servilité politique du PS envers l’idéologie capitaliste et financière portée par l’Union Européenne, relayée par le management "moderne" (privatisation des financements de la recherche, priorité à la recherche par contrats et projets, précarisation de l’emploi, délaissement des recherches fondamentales, hausse des frais de scolarité, promotion de la dette étudiante, généralisation d’un système à deux vitesses, habillement de la misère par le discours de l’excellence et de la compétitivité, désengagement financier de l’état, pilotage autoritariste) la plus évidente.

Mais Monsieur Fauconnier ne trie ni n’articule ces trois hypothèses, il se contente de les asséner de manière cumulative, espérant un effet de brouillard pour accréditer l’idée que les choses seraient aussi confuses que son article.

D’autre part Monsieur Fauconnier s’émeut de la rétrogradation au grade de secrétaire d’état de l’objet de sa compassion. Ce serait injuste pour quelqu’un qui "représente près de 100.000 enseignants et chercheurs, et plus de 2 millions d’étudiants"...

Il faut pourtant dire deux choses :

  • Les universitaires élisent leurs représentants dans les conseils d’université, au CNU, au CNESER. Ils se dotent de représentants syndicaux. Ils ont de nombreuses associations, disciplinaires ou professionnelles... On n’a jamais vu qu’ils attendent d’un(e) ministre ou secrétaire d’état qu’il les "représente" ! Le ministère est une tutelle, il gère et malheureusement il exerce un plein pouvoir discrétionaire sur les grandes orientations (tout en baragouinant le discours de "l’autonomie"). Il ne "représente" pas. A l’heure où l’on nous dit qu’il faut "gérer l’Université comme une entreprise", les sidérurgistes lorrains vont-ils se souvenir de Monsieur Mittal comme de leur "représentant" ? (Il est vrai que la casse de l’Université n’est pas sans ressemblance avec celle de la sidérurgie)
  • L’université a bien un ministre, puisque Monsieur Hamon est ministre de l’Education Nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche... (Ca n’arrange rien, mais c’est un fait...)

Peut-être soucieux d’apporter finalement un peu de clarté pour dissiper ses fumigènes, Monsieur Fauconnier me fait finalement l’honneur de citer, sans le citer, le présent blog :

"Un autre blog, sur Mediapart, apporte une lecture bien plus politique du conflit en cours, qui semble être un avatar de la bataille entre le PS et la gauche de la gauche (Mélenchon, Besancenot…) : "La radicalisation du management de l’Université par les règles capitalistes est généralement présentée comme une "modernisation", ou un progrès de gestion. Il s’agit en fait de la destruction d’une des rares institutions qui sert l’intérêt public et social avec d’autres valeurs de référence que l’extraction du profit (...) Elle est "pilotée" par un collège invisible de hauts responsables ministériels, que les ministres socialistes ou UMP se transmettent tels quels à chaque "alternance". D’autres institutions connaissent le même sort : l’hôpital tout d’abord. Bientôt : la justice, l’école."

Les médiaparticipants jugeront s’il y a là de l’hystérie ou de la confusion...

Il aurait pu donner la référence OLChantraine... mais citer correctement ses sources évoque peut-être trop l’antique université que Madame Fioraso s’applique à faire disparaître sous les yeux tendrement complices du Nouvel Observateur.

En donnant sa référence, il aurait permis aux lecteurs du Nouvel Obs (mais y en a-t-il ?) de repérer que le rejet de la politique Fioraso-Pécresse par les universitaires ne date pas du mini-remaniement par lequel Hollande a radicalisé l’orientation droitière et capitaliste de sa présidence.

A lire sur le site de Mediapart.