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La précarité tue - Rassemblements devant les CROUS mardi 12 novembre (màj 12 nov.)

dimanche 10 novembre 2019, par Mariannick

• Communiqué de Solidaires-étudiant.e.s. SLU s’y s’associe pleinement.

Nous vous attendons nombreuses et nombreux, et pour reprendre les mots de notre camarade : “Vive l’autogestion, vive le socialisme, vive la sécu”

• Témoignages, réactions

• Rendez-vous


Communiqué de Solidaires-étudiant.e.s

Ce vendredi 8 novembre en début d’après-midi, un camarade de Solidaires étudiant-e-s Lyon a tenté de s’immoler par le feu devant le bâtiment du CROUS à Lyon.

Par cet acte désespéré et politique, il a voulu alerter sur ses conditions précaires d’étudiant redoublant, privé de bourse, dans un système universitaire toujours plus libéralisé. Ce constat, Solidaires Étudiant-e-s le partage. Les études coûtent chaque année plus cher aux étudiant-e-s et nous sommes nombreuses-eux à partager ces conditions intenables. Les moyens déployés pour les étudiant-e-s sont dérisoires par rapports aux besoins et au coût de la vie : que ce soit le nombre et le montant des bourses, le prix des logements, leur trop faible nombre et leur insalubrité dans les CROUS, la restauration universitaire trop chère et sous-dimensionnée, l’inexistence d’un service de santé…

Poursuivre des études dans un système concurrentiel, imposant une sélection permanente, crée des situations de stress et de surmenage dont souffrent 60% des étudiant-e-s d’après le dernier rapport de l’Observatoire de la Vie Etudiante. A cela, ajoutons que la moitié des étudiant-e-s doit cumuler les études et un travail salarié pour survivre.

Ce sont les enfants des classes populaires et d’une partie des classes moyennes qui subissent ce système et cette précarité, ce qui a évidemment un impact sur leurs études. Cette précarité existe également pour la jeunesse non scolarisée et pour une partie croissante de la population. Elle est inacceptable, encore plus dans un pays aussi riche que le nôtre.

Solidaires Etudiant-e-s et l’Union syndicale Solidaires appellent nationalement à des rassemblements sur les lieux d’études, devant les CROUS le mardi 12 novembre. À défaut d’antenne du CROUS, nous appellons à des rassemblements devant les préfectures et sous-préfectures.

Nous vous invitons à vous rapprocher des syndicats Solidaires Etudiant-e-s pour les informations des rassemblements dans votre ville ou à vous référer à la liste mise à jour sur nos différents réseaux sociaux.

A Lyon, nous vous invitons à 10h, au 59 rue de la Madeleine, siège social du Crous Lyon Saint-Etienne, lieu où notre camarade a commis cet acte politique, pour nous retrouver ensemble, rester soudé-e-s, créer des solidarités et pour lutter contre ces conditions de vie déplorables.

Toutes les organisations qui luttent contre la précarisation de la vie étudiante ou dans le monde du travail, qui se battent pour une autre répartition des richesses sont les bienvenues.

Nous vous attendons nombreuses et nombreux, et pour reprendre les mots de notre camarade : “Vive l’autogestion, vive le socialisme, vive la sécu”


Le message d’Anas


Un témoignage sur la précarité étudiante en France en 2019

Par Benoît R. Kloeckner, (Prof. Maths, UPEC Créteil)
J’ai récemment lu sur twitter sur un message demandant, après qu’un étudiant acculé par la précarité a tenté de mettre fin à ses jours, où étaient les prises de position des enseignants du supérieur.

Si je souhaite être prudent sur l’évènement précis en question (et renvoyer aux recommandations de l’OMS sur la prévention du suicide et par exemple à ces ressources), je me suis senti interpellé à juste titre.

Cela fait trop longtemps que nous faisons tourner l’Université tant bien que mal, ou plutôt plus mal que bien, envers et contre toutes les politiques d’austérité et les injonctions à l’excellence, à la différenciation, à la compétition, à l’individualisation dont nous voyons quotidiennement les effets concrets. Trop longtemps que nous nous demandons, devant le tableau Excel dons le CROUS a besoin pour savoir lesquelles de nos étudiantes et étudiants boursiers étaient assidus, ce que pèsent et ce que causent une trop grande franchise ou un mensonge. Le minimum que nous devons à nos étudiantes et étudiants, à nous-mêmes, est de témoigner.
Ceci est ma contribution, en espérant qu’elle en provoque d’autres, que nous prenions position dans nos conseils, et que peut-être nous puissions enfin faire pencher la balance, et recommencer espérer faire correctement le travail pour lequel nous avons été formés et recrutés — car ne nous y trompons pas, toutes nos compétences et tous nos efforts sont vains si les étudiantes et étudiants devant lesquels nos professons n’ont pas le temps et la disponibilité d’esprit nécessaire à étudier.

