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La fin des bourses au mérite fait polémique - Les Echos, 9 août 2014

samedi 9 août 2014, par Elisabeth Báthory

Une circulaire publiée fin juillet supprime ce dispositif. Cette décision intervient dans le cadre de la refonte globale des bourses sur critères sociaux.

A lire sur le site des Echos.

La suppression de la bourse au mérite fait, au creux de l’été, grincer des dents. Ce dispositif, créé en 2001 et élargi lors du quinquennat précédent par l’ex-ministre de l’Enseignement supérieur Valérie Pécresse, était un complément de bourse de 1.800 euros par an pendant trois ans aux étudiants boursiers ayant eu une mention très bien au bac ainsi qu’aux meilleurs étudiants boursiers de licence, pour leur entrée en master. Publiée fin juillet, une circulaire vient d’y mettre un terme. Seuls les étudiants bénéficiaires en cours de cursus continueront de la percevoir. La bourse au mérite touchait, en 2013/2014, 31.000 étudiants.

Cette circulaire a ravivé le débat politique sur les aides au mérite. Dès sa parution, Valérie Pécresse a lancé sur Twitter : « Effort, mérite, des mots qui dérangent ? #Assistanat ». Sur le web, une communauté Facebook « Touche pas à ma bourse, je la mérite », de 2.000 adhérents, s’est créée. Le syndicat étudiant UNI, proche de la droite, a lancé une pétition contre une mesure qui«  supprime la considération des efforts de ces étudiants », estime-t-il. Autre son de cloche à la Fage : «  cette suppression n’est pas une bonne chose en soi, regrette Julien Blanchet, président de l’organisation étudiante, mais si nous avons le choix entre l’élargissement du périmètre des bourses sur critères sociaux et la bourse au mérite, nous préférons le développement des bourses sur critères sociaux ».

Car la mesure s’inscrit dans la refonte globale des bourses sur critères sociaux engagée en 2013 avec la création d’un échelon 7 et d’un échelon 0bis, et poursuivie cette année avec les annonces en juin du ministre de l’Education Benoît Hamon et de la secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieur Geneviève Fioraso d’un nouveau geste pour les étudiants boursiers. La suppression elle-même de la bourse au mérite avait été annoncée en 2013 pour une entrée en vigueur progressive à partir de septembre 2014. «  Moi, je ne fais pas d’idéologie, rétorque Geneviève Fioraso. à Valérie Pécresse. Mon souci, c’est l’efficacité et la remise en route de l’ascenseur social, en panne ces dernières années. Or, nous avons constaté que les universités, réticentes, ne fournissaient pas forcément les résultats des meilleurs étudiants, considérant que les notations sont non seulement différentes entre les matières mais aussi entre les établissements, justifie-t-elle. Et avec l’augmentation de mentions très bien au bac, l’aide était de moins en moins ciblée. »

En 2014, ce sont 12 millions d’euros qui seront ainsi économisés et à terme, 39 millions. Des sommes redéployées dans la refonte des bourses sur critères sociaux : 116 millions d’euros ont été injectés en 2013 avant le déblocage, annoncé fin juin, d’une nouvelle enveloppe de 84 millions pour la rentrée 2014. Au total, «  ce sont 457 millions d’euros », assure Geneviève Fioraso, qui auront été investis de 2013 à 2015 dans les bourses sur critères sociaux.