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Loi recherche : « Qui fait preuve de déni de démocratie ? » - Libération, Olivier Monod, 16 novembre 2020

lundi 16 novembre 2020, par Mariannick

Sylvie Bauer, présidente de la commission permanente du Conseil national des universités, dénonce les « contre-vérités et le procès d’intention » de la ministre de la Recherche, Frédérique Vidal, alors que la loi de programmation doit être validée cette semaine, après l’ajout d’amendements de dernière minute sans concertation.

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Le gouvernement continue de se mettre le monde universitaire à dos. Le projet de loi pour une programmation de la recherche n’avait déjà pas beaucoup de soutien, mais les amendements passés au Sénat ont empiré la situation.

Deux articles sont particulièrement visés. L’un prévoit la pénalisation des manifestations sur les campus universitaires. L’autre modifie les règles de recrutement des enseignants-chercheurs. Tous deux ont été passés sans débat, alors que la communauté devait s’adapter aux règles du second confinement. La provocation de trop. Le dialogue semble rompu entre Frédérique Vidal, elle-même universitaire, et le milieu scientifique qui ne s’adresse plus à sa ministre de tutelle. La semaine dernière, la commission permanente du Conseil national des universités (CP-CNU) a écrit une lettre ouverte directement adressée au président de la République dans Libération demandant la démission de la ministre Frédérique Vidal.

Les syndicats du secteur demandent à être accueillis par le Premier ministre afin que celui-ci revienne sur ces deux dispositions lors des dernières discussions parlementaires prévues mardi à l’Assemblée nationale et vendredi au Sénat. Une grève des enseignements baptisée « écrans noirs » est en cours depuis vendredi et une manifestation est prévue ce mardi.

La ministre essaie de reprendre la main dans une tribune parue dans le Monde le 12 novembre où elle s’en prend vertement à la CP-CNU qualifiée d’« excessive » et « théâtrale ». Sylvie Bauer, présidente de la CP-CNU répond à la ministre dans Libération.

« Comment réagissez-vous à la tribune de Frédérique Vidal qui juge votre lettre ouverte « maladroite » et vous appelle à vous « ressaisir » ? »

Cette tribune nous a choqués. Plusieurs éléments tiennent de la contre-vérité et du procès d’intention. Frédérique Vidal évoque des querelles internes au sein de la CP-CNU et parle d’une expression du bureau, mais c’est oublier que notre texte a été soumis au vote des 240 membres de la CP-CNU. Sur 69% de votants, nous avons obtenu 94% de bulletins favorables à l’envoi de cette lettre. Nous avons donc demandé un droit de réponse au journal le Monde qui a publié la tribune de la ministre.

Je conçois que notre lettre ouverte au président de la République ne lui ait pas fait plaisir mais cette situation est le fruit des difficultés que nous nous avons à rentrer en discussion avec le ministère. Depuis mon élection en janvier dernier, je n’ai vu la ministre qu’une seule fois et depuis le lancement des consultations sur ce projet de loi en février 2019, la CP-CNU n’a jamais été associée aux réflexions.

« Justement, la ministre vous invite à accepter « l’exercice démocratique » qu’a représenté l’élaboration de cette loi. Que répondez-vous ? »

Je me demande qui fait preuve de « déni de démocratie » pour reprendre ses termes. La ministre parle du vote positif du Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (Cneser) sur la loi, mais elle oublie de mentionner que celui-ci a eu lieu à 6h45 du matin après plus de vingt heures de débat, une nuit blanche et en l’absence de beaucoup d’organisations syndicales ayant boycotté la séance.

Cette loi a été passée en procédure accélérée au Parlement en pleine crise sanitaire. La communauté universitaire s’est largement exprimée contre, sans qu’aucune critique ne soit jamais prise en compte. Que penser du processus démocratique, quand des amendements sont passés en catimini, dans la nuit, sans débat, alors que les enseignants-chercheurs doivent organiser l’accueil des étudiants et la continuité pédagogique en période de pandémie ?

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et fin…
La ministre dit que sa porte est ouverte, mais je ne vois aucune volonté de nous rencontrer.