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Nanterre ou la fuite en avant gestionnaire… Idexcetera ? - Communiqué de la section Snesup de l’université Paris X, 5 juillet 2011

vendredi 8 juillet 2011

L’éclatement de la recherche universitaire, en cours depuis plusieurs années, aura atteint sa phase avancée en 2011 : la logique de particularisation et d’inégalisation à outrance inhérente aux PES, ANR, fondations, Crédit Impôt Recherche, nous entraine un peu plus encore vers le fond avec les financements IdEx, LabEx, et EquipEx. Au moment où les ressources des établissements s’affaiblissent au point de menacer les salaires des collègues dans des universités déjà aux RCE, les –Ex (1) achèvent d’instituer une concurrence exacerbée entre universités, entre laboratoires, entre collègues, pour accéder à la manne de cette loterie opaque. En effet, (2) comment ne pas relever cette vocation qu’ont les –Ex à s’élaborer, hors des cadres de collégialité existants, hors des assemblées élues et (3) - au sempiternel motif de l’Urgence - à se substituer de fait au travail largement concerté de programmation quadriennale. Car il s’agit bien de projets restructurant pour les établissements tout entier, pour leurs missions, leurs formations, leur fonctionnement. Les –Ex, comme les PRES, marginalisent ou excluent les personnels des discussions qui engagent les universités en profondeur sur le long terme. (4) Dans la plupart des cas, leur élaboration n’a eu d’intérêt bien réel jusqu’ici que pour les agences privées de consultants et autres conseils en entreprises privées qui ont facturé leur expertise à hauteur de centaines de milliers d’euros pour ânonner la langue de bois managériale-ministérielle jusqu’à la nausée. D’où la précipitation, la perte de temps et d’énergie de collègues convertis en chasseur de subventions face à la multiplication des ‘tuyaux’ de financement ; d’où le conformisme et le gaspillage de ressources pourtant si rares.

Une première campagne s’est récemment terminée. Une deuxième s’ouvre et durera jusqu’à fin septembre. Recalés et retardataires sont sommés de s’engager pendant l’été et en septembre dans des processus-projets aux implications majeures et graves. Mais qu’en est-il au juste à Nanterre ? Sans même préjuger des convictions de chacun, n’étions-nous pas en droit (1) d’attendre une information / concertation large et collégiale sur toutes ces questions décidément confuses d’élaboration, mise en œuvre, impacts. Et (2) avons-nous tenté de tirer un bilan et quelques enseignements de la première vague ? N’y a-t-il donc rien à apprendre de cette expérience ? (3) Doit-on se satisfaire de projets improbables, présentés à la hussarde en CA, et docilement alignés sur l’injonction ministérielle de s’embarquer dans une guerre à nous même, comme si la destruction de l’emploi public, la précarisation massive, la mise en danger de formations et d’établissements entiers, le saccage de la formation des maîtres, etc.. ne suffisaient pas.

Quelle ‘Excellence’, en l’occurrence, pour les lettres et les SHS quand chacun s’accorde à reconnaître que nos disciplines sont bien la dernière des priorités du Ministère ? Quel avenir pour les lettres et SHS lorsque, avec notre propre concours, nous aurons contribué à notre relégation disciplinaire durable derrière la devanture promotionnelle de quelques marques de prestige (et à supposer qu’elles soient viables) ? Et souhaitons-nous sérieusement confirmer l’illusion selon laquelle le supérieur serait bien loti quand tous les secteurs de l’économie et de la société françaises sont mis gravement à mal, des écoles maternelles jusqu’aux services de météo-France. Serions-nous donc bien ces privilégiés universitaires de la Relance ? Mais qui, dans nos murs, est prêt à croire et à faire croire à une idylle aussi grotesque ?

La section SNESUP/Nanterre et ses élus dans les conseils centraux appellent à ne pas entrer dans cette logique de concurrence faussée et demandent l’ouverture d’un vrai débat pluraliste associant les trois conseils centraux, les UFR et les centres de recherche afin de remettre à plat une politique de recherche actuellement à la dérive.

L’alignement servile sur les positions du ministère n’est pas la seule voie possible pour notre université. D’autres choix sont possibles, qui partent des forces réelles de notre université, respectent la collégialité et la démocratie universitaire, et permettent aux enseignants-chercheurs de promouvoir, avec les étudiants et les personnels BIATOSS, les valeurs d’égalité, de gratuité et de démocratie qui doivent rester au cœur du service public d’enseignement supérieur. Avec ses partenaires enseignants, étudiants et BIATOSS, la section SNESUP et ses élus prendra dans les mois à venir toutes les initiatives susceptibles de faire vivre ces valeurs à Nanterre.