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Bertrand Monthubert (secrétaire national du PS à l’enseignement supérieur et à la recherche) : « Contre la récession étudiante, il faut développer les emplois qualifiés », EducPros, 6 avril 2011

jeudi 7 avril 2011

Dévoilé par Martine Aubry le 5 avril 2011, dans la perspective de l’élection présidentielle, le projet du parti socialiste (PS) défend l’idée d’un "nouveau pacte éducatif entre les professeurs et la Nation" et affiche la volonté de "donner une nouvelle ambition à l’enseignement supérieur". Secrétaire national à l’enseignement supérieur et à la recherche, Bertrand Monthubert revient sur les grandes lignes du projet pour ces domaines. En attendant que des mesures concrètes soient précisées lors du "Forum des Idées sur l’enseignement supérieur et la recherche" qui se tiendra à Toulouse le 18 mai 2011.


Quelles sont aujourd’hui selon vous les priorités en matière d’enseignement supérieur ?

La priorité des priorités, c’est d’augmenter réellement et fortement la qualification dans notre pays. Alors que nous vivons actuellement une "récession étudiante", avec une baisse du taux de poursuite d’études des bacheliers, le projet du parti socialiste vise à redresser la France par le développement d’emplois qualifiés. Certes, les entreprises ont une influence en la matière, mais les politiques publiques ont aussi un rôle à jouer.
Il faut sortir de la mentalité élitiste, très ancrée en France, qui fait que l’on donne beaucoup de moyens aux meilleurs étudiants, et peu aux autres. Aujourd’hui, il est totalement hypocrite de dire que tout le monde a sa place à l’université sans se donner les moyens que les étudiants réussissent. Aussi voulons-nous renforcer l’encadrement pédagogique : il faut sortir des amphis surchargés pour aller vers un travail en petits groupes. Il s’agit aussi d’augmenter le nombre d’heures de cours hebdomadaires.


Les emplois du temps actuels permettent cependant à de nombreux jeunes d’avoir un emploi pour financer leurs études. D’autre part, comment financerez-vous ces heures plus nombreuses ?

Nous proposons de mettre en place une allocation autonomie, sous conditions de ressources. L’objectif n’est pas l’absence totale de travail étudiant, mais d’éviter que celui-ci ne pénalise les études, et de permettre aux jeunes de passer le cap de la vie adulte, par exemple en allant également vers une imposition des jeunes à 18 ans, indépendamment de leurs parents.

"Nous lancerons un plan pluriannuel de création d’emplois scientifiques, de 1000 à 2000 postes par an"

Parallèlement, nous lancerons un plan pluriannuel de création d’emplois scientifiques, financé en réorientant certaines dépenses, en particulier le crédit impôt recherche. Ce plan vise à créer 1 000 à 2 000 postes d’enseignants-chercheurs par an, sans oublier les personnels administratifs. Cela permettra de mieux encadrer les étudiants et de redonner une réelle attractivité aux métiers de la recherche.


Et comment rendre l’université elle-même plus attractive ?

Outre l’amélioration de l’encadrement, nous voulons investir dans les locaux d’enseignement et de recherche. Réorienter les financements du plan Campus devrait permettre de dégager des marges de manœuvre : au lieu des partenariats publics-privés, très lents à se mettre en place et très coûteux pour l’Etat, nous voulons privilégier la maîtrise d’œuvre directe, et rééquilibrer les investissements sur l’ensemble du territoire.


Le projet du PS prévoit aussi de "mieux former" les étudiants. De quelle manière ?

En ce qui concerne les filières généralistes, l’idée est que la spécialisation soit plus progressive, en particulier en sciences humaines et sociales. Il ne s’agit pas de dispenser les mêmes cours aux étudiants de toutes les filières, mais d’associer plusieurs disciplines en première année de licence (comme cela se fait souvent en sciences dures), afin que les étudiants découvrent autrement chacune d’elles, et acquièrent une base de connaissances plus large.

"Il faut améliorer l’orientation
afin d’éviter les stratégies
de contournement"

Par ailleurs, nous souhaitons développer les formations technologiques et professionnelles, par exemple en augmentant le nombre de BTS et de DUT. Mais il s’agit aussi d’améliorer l’orientation afin d’éviter les stratégies de contournement et pour que chaque étudiant puisse choisir sa filière en fonction de son véritable projet. Cela permettrait notamment de libérer des places dans les filières courtes.


Propos recueillis par Sophie Blitman

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