Accueil > Questions d’argent > La DGESIP écrit aux présidents d’Université à propos des « droits différenciés » (...)
La DGESIP écrit aux présidents d’Université à propos des « droits différenciés » pour les étudiants étrangers - décembre 2018
dimanche 2 décembre 2018, par
SLU traduit cette lettre en français facile.
Et montre qu’elle est la mise en musique d’une chanson d’Édouard Philippe.
[rouge]« Droits différenciés » ça veut dire qui passent de 170€ à 2770 € [1] en licence et, respectivement, de 243€ et 380€ à 3770 € en master et doctorat. C’est vrai que c’est différent. C’est sensiblement multiplié par 10 à 15.[/rouge]
Mesdames et messieurs les présidents et directeurs,
Le Gouvernement français a lancé une stratégie d’attractivité pour les étudiants internationaux incluant
[rouge]Voir aussi « Bienvenue en France » comme dévoiement du langage.[/rouge]
- une simplification de la politique des visas,
- la multiplication des formations en français langue étrangère et en anglais, [rouge]Financées sur fonds propres ?[/rouge]
- une démarche de généralisation et de labellisation des programmes d’accueil et d’accompagnement des étudiants étrangers mis en place dans les établissements
- et une campagne de communication mondiale, sous l’égide de Campus France. [rouge]C’est ce qu’ils appellent envoyer un « signal prix ». Traduction en vulgaire : si c’est cher, c’est bien, si c’est gratuit, c’est de la daube[/rouge].
La France se fixe ainsi l’objectif d’accueillir un demi-million d’étudiants étrangers d’ici 2027. En parallèle, des moyens sont mobilisés pour accompagner le déploiement hors de France des campus et des formations des universités et des écoles françaises, notamment en Afrique.
Dès la rentrée 2019, les droits d’inscription seront différenciés en France pour les étudiants internationaux hors Union européenne. Ils resteront inférieurs au tiers du coût réel des formations mais permettront d’augmenter significativement les ressources propres des universités et des écoles. Vous aurez ainsi les moyens de renforcer l’attractivité et la visibilité de vos établissements vis-à-vis des étudiants internationaux.
[rouge]Puisqu’on parle du coût réel des formations, il va de 2730€ en licence de SHS à 17.000€ annuels à Sciences Po Paris ; il est de 13.000€ en CPGE et 15.000 en STS où l’inscription est gratuite — y compris pour les étudiants étrangers… mais le restera-t-elle ?[/rouge]
Dans le même temps, le nombre de bourses et exonérations sera triplé.
J’attire votre attention sur trois points essentiels :
- Les droits différenciés concernent les étudiants internationaux hors Union Européenne, Suisse et Québec. Ils ne s’appliquent pas aux étudiants internationaux d’ores et déjà présents dans vos établissements et qui, à la rentrée 2019, poursuivront leurs études au sein d’un même cycle (L, M ou D). Vos établissements sont par ailleurs en mesure, dans le cadre de leur stratégie d’attractivité et d’accueil, de prévoir une exonération pour les étudiants internationaux changeant de cycle. [rouge]Les bourses d’établissement représentent une part infime des exonérations , et là encore, aucune indication sur le financement[/rouge]
- Le nombre de bourses et exonérations à destination des étudiants étrangers sera triplé, prioritairement à destination des étudiants venus de pays du Maghreb ou d’Afrique. Les universités auront la possibilité d’accorder des bourses et des exonérations, totales ou partielles, notamment dans le cadre des accords de coopération entre universités et écoles (Erasmus+, cotutelle de thèse, par exemple). [rouge]Si l’on compte bien : 21.000 bourses pour 323 933 étudiants étrangers en 2016-2017 [2] (ou 500.000 attendus en 2027 selon le Premier ministre [3]), ça fait 6% ou 4%. Rappelons aussi que toute exonération des droits d’inscription des boursiers est —en principe— compensée par l’état.[/rouge] [4]
- Les doctorants internationaux bénéficieront de programmes spécifiques de soutien permettant de maintenir l’attractivité des laboratoires de recherche. Les droits d’inscription des doctorants internationaux pourront être pris en charge dans le cadre de financements qui soutiennent les projets de recherche auxquels ils participent. Les services du ministère vous feront parvenir les documents techniques nécessaires à la mise en place de ces nouvelles mesures tout au long de l’année. [rouge]C’est les labos qui vont payer pour leurs 40% d’étudiants étrangers [5] ?[/rouge]
Bien cordialement,
Philippe Baptiste
Il s’agit en fait, dans cette lettre adressée aux directions d’établissements, de mettre en musique la chanson proposée par Édouard Philippe dans son discours…
Discours de M. Édouard PHILIPPE, Premier ministre. Présentation de la stratégie d’attractivité pour les étudiants internationaux. Lundi 19 novembre 2018.
…discours, qui, une fois débarrassé de ses jolies citations, de ses « bololo » et Makélékélé, après avoir un peu tangué avec les chiffres (1. Nous comptons 324 000 étudiants étrangers ; 2. « D’ici 2025, le nombre d’étudiants en mobilité internationale aura doublé » ; 3. « Notre objectif est d’atteindre 500 000 étudiants en mobilité à l’horizon 2027 » [6]. [rouge]Soit il ne sait pas faire une multiplication par 2, soit il joue "petit bras" et il sait que le phénomène d’éviction va jouer à plein — la Cour des Comptes table sur 40% d’éviction, donc le compte n’y est pas) [/rouge]
…entre enfin dans le dur :
• « instaurer une forme d’équité financière » (usant de l’argument spécieux « un étudiant étranger très fortuné qui vient en France paye le même montant qu’un étudiant français peu fortuné dont les parents résident, travaillent et payent des impôts en France depuis des années », [rouge]comme si les français sans enfants ne devaient plus payer pour les enfants des autres, les non-fumeurs pour les cancéreux… [/rouge])
• [ils] « paieront des frais d’inscription correspondant approximativement au tiers du coût réel de leur formation » (voir plus haut le coût très inégal des formations, [rouge]là : plus question d’équité ! [/rouge])
Et pour conclure
• « instaurer un principe d’équité solidaire, en faisant payer les étudiants étrangers qui en ont largement les moyens, pour financer des bourses destinées aux moins fortunés et aux plus méritants des autres étudiants accueillis. » (5% de boursiers !)
« Bienvenue en France » – « Choose France »
[1] Pour mémoire, le salaire moyen annuel algérien s’élève à 2880€
[2] Source Cour des Comptes
[3] Discours du 19 novembre
[4] Elle est en théorie versée à l’euro près en fonction du nombre réel d’étudiants boursiers constaté dans les établissements, et intégrée à la subvention pour charges de service public (SCSP) des établissements. Source Cour des Comptes
[5] 3370€, c’est tout de même 20% du contrat doctoral
[6] Pourquoi 2027 ? Ah oui ! la fin du 2ème quinquennat Macron !!!!