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Un colloque d’universitaires en défense des « SES » - Jessica Dubois, Mediapart, 16 février 2011

mercredi 16 février 2011

Ils se sont donné rendez-vous mardi après-midi, à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), pour « un colloque d’urgence ». En ligne de mire : les changements de programme des sciences économiques et sociales (SES), que les universitaires dénoncent de plus en plus fortement, en soutien de leurs collègues du lycée. Mais dans l’amphi, le débat pouvait dérouter : il n’était pas directement question de l’enseignement des SES, mais plutôt de l’actualité d’une vieille notion des sciences sociales, les classes sociales... Une problématique qui ne sera plus abordée explicitement dans le programme de première dès la rentrée 2011.

« Nous ne voulions pas que d’une tribune incantatoire mais d’un véritable exercice intellectuel », explique Julien Fretel, professeur de science politique à l’université de Picardie, à l’origine du colloque parisien. Ils n’étaient qu’une soixantaine de chercheurs et enseignants à occuper les fauteuils – la faute aux vacances, plaide l’universitaire.

Le nouveau programme de première, dévoilé en juin 2010, n’a pas touché au nombre d’heures de cours, mais les professeurs ont observé un « glissement sémantique » : « Le programme supprime la notion de classe sociale. Par contre, il y a un chapitre sur les “groupes sociaux”. Il y a des mots qui fâchent. “Inégalité” disparaît au profit de “discrimination” », indique Marjorie Galy, présidente de l’Association des professeurs de SES (APSES), qui représente près du tiers des enseignants de la matière. Une pétition demandant un moratoire sur ce programme a réuni 2.500 signatures depuis juin.

Des universitaires ont ensuite apporté leur soutien au mouvement. Economistes comme sociologues sont convaincus que les SES constituent l’un des rares espaces, au niveau du lycée, pour débattre des mutations du monde – à commencer par la crise économique et sociale en cours.

« La critique va bien au-delà, ajoute Marjorie Galy, on importe au lycée les cours d’économie de l’université. C’est beaucoup moins intéressant pour les lycéens. Et au niveau pédagogique, on doit leur apprendre des notions froides et désincarnées. Aujourd’hui les collègues se sentent méprisés et heurtés, alors qu’ils ont l’impression que leurs méthodes actuelles marchent. »

Après la première, au tour de la terminale ? Mardi, un groupe d’experts a remis à Luc Chatel le nouveau programme de terminale, qui devrait entrer en application à la rentrée 2012. Il devrait être rendu public sous peu pour ouvrir à des consultations.


Voir en ligne : http://www.mediapart.fr/journal/eco...