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Violence à l’école : Luc Chatel trahit un rapport encourageant - Bernard Girard, Rue 89, 4 avril 2011

lundi 4 avril 2011

Comment faire dire à un rapport le contraire de ses conclusions ? C’est l’exercice auquel se sont livrés la plupart des médias à propos de la récente enquête de l’Observatoire international de la violence à l’école pour le compte de l’Unicef. (Télécharger le rapport)

Pour beaucoup, c’est une habitude : à force de médiatisation et de généralisation abusive, l’école ne peut être perçue que comme un lieu de violence et d’insécurité, même quand la réalité est toute autre.

L’enquête est sérieuse et s’appuie sur une méthodologie solide :

- plus de 12 000 élèves de CE2, CM1 et CM2,

- scolarisés dans 157 établissements différents,

- interrogés sur leur sentiment de sécurité, de fin 2009 à fin 2010.

Si un enfant sur dix se considère comme harcelé – les commentateurs ne sont généralement pas allés plus loin –, on aurait tout aussi bien pu s’intéresser aux neuf enfants sur dix qui reconnaissent se sentir bien à l’école, ce qui conduit à un renversement dans la perception des choses.

L’opinion publique, affolée et manipulée par la thématique des violences scolaires, – à l’exception, peut-être des premiers concernés, parents et élèves –, sera sans doute surprise d’apprendre qu’à l’école primaire « l’impression de bien-être personnel ressenti dans leur école est clairement affirmé par la majorité des enfants (52% s’y sentent tout à fait bien, 37% plutôt bien) », comme l’affirme le rapport dans sa conclusion.

Un rapport qui donne des enseignants une image plutôt flatteuse en évoquant «  un véritable plébiscite en faveur des enseignants : près de 89% des élèves estiment ces relations très bonnes (55,2%) ou bonnes (33,5%) ».

Si un quart des élèves disent ne pas aimer aller en classe, « la qualité de l’enseignement est perçue comme bonne ou très bonne par 95% des élèves ».

« L’école élémentaire institue encore largement »

A mille lieux du concert des lamentations trop souvent entendu, l’enquête insiste sur la « grande solidité de l’école élémentaire, y compris dans les quartiers sensibles » et enfonce même le clou :

« Il est en tout cas périlleux de parler d’un effondrement de l’école élémentaire quand sont affirmés aussi fortement le bien-être de près de neuf élèves sur dix et la qualité de leurs relations aux enseignants.

Il nous semble difficile […] de penser à une inéluctable crise de la forme scolaire de socialisation […] ou à une disparition de l’école comme institution. L’école élémentaire institue encore largement. »

Un constat somme toute flatteur qu’on rapprochera du discrédit entretenu autour de l’école par ignorance ou par intention de nuire.

« Loin de la banalité des coups de maîtres »

Ce satisfecit est d’autant plus remarquable qu’il se rapporte à des pratiques éducatives très largement perçues comme respectueuses des enfants : même si quelques élèves se plaignent d’avoir été frappés par leurs enseignants, « nous sommes loin de la banalité des coups de maîtres “enivrés en leur colère”, comme les décrivait Montaigne ou d’une éducation collectivement basée sur l’école de la violence », décrite par les historiens de l’éducation pour le passé.

Avec cette constatation, qui renvoie à leurs aigreurs les partisans, nombreux dans ce pays, de la bonne-paire-de-gifles-qui-n’a-jamais-fait-de-mal-à-personne, l’école offre un enseignement encourageant : non seulement la violence – celle des élèves entre eux comme des adultes sur les enfants – ne peut pas être éducative, mais seul un respect mutuel entre enseignants et enseignés est susceptible de créer les conditions

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