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Baisse de subventions pour l’enseignement supérieur privé sous contrat - Isabelle Rey-Lefebvre, Le Monde, 28 juillet 2014

lundi 4 août 2014, par Elisabeth Báthory

Les fonds publics se font rares pour les établissements d’enseignement supérieur privé sous contrat, qui s’alarment d’une baisse de leurs subventions pour la prochaine année scolaire. C’est le cas par exemple d’une quarantaine d’écoles d’ingénieurs, qui accueillent 25 % des effectifs du secteur, soit 60 000 étudiants. On y trouve des écoles placées pour la plupart sous un statut associatif sans but lucratif, comme l’Ecole supérieure des travaux publics, l’Estaca, à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), spécialisée dans l’aéronautique et les transports, ou l’Ecole polytechnique féminine, à Sceaux.

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En 2012, la subvention publique totale à ces établissements était de 80,5 millions d’euros. En 2013, l’enveloppe a baissé à 70 millions, puis à 64,7 millions en 2014, soit un recul de 19,7 % entre 2012 et 2014, selon les données de la Conférence des directeurs d’écoles d’ingénieurs (Cdefi) dans un communiqué du 25 juillet.

PLUS DE BOURSIERS

La chute des subventions atteint même 29 % par étudiant, depuis 2010, « car nous avons augmenté nos effectifs devant la forte demande à la fois des familles mais aussi des employeurs », témoigne Jean-Michel Nicolle. Comme le souligne le représentant de la Cdefi :

« Cette forte diminution vient aggraver la situation financière de nos établissements qui supporteront en 2015 les conséquences d’autres mesures comme la réforme de la taxe d’apprentissage, qui devrait conduire à une baisse de ressources de l’ordre de 25 % au minimum ».

En 2010, ces écoles avaient, sous l’impulsion de Valérie Pécresse, alors ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, pris plusieurs engagements, dans le cadre de contrats sur la période 2010 à 2014. Il s’agissait de développer la recherche, d’accentuer l’ouverture sociale de leur public, en contrepartie de subventions majorées. Elles l’ont été à hauteur de 10 à 12 millions d’euros les premières années de 2010 à 2012. « J’ai ainsi pu recruter une vingtaine d’enseignants », témoigne Jean-Michel Nicolle, qui est aussi directeur de l’Ecole polytechnique féminine.

Conformément aux engagements pris, le taux de boursiers dans ces établissements est passé de 10 % à 16 %. L’effort est significatif mais encore loin des 30 % de boursiers dans les universités.

DES FRAIS D’INSCRIPTIONS ÉLEVÉS

Cette hausse du nombre de boursiers demande néanmoins aux écoles des efforts financiers supplémentaires. Seule alternative aux subventions publiques : le recours à des frais d’inscriptions élevés, que ces établissements peuvent fixer librement. Les tarifs avoisinent les 6 000 à 8 000 euros par an dans les formations d’ingénieurs, voire près de 10 000 euros dans nombre d’écoles de commerce.

La politique de majoration des droits d’entrée atteint ses limites : les familles renâclent de plus en plus à débourser ces sommes. Les écoles de commerce font face à des impayés ou des demandes d’étalement des paiements. Certaines, comme Toulouse Business School ou la parisienne Novancia, facilitent le travail salarié de leurs élèves en groupant les cours le matin pour libérer les après-midi. D’autres comme Kedge fournissent des jobs, bibliothécaires ou assistants informatiques, au sein de l’école elle-même.

Même le recours à l’emprunt devient problématique : les banques exigent des cautions, se montrent sélectives en constatant les baisses de salaires des jeunes embauchés. Dans son enquête publiée le 17 juin, la Conférence des grandes écoles indiquait que les diplômés de 2013 perçoivent une rémunération de 36 650 euros (salaire brut annuel moyen) contre 37 083 euros un an plus tôt « Dans mon établissement, plus d’un quart des étudiants sont endettés, raconte M. Nicolle. On voit de plus en plus de refus de prêts, à la rentrée 2013, trois étudiants ont ainsi renoncé à entrer dans l’école. »