Comme tout point de vue, le mien est partiel et il est peut-être utile de préciser d’où je parle. Après une scolarité et des études dans des conditions idéales (d’un lycée de centre-ville à une École Normale Supérieure) j’ai eu la chance de voir mon travail de thèse assez reconnu pour obtenir un poste de maître de conférence dans une grande université de province, avant de devenir professeur en mathématique à l’Université Paris-Est Créteil ; je précise que c’est un parcours relativement commun au moins parmi mes collègues mathématiciennes et mathématiciens. J’ai beaucoup enseigné en première année de licence (y compris en travaux dirigés), en première année de master Meef (formation des enseignantes et enseignants) dont je suis responsable, et j’enseigne en ce moment une partie significative de mon service en deuxième année de licence.
Je sais que je ne vois qu’une partie émergée de l’iceberg, mais voici tout de même quelques exemple de ce dont j’ai été personnellement témoin :

  • des étudiantes et étudiants qu’on groupe par 40 ou 50, dans des salles parfois trop petites pour tous les asseoir puisque les formations comptent maintenant sur l’absentéisme pour fonctionner ;
  • des étudiantes et étudiants dont le plus souvent nous ne connaissons même pas les noms, situation qui nous rend le plus souvent incapables de les aider ou les aiguiller en cas de difficulté ;
  • des étudiantes et étudiants qui peine à croire que leurs études (et leur enseignantes et enseignants) valent grand chose, vu la réputation de l’Université et le délabrement des locaux et des conditions dans lesquels on les accueille ;
  • des étudiantes et étudiants sans logement, qui finissent par disparaître de nos formations malgré parfois un très bon niveau, tout simplement parce qu’ils doivent d’abord s’occuper de survivre ;
  • des étudiantes et étudiants étrangers, dont la reconnaissance est telle quand on accepte de leur écrire une lettre de soutien pour leur demande de titre de séjour qu’on comprend en creux à quel point la politique du chiffre (de reconduites à la frontière) des préfectures les précarise institutionnellement et émotionnellement ;
  • à chaque séance ou presque, des étudiantes et étudiants qui demandent à pouvoir partir plus tôt pour aller à leur travail (sachant que le travail total nécessaire à leurs études, exigeantes, correspond à un gros plein temps regroupé sur 26 à 30 semaines d’enseignement et de révision — comment réussir avec un travail en plus ?) ;
  • des stratégies multiples pour maintenir l’illusion d’un système qui fonctionne : remonter nos notes est courant, moins pour aider les étudiantes et étudiants que nous trompons ainsi sur leurs chances de succès l’année suivante que pour cacher notre échec à faire passer ce que nous espérions enseigner.

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Cette jeunesse qui brûle

Olivier Ertzscheid, blog Affordance.info

Voilà plus de 10 ans qu’en ce qui concerne l’université française, la précarité est devenu le seul projet politique identifiable.

Je viens de lire une vingtaine d’articles sur l’immolation par le feu. Pour essayer de comprendre l’incompréhensible. Encore une fois.

Cette fois c’est un étudiant. D’une université. Celle de Lyon 2. Je suis prof dans une université. Alors forcément. Toujours l’incompréhensible.

Anas a 22 ans. Il est étudiant en sciences politiques à Lyon. Il est militant à Sud Education. Il a tenté de se suicider en s’immolant par le feu un vendredi de Novembre 2019, en France, devant un bâtiment du CROUS. Il est actuellement entre la vie et la mort.

Il a laissé une lettre. Un message sur sa page Facebook. Pour expliquer l’incompréhensible. Sur Facebook. Parce qu’il n’y a pas de mise à mort de soi plus publique que celle de l’immolation par le feu. Et qu’il n’y a rien de plus intime et de plus privé que ce choix d’en finir avec la vie. Et que Facebook plus que toute autre plateforme est cette dé-monstration de l’intime.

Anas est étudiant. Ses amis le décrivent comme "en grande précarité". Dans sa lettre il explique que triplant sa deuxième année de fac il n’a plus droit à aucune bourse et que même quand il y avait droit il ne pouvait que survivre avec 450 euros par mois. Dans un plateau télé demain, un éditorialiste à écharpe, une jeune femme à raccourcis, ou un vieux haineux à rente de mépris, nous expliqueront qu’il n’avait qu’à mieux travailler. Parce que nous en sommes là. L’étape juste après l’ignominie. Juste après la honte.

Anas s’est aspergé d’essence devant un CROUS, et il a craqué une allumette. Dans sa lettre on lit :

"J’accuse Macron, Hollande, Sarkozy et l’UE de m’avoir tué, en créant des incertitudes sur l’avenir de tous-tes."

L’écriture est inclusive. Comme l’est l’irréparable qu’il a réfléchi de commettre. Inclusif. L’immolation par le feu est un geste politique de désespérance qui nous inclut tous et toutes.

Des étudiants en précarité j’en ai tous les matins dans mes amphis, dans mes TD. J’en vois certains. J’en devine d’autres. J’en oublie aussi certainement beaucoup.

Ils ont la précarité fatiguée parce qu’ils sont les esclaves modernes des mêmes employeurs qui ont leur nom sur les chaires d’enseignements auxquels ils n’assisteront jamais.

Ils ont la précarité médicamenteuse car quand ils sont malades le médecin c’est trop cher. Et les médicaments aussi. Quand il reste encore des médecins de ville. Car la médecine étudiante, celle sur les campus de France au 21ème siècle, elle est à l’agonie. Au niveau d’un pays du tiers monde. Et je n’exagère pas.

Ils ont la précarité menteuse aussi. Car bien sûr la précarité est honteuse pour celui qui la subit. Alors ils mentent. Disent qu’il vont bien. Qu’ils sont juste fatigués. Parfois ils craquent. Ont envie de cogner. Ils font des paniques. Des crises d’angoisse. D’angoisse oui. Ils cognent dans les murs. Ils fument. Ou boivent. Trop. S’effondrent en larmes. D’un coup. Devant nous parfois. Derrière nous souvent. Ceux-là nous les voyons encore. Ceux-là nous les tenons encore. Un peu. Et puis il y a tous les autres. Que nous ne verrons plus. Retournés dans leur pays parce qu’un gouvernement que certains osent qualifier de "progressiste" a décidé de multiplier par seize leurs frais d’inscription rien que parce qu’il avaient eu le tort de ne pas naître dans le bon pays, de ne pas avoir la bonne couleur de peau, de ne pas pouvoir s’endetter à vie pour suivre des études.
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Anas, 22 ans, s’immole par le feu et nous regardons ailleurs

David Dufresne, Blog Mediapart

C’est un gamin, mon fils, ou votre frère. Il s’appelle Anas, un étudiant de 22 ans, venu de Saint-Étienne à Lyon, pour apprendre et avancer. C’est un jeune homme, désespéré autant que déterminé, qui, vendredi, a tenté de se tuer sur la place publique. Depuis, la presse détourne les yeux. Des rassemblements sont prévus ce mardi.


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Message d’un étudiant immolé par le feu

Pascal Maillard, Blog Mediapart

Un étudiant de 22 ans s’est immolé par le feu ce 8 novembre devant le CROUS de Lyon. Brûlé à 90%, entre la vie et la mort, ce militant de Solidaires étudiant.e.s, a accompli un geste politique qui met le gouvernement face à ses responsabilités : comment une société peut-elle imposer précarité et misère pour autant de jeunes ? Manifestons ce mardi devant tous les CROUS de France !


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• Lyon ; 10h devant le CROUS 59 rue de la Madeleine
• Paris ; 18h devant le CROUS de Port Royal
• Lille ; 13h au 74 rue de Cambrai
• Bordeaux ; 12h30 sur le parvis de l’Univ Bordeaux Montaigne Bordeaux
• Angoulême ; 12 h, Place New York
• Avignon ; Devant le nouveau bâtiment du campus Hannah Arendt, à 13h.
• Besançon ; 18h devant le CROUS
• Caen ; CROUS Campus 1 RU À à 12h à confirmer
• Clermont-Ferrand ; Résidence CROUS 25 Rue Etienne Dolet à 18h
• Dijon ; 19h – place du Bareuzai
• Grenoble ; Bâtiment CROUS 351 Allée de Berlioz (St Martin d’Hères) à 10h
• La Rochelle ; Parvis du campus 13h
• Limoges ; 12h campus Vanteaux devant le CROUS
• Montpellier ; 2 Rue Monteil, 34093 Montpellier à 14h
• Metz ; 13h30 devant le CROUS de Lorraine au Saulcy
• Nancy ; Resto U Monbois, 138, Avenue de la libération, 12h
• Nantes ; Nantes en Lutte 12h devant LE PÔLE ÉTUDIANT DU CAMPUS TERTRE
• Niort ; Crous de niort 7 rue du Galuchet 17h
• Pau ; 12h30 CROUS, 7 rue Saint John Perse
• Poitiers ; RU Rabelais, campus de Poitiers, 12h30
• Rennes ; Siège du CROUS Rennes-Bretagne, Place Hoche 18h
• Rouen ; 12h CROUS de Rouen Normandie
• Saint-Étienne ; 10h devant le CROUS du campus Tréfilerie
• Saint-Denis (Univ. Paris8) ; devant le restau U à 16h30
• Strasbourg ; 12h devant le Patio (campus central) puis siège du Crous 1 Quai du Maire Dietrich
• Toulouse ; Resto U du Mirail, 12h30
• Tours ; 18h – 5 rue du docteur Bretonneau (résidence CROUS)