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Les économies des réformes de Xavier Darcos, par Fabienne Guimont, "L’Etudiant", 20 octobre 2008

mardi 28 octobre 2008, par Laurence

Pour lire cet article sur le site de l’Etudiant.

La réforme du lycée, dont Xavier Darcos doit annoncer ce mardi 21
octobre 2008 les premières mesures sur la classe de seconde,
permettra-t-elle au ministère de faire des économies ? Le ministère de
l’Education nationale s’est engagé parallèlement sur deux réformes
d’ampleur – réforme du lycée et recrutement des enseignants au niveau
master – qu’il veut voir aboutir dans des délais très serrés. Même s’il
affirme penser les réformes « au service des élèves » pour l’une et « 
avec l’objectif d’améliorer le recrutement des enseignants » pour
l’autre, en se défendant de les envisager dans une perspective
comptable, les deux chantiers ouverts pourraient, d’après les premières
hypothèses formulées, conduire à économiser de nombreux postes. En
contrepartie, le ministère se "dédouane" en revalorisant les débuts de
carrière des enseignants.

Avec les suppressions prévues de 13 500 postes d’enseignants à la
rentrée 2009 qui suivent celles de 11 200 à la rentrée 2008, les
gestionnaires de l’Education nationale n’iraient quand même pas jusqu’à
bouder leur plaisir si réformes rimaient avec une réduction des coûts.
Les réformes joueraient-elles en faveur de cette hypothèse ?

1. Moins d’heures pour les lycées, moins de profs ?

La réforme du lycée ne va pas abonder dans le sens d’une augmentation
des postes enseignants. Avec 975 heures par an prévus pour les élèves de
seconde – y compris l’accompagnement éducatif - au lieu de 1152
aujourd’hui (en moyenne), le nombre de postes économisés mécaniquement
est évalué à 4800, selon le SE-Unsa. « C’est un minimum, car on n’a pas
de réponse en terme d’horaire par enseignant, seulement le nombre
d’heures par élèves pour le moment », analyse Guy Barbier, responsable
des questions budgétaires dans ce syndicat. Pour son homologue du
SNES-FSU, en passant de 28 à 32 heures pas semaine en moyenne
actuellement à 27 heures maximum en seconde y compris l’aide
individualisée comme l’envisage la réforme du lycée, le ministère
pourrait économiser entre 2700 et 3600 emplois. En première ou en
terminale, l’hypothèse d’une heure perdue pour les enseignants
représenterait une économie de 1000 emplois.

Quid des heures d’accompagnement ?

Les économies ne peuvent encore être chiffrées avec précisions. Les
modalités de la mise en œuvre de la réforme feront toute la différence.
Les dédoublements de classes peuvent brouiller encore ces chiffres par
exemple. Quelles seront au final les disciplines du tronc commun qui se
font souvent en classes dédoublées ? Les sciences expérimentales, un
temps écartées semblent avoir réintégré le tronc commun. Quid des heures
d’accompagnement ? « Une heure de soutien faite par un assistant
d’éducation à la place d’un enseignant permettra d’économiser des
emplois », illustre Fabienne Bellin, en charge de la politique scolaire
et des questions budgétaires au SNES.

Le ministère affirme de son côté vouloir appliquer la réforme avec la
nouvelle seconde en 2009 à moyens constants pour le lycée, en tablant
notamment sur les baisses démographiques des élèves. Le nombre de
lycéens remonterait dès 2010, selon les dernières projections
statistiques disponibles.

2. Mastérisation : la fin des stagiaires rémunérés

Dans la forme actuelle du recrutement des enseignants, le concours est
suivi d’une année où les lauréats sont stagiaires et suivent une
formation en alternance. Dans ce cadre, ils sont devant une classe
pendant huit heures en moyenne (pour les Capes) et rémunérés environ
1500 euros par mois. Avec la mastérisation du recrutement, l’année du
concours – en master 2 – ne serait plus rémunérée. Après le concours,
les jeunes lauréats feraient cours pendant 18 heures par semaine, en
responsabilité devant les élèves, dès la rentrée suivante. A partir de
septembre 2010, le ministère devrait pouvoir ainsi économiser le coût
des postes de stagiaires dans le 1er et le 2d degrés. Avec une moyenne,
sur les cinq dernières années, de 25 000 postes de
stagiaires-fonctionnaires, l’économie se chiffrerait à quelque 750
millions d’euros (salaires, cotisations sociales, pensions incluses),
selon les estimations de l’UNSA-Education. Une hypothèse haute car le
nombre de postes mis au concours - et mécaniquement le nombre de postes de stagiaires - n’a cessé de diminuer depuis 5 ans. Pour le SNES-FSU, 3900 postes de stagiaires dans le second degré seraient récupérés dès la première année de cette réforme.

Deux promotions d’enseignants à la rentrée 2010

Cette année, 4000 postes d’enseignant stagiaires dans l’enseignement
public (3000 en moins dans le 1er degré et 1000 dans le 2d degré) ont
été supprimés. Un signe avant-coureur de futures diminutions des postes
enseignants ou une simple conséquence ponctuelle de deux générations de
lauréats prévues d’arriver sur le terrain en septembre 2010 ? En effet,
le ministère pourrait à cette date compter sur deux viviers de lauréats
 : les candidats retenus en 2009 avec une licence en poche, après leur
année de stage, et ceux recrutés en 2010 avec un master, qui seront
directement affectés devant les élèves sans passer par l’année de
formation en alternance. Un tutorat par des enseignants expérimentés est en revanche prévu pendant leur première année d’enseignement